Gérard

Lenoir

“Nos pratiques mettent à mal l'idée reçue de l'opacité des Opca".

Le président d'Agefos-PME, Gérard Lenoir[[Membre du collège salarié pour la CFDT, Gérard Lenoir est devenu président d'Agefos-PME en novembre 2007.
Voir Inffo Flash n° 714, p. 2. ]], affiche sa confiance : l'accord va formaliser des pratiques de transparence déjà acquises. Agefos se fait fort d'assurer une mise en place rapide des dispositions nouvelles – soulignant au passage une contradiction possible entre le souci de développer le conseil aux entreprises et celui de veiller au plafonnement des frais de gestion.

Par - Le 20 janvier 2009.

Inffo Flash - Globalement, que pensez-vous de ce texte ? Quelles sont les évolutions majeures pour vous en tant qu'Opca ?

Gérard Lenoir - Ce texte a le principal mérite de répondre à une critique forte faite au système de formation professionnelle : l'insuffisante prise en charge des publics en difficulté, les plus éloignés de l'emploi en particulier les chômeurs. En ce sens, la création du Fond de sécurisation, qui a été longue à obtenir, en est un exemple, de même que la préparation opérationnelle à l'emploi (POE).

Les Opca, par leur implication dans ces domaines, font “bouger les lignes". En tant que président d'Agefos-PME, je souhaite souligner que depuis 2006, nous sommes investis dans la mise en place et le développement des contrats de transition professionnelle (CTP) et nous venons d'ailleurs de signer, pour participer à son extension, un accord-cadre avec Laurent Wauquiez. Nous avons fait la preuve par l'exemple qu'une politique volontariste d'un Opca peut faire avancer les dossiers des salariés les plus éloignés de l'emploi.

Autre innovation de ce texte : la volonté affichée d'évaluer les politiques de formation et la transparence. Là encore, Agefos-PME a anticipé, mettant en place une cellule de contrôle et d'audit dont c'est le rôle.

IF - Précisément, que vont changer pour vous les règles relatives à la transparence ?

G. L. - Pour Agefos-PME, comme beaucoup d'Opca, la transparence a toujours été de mise. Pour preuve, les rapports annuels des commissaires aux comptes, les nombreux contrôles des services de l'État et la publication de notre rapport d'activité avec tous nos chiffres. _ Enfin, nos données sont toutes communiquées au Fup.
Par ailleurs, tous nos adhérents sont informés de nos règles de prise en charge décidées par nos instances paritaires au plus haut niveau et nous en contrôlons l'application. Là encore, l'accord formalise des pratiques qui, pour Agefos-PME, sont déjà anciennes et bien ancrées, et qui mettent à mal l'idée reçue de l'opacité de la politique des Opca. Pour preuve, la confiance renouvelée de nos 297 000 entreprises.

IF - Quels changements la rénovation du Fup va-t-elle apporter aux Opca ?

G. L. - Pour Agefos-PME, le Fup a toujours été un partenaire exemplaire pour l'échange d'informations et le soutien grâce à la péréquation. Que le Fup rénové anime le réseau des Opca, comme il le fait pour le réseau des Fongecif, est positif. Je l'avais suggéré par le passé, sans être toujours entendu.

IF - Qu'en est-il des préconisations relatives aux critères d'agrément des Opca ?

G. L. - Agefos-PME, en tant que premier Opca interprofessionnel et inter branches, souhaite pouvoir continuer son activité en rationalisant les coûts, en favorisant encore davantage les mutualisations, sans perdre de vue les spécificités régionales ou professionnelles. C'est possible, et ça marche.

Agefos-PME est prêt à aller plus loin dans ce sens. Son attractivité pour les entreprises et les 38 branches qui lui font confiance en sont une preuve.

IF - Que pensez-vous des dispositions sur le plan de formation, le Dif et les demandeurs d'emploi ?

G. L. - Pour le plan de formation, la simplification était nécessaire pour la compréhension des adhérents. Le vrai problème c'est que, dans la période de crise qui nous frappe, la formation peut jouer un rôle d'“amortisseur" et, en même temps, d'adaptation et de rattrapage du retard en formation, en particulier dans les TPE-PME. La réduction de fait des contributions risque de limiter ce rôle.

Quant au Dif, Agefos-PME dispose dès à présent d'outils : “Reshum Dif"[Voir par exemple [www.agefos-pme-iledefrance.org/enjeux/images/lu/plaqrhesum.pdf[/footnote] pour la gestion simple et dématérialisée du Dif pour les entreprises et les salariés. Certains l'ont déjà adopté. Il est possible de développer notre offre qui permet également de répondre à toutes les obligations de portabilité du Dif.

IF - Quand et comment votre Opca va-t-il intégrer ces nouvelles règles et nouvelles missions ?

G. L. - Pour ce qui est du conseil aux entreprises, il y a longtemps qu'Agefos-PME l'a mise en œuvre, avec près de 80 000 visites annuelles. Le rapport de l'Igas l'a mis en évidence. Nous sommes prêts à poursuivre dans ce sens, à condition de mieux définir les règles de financement du conseil. Le plafond de frais de gestion en vigueur actuellement limite notre champ d'intervention.

Quant à la mise en œuvre d'une éventuelle loi, dont je souhaite qu'elle reprenne les principes posés par les partenaires sociaux, je n'ai pas d'inquiétude. La manière dont les personnels d'Agefos-PME ont su être réactifs, le travail de nos administrateurs “militants", comme les qualifie Philippe Dole (Igas) et celui de nos commissions formation ont permis, dès 2004, de mettre en œuvre l'Ani de 2003 dans les plus brefs délais. Les résultats sont là : le nombre de contrats de professionnalisation en sont la preuve concrète (un quart du total des contrats financés en France en 2007).

Propos recueillis par Sandrine Guédon