Questions à Thierry Bernard, président du directoire de Panorane

Par - Le 16 novembre 2012.

“Vive la régulation!"

À votre avis, pourquoi a-t-il fallu quarante ans pour créer un vrai statut d'intermédiaire en opération de banque ?

La profession d'intermédiaire en opération de banque a émergé moins vite en France que dans les pays anglo-saxons .Si la pratique en France de l'intermédiation dans le crédit à la consommation a plusieurs décennies d'ancienneté, l'intermédiation du type “courtage" (plusieurs établissements bancaires comparés) de crédits plus complexes, comme le crédit immobilier, n'a pris réellement son essor qu'au début des années 2000. Comparativement à l'intermédiation de l'assurance, l'intermédiation des produits bancaires est donc très jeune et moins développée, en proportion.

Or, l'intermédiation de l'assurance en France n'a connu sa véritable régulation qu'à partir de 2006, surtout sous la pression des autorités européennes conscientes de la nécessité de protéger encore plus le consommateur devant la proportion grandissante de ce mode de commercialisation. La croissance continue de l'intermédiation des opérations de banques, qui représente aujourd'hui jusqu'à 25 % de la production de crédit immobilier, par exemple, et la pléthore d'intermédiaires qui se sont installés ces dix dernières années sans garantie de professionnalisme, ainsi que quelques affaires médiatiques qui ont émaillé ce développement, justifiait déjà depuis quelques années le recours à cette régulation.

Quels sont les grands changements qu'apporte cette décision aux salariés, en terme de compétences ?

Pour les salariés, il est notable que la formation exigée (quand ils n'ont ni le diplôme spécialisé requis ni l'ancienneté dans la pratique de ces activités) est d'abord habilitante ad vitam. Sur le fond, les salariés, le plus souvent spécialisés, vont élargir leurs champs de compétences en découvrant les autres activités telles que le regroupement de crédits ou les services de paiement. Mais surtout, ils vont prendre conscience de l'importance du conseil qu'ils fournissent à leurs clients tout en étant plus vigilants sur les risques qu'ils leur font encourir et, ainsi, mieux comprendre pourquoi les établissements bancaires sont aussi vigilants .Ils seront plus responsables, ce qui grandit leur mission.

Donc pour vous, cette nouvelle réglementation n'est en rien une menace ?

C'est clairement une opportunité. Le conseil des intermédiaires à leurs clients sera nécessairement de meilleure qualité et les garanties amenées aux consommateurs sont de nature à rassurer les clients et… les établissements bancaires − certains sont encore réticents à l'intermédiation− aussi !
Il est à noter que, chez nos grands voisins européens, plus la régulation est forte, plus l'intermédiation s'est développée, avec des parts de marché atteignant deux voire trois fois les parts de marchés françaises. En résumé, vive la régulation!

Propos recueillis par K. B.