Jean-Paul

Denanot

“L'échelon régional reste le plus pertinent".

Le président de la Région Limousin et président de la Commission formation de l'ARF rappelle sa revendication d'une véritable “gouvernance régionale" de la formation. Aujourd'hui, les Régions se sentent écartées du débat, traitées en simples “partenaires" – alors que le travail en direction des demandeurs d'emploi va leur revenir.

Par - Le 20 janvier 2009.

Inffo Flash - Que pensez-vous de la création du FPSPP ?

Jean-Paul Denanot - Cette création est une initiative intéressante, au sens où elle mutualise des fonds provenant des branches. En ce sens, elle ne peut que nous satisfaire. Par contre, la hauteur prévue de ce financement m'apparaît très faible, même poussée au final à 900 millions d'euros maximum[ 1 ]Soit 13 % maximum des prélèvements professionnalisation, plan de formation, congé individuel de formation (CDI et CDD) fixé chaque année par le CPNFP. , si on compare cet investissement national à celui de ma Région, le Limousin, qui est de 40 millions d'euros pour ces mêmes publics. C'est en milliards que devrait se chiffrer ce fonds, surtout dans la conjoncture actuelle.

Je constate aussi qu'on ponctionne le congé individuel de formation, dont nous sommes des cofinanceurs. Il est à craindre que la part financière de ces formations qualifiantes longues et à l'initiative des personnes revenant aux Régions ne cesse d'augmenter.
Par ailleurs, l'accord ne dit rien de la gestion effective de ces financements qui doivent être abondés par l'État, les Régions et Pôle emploi.

IF - Quels seraient vos souhaits en la matière ?

J.-P. D. - Nous l'avons toujours dit : nous souhaitons nous réunir autour de la table à un niveau régional pour organiser ces parcours professionnels. Si chacun doit rester propriétaire de ces fonds, il faut bien une gouvernance régionale, qui pourrait être le travail des CCREFP où siègent déjà les partenaires sociaux en région.

Pour aller ensuite “dans le dur", il faudrait un dispositif restreint qui réunirait les Régions, l'État, les partenaires sociaux, afin d'offrir un support de contractualisation sur des dossiers particuliers comme la formation des plus éloignés de l'emploi.

IF - Justement, l'accord du 7 janvier prévoit un foisonnement de l'action conventionnelle. Qu'en pensez-vous ?

J.-P. D. - Encore une fois, je vois mal comment cela peut fonctionner sans une coordination régionale du type de celle préconisée par la commission Ferracci, et dans bien d'autres rapports, c'est-à-dire une structure ad hoc. Or, je constate que les Régions, qui disposent d'une compétence de droit commun en matière de formation, apparaissent dans l'accord comme simples partenaires... Vous verrez, les Régions vont finalement être sollicitées pour ce travail.

IF - Laurent Wauquiez mettait récemment en garde contre un certain “localisme, un cloisonnement entre Régions qui irait à l'encontre des principes républicains"…

J.-P. D. - En dehors du jacobinisme qui marque ces propos, il y a une réalité indéniable et que le secrétaire d'État semble vouloir ignorer. Près de 80 % de la mobilité professionnelle est intra-régionale. On ne peut nier ces statistiques. De ce point de vue, force est de constater que l'échelon régional est le plus pertinent. L'État ne peut pas tout faire.

IF - Estimez-vous suffisante la concertation avec les Régions autour de la réforme actuellement en cours ?

J.-P. D. - Loin de là. Disons que nous avons été auditionnés par le COE. S'agissant du groupe multipartite de réflexion sur la réforme de la formation professionnelle conduit par Pierre Ferracci, les Régions étaient bien mieux intégrées aux débats. Pour ce qui concerne les groupes de travail autour de la réforme, offre, AIO et VAE, le sentiment général des Régions est que si deux de leurs représentants s'y trouvent associés par thème, tout semble bouclé d'avance.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann

Notes   [ + ]

1. Soit 13 % maximum des prélèvements professionnalisation, plan de formation, congé individuel de formation (CDI et CDD) fixé chaque année par le CPNFP.