Sébastien

Mariojouls

Par - Le 01 juin 2012.

Carrosserie Mariojouls : la direction a laissé aux salariés le soin de définir leur poste de travail

“Les salariés vivent dans l'entreprise, il faut qu'ils y vivent bien, les bénéfices ne sont pas une fin en soi " : c'est par cette simple phrase que Sébastien Mariojouls, chef d'entreprise, membre du CJD, décrit sa conception des ressources humaines. Un management basé sur l'implication du personnel dans les projets de l'entreprise. Itinéraire.

La carrosserie Mariojouls est une affaire de famille. Après son grand-père et son père, Sébastien Mariojouls est le troisième à diriger l'entreprise créée en 1957. Il l'a reprise en 2000. À l'époque, elle comptait 4 salariés, contre 22 aujourd'hui. Son activité repose sur la carrosserie et la mécanique. “La reprise est un moment délicat pour les salariés, surtout lorsqu'elle est réalisée par un fils… Il y a forcément des craintes, des doutes, mais j'ai adopté une approche particulière : celle de dire que je leur faisais entièrement confiance, résume Sébastien Mariojouls. J'ai expliqué que mon métier, c'est la gestion, l'organisation… et que je ne connaissais par leurs métiers, que j'estimais qu'ils les maîtrisaient !" C'est ainsi qu'il a pu gagner la confiance de salariés comptant vingt ans d'ancienneté. “Une réussite, la passation s'est faite en douceur."

Une fois sur les rails, Sébastien Mariojouls s'est attaché à faire prospérer son entreprise, établie en centre ville. Il a dû faire face à des problématiques liées à la configuration des bâtiments et surtout à la mise aux normes des ateliers, l'activité étant polluante. “J'ai décidé de faire participer les salariés en leur demandant quel était pour eux l'idéal en matière d'organisation interne et de poste de travail." Il a ainsi adopté la posture suivante : “Je ne connais pas ton métier, à toi de dire ce qu'il faut faire pour améliorer tes conditions de travail." “Nous avons même organisé des visites de sites à travers la France, tous les salariés dans un minibus, pour voir ce qui se faisait le mieux"…

Une fois l'entreprise dans ses nouveaux murs, Sébastien Mariojouls a choisi de provoquer des élections du personnel, bien qu'il n'en ait pas l'obligation. “Je voulais qu'ils m'aident à réfléchir sur les ressources humaines au sein de notre entreprise", précise-t-il. La décision est prise de formaliser les différents métiers et de réaliser des fiches de poste, avec l'aide des élus du personnel. “Rien n'étant défini dans le contrat de travail sur les postes, nous avons déterminé ce que chaque salarié doit faire dans des fiches de fonction, explique le chef d'entreprise. Nous avons réfléchi à la formalisation nos process de fonctionnement, ce qui n'avait jamais été fait, l'idée étant de décrire chaque métier poste par poste, de la prise en charge du véhicule jusqu'à sa restitution. Ce système permet une véritable interaction entre les services, à chaque étape de la prise en charge du véhicule, le salarié se reconnaissant dans le process", ajoute-t-il. Cette démarche a eu pour conséquence une véritable spécialisation des savoir-faire et une grande implication du personnel.

Autre volet important de la politique RH de la carrosserie Mariojouls : la formation, en raison des évolutions technologiques sur les véhicules, mais aussi de part le choix d'utiliser des produits non polluants. Depuis dix ans en effet, la carrosserie est estampillée “éco-entreprise", car elle utilise des produits à base d'eau pour peindre les véhicules. “Cela nous demande un effort de formation particulier car ce changement a remis en cause l'ensemble du process", souligne Sébastien Mariojouls. Il fallu faire “table rase" et former tout le personnel à l'utilisation de ces nouveaux produits, qui demandent beaucoup de technique. La peinture nécessite des formations tous les mois, ponctuelles et sur des thèmes très précis, les actions suivant par exemple l'utilisation de nouveaux pigments. Parce que ces formations se répètent, et que tous ne peuvent partir en même temps, Sébastien Mariojouls a fait le choix d'impliquer les salariés partis en formation dans la restitution de leurs savoirs. “Ils font un debriefing à leurs collègues avec les outils pédagogiques qu'ils ont pu rapporter."

Le chef d'entreprise compte beaucoup sur la cohésion du groupe. Pour l'avenir, il évoque des projets, toujours en soulignant la nécessité de dialoguer. “Je tiens à avoir un discours honnête et social, et surtout à faire en sorte d'avoir une entreprise au service des hommes."