Philippe

Chesneau

Mis en œuvre par la Région Paca dans le cadre de son plan régional pour l'emploi (PRE), le dispositif “Activités nouvelles - nouvelles compétences" permet de mettre en relation des petites entreprises souhaitant développer des projets dits “dormants" et des demandeurs d'emploi appelés à piloter ces mêmes projets.

Par - Le 24 mars 2009.

Inffo Flash - Sur quels critères les demandeurs d'emploi appelés à piloter un projet au sein d'une petite entreprise sont-ils sélectionnés ?

Philippe Chesneau - Le travail de sélection des demandeurs d'emploi relève d'une vingtaine de structures financées par le Conseil régional. Ces structures, ou “opérateurs locaux" (CCI, Chambres de métiers, Medef, associations, comme Entreprendre au féminin, Force cadres, etc.) repèrent dans leur carnet d'adresses les TPE et PME qui ont des projets “dormants". Elles mettent ensuite en relation les entreprises et les “encadrants", c'est-à-dire les demandeurs d'emploi appelés à piloter un projet.

Pour trouver les candidats potentiels, les opérateurs locaux peuvent s'adresser à l'ANPE ou à l'Apec (Association pour l'emploi des cadres). Tous les projets sont présentés au comité d'engagement du Conseil régional, qui rend une décision sur leur pertinence. Si un projet est jugé insuffisamment avancé, il doit être renforcé ; d'autres peuvent être rejetés. Le comité opère donc dans le même temps une sélection de l'entreprise porteuse d'un projet “dormant" et du demandeur d'emploi qui a des compétences susceptibles de répondre à ce besoin.
Cela dit, nous avons plus de difficultés à trouver des “encadrants" que des projets “dormants".

IF - Pouvez-vous donner un exemple concret de projet réalisé au sein d'une petite entreprise ?

Ph. Ch. - Parmi les 600 projets examinés, 500 ont été conventionnés à ce jour en Paca. Le dispositif “Activités nouvelles - nouvelles compétences" a été lancé en 2003 et, au départ, nous examinions trois projets par mois. Aujourd'hui, nous en sommes à vingt projets étudiés par mois.

Pour montrer la variété du dispositif, je citerai deux projets : le premier a concerné une coopérative viticole où le pilote de projet, œnologue, a réalisé la conversion de la cave en “bio" ; le second a permis le développement à l'export d'un nouveau procédé de détection de radioactivité. En fait, les projets qui peuvent être réalisés sont très divers : mise au point d'un nouveau bien ou service, lancement d'un nouveau produit, création d'un service commercial ou export, mise au point de méthodes de gestion, structuration de l'informatique, etc.

L'objectif du dispositif n'est pas de promouvoir une politique de l'emploi, mais bien de soutenir le développement économique des entreprises. Puisque nous impulsons du développement économique, l'encadrant, sous statut de stagiaire de la formation professionnelle pendant les six mois que dure sa mission, aura de fortes chances d'être embauché à l'issue de cette dernière. Autrement dit, la logique du dispositif n'est pas la lutte contre le chômage, mais consiste à favoriser le développement des TPE-PME. Le dispositif est cofinancé par la Région et l'employeur, à raison de 5 000 euros chacun par projet.

IF - Le cursus de formation est-il similaire pour tous les pilotes de projet ?

Ph. Ch. - Tous les pilotes de projet suivent une formation assurée par le Cnam Paca et validée par un certificat professionnel d'entrepreneur. Cette formation tient compte de l'expérience professionnelle de l'encadrant et du projet économique dont il assure le pilotage. La partie “tronc commun" alterne formation à distance et formation dans une antenne du Cnam. D'une durée de 308 heures, elle permet le développement du projet en situation.

En effet, le stagiaire travaille à la réalisation du projet dans l'entreprise et il bénéficie de temps de formation ponctuel. Au terme de la formation, il est capable d'assurer une fonction structurante comme dirigeant ou personnel d'encadrement. Un “expert-projet" du Cnam suit le pilote pendant toute sa formation.

En fonction des besoins du projet et des acquis du pilote de projet, des modules de formation spécifiques et complémentaires peuvent être effectués par le pilote de projet et financées par la Région en complément du cursus commun, soit 1 500 euros supplémentaires.

IF - L'embauche des pilotes de projet constitue-t-elle une obligation pour les entreprises ?

Ph. Ch. - Les entreprises restent libres de leur décision à l'issue des six mois. Nous constatons que dans 75 % des cas, il y a embauche par l'entreprise à l'issue de la mission.
Plusieurs facteurs peuvent compromettre une embauche, comme, par exemple, le fait que le projet s'avère finalement non pertinent compte tenu de l'évolution du marché, des difficultés rencontrées par l'entreprise, ou une mésentente entre l'encadrant et le chef d'entreprise.

IF - Dans quel volet du PRE s'inscrit le dispositif “Activités nouvelles - nouvelles compétences" ?

Ph. Ch. - Le PRE, mis en place en 2004 jusqu'en 2009, est entré dans une seconde phase. Il avait pour objectif de créer 10 000 emplois en cinq ans et, finalement, en quatre ans, cet objectif a été dépassé, avec plus de 18 000 emplois créés. Le PRE s'organise désormais autour de deux volets : la sécurisation des parcours professionnels et le soutien à la création d'activités et aux activités, second volet dans lequel s'inscrit “Activités nouvelles - nouvelles compétences".

Auparavant, il s'inscrivait dans l'axe “Développement des emplois et des activités de qualité" qui concerne l'aide aux TPE et PME. Son originalité est d'intervenir après la phase de création, dans le développement de l'entreprise, soit pour consolider sa structure interne – production, commercialisation, logistique –, soit pour ouvrir un nouveau secteur ou développer un nouveau produit ou service.

Propos recueillis par Philippe Grandin