Alain

Rousset

En marge des troisièmes “Assises régionales de la coopération décentralisée et du développement solidaire" qui se sont tenues à Bordeaux les 11 et 12 octobre, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, répond à nos questions.

Par - Le 15 octobre 2007.

Inffo Flash  :  Lors des deuxièmes Assises, les acteurs régionaux et nationaux étaient d'accord pour une meilleure coordination de l'accompagnement des collectivités étrangères. Où en est-on aujourd'hui ?

Alain Rousset  : Il est vrai que l'ensemble des acteurs régionaux et nationaux de la coopération ont pris conscience de la nécessité de se coordonner à partir d'une approche territoriale, c'est-à-dire que des acteurs intervenant sur un même territoire se coordonnent entre eux pour une action structurante.

Pour cela, la Région Aquitaine a œuvré pour faciliter la mise en réseau des acteurs aquitains de la coopération. Ces Assises seront l'occasion de faire paraître le premier annuaire des acteurs aquitains de la coopération, ainsi que de présenter un site internet rénové et collaboratif, afin que chacun puisse se l'approprier.

Inffo Flash  : Quelle place occupe la formation professionnelle ou le développement des compétences locales dans vos actions de coopération ?

Alain Rousset  : À l'évidence, il y a une volonté politique forte de faire de l'appui à la décentralisation et au développement des compétences locales le cœur de cible des aides de la Région Aquitaine. Et la formation professionnelle fait, bien entendu, partie de cette approche.

Trois pays concentrent notre attention. Tout d'abord, donc, Madagascar et sa Région d'Itasy. Par un partenariat structurant qui vise à renforcer l'institution régionale dans ses capacités humaines, et par un partenariat d'accompagnement qui propose de soutenir la dynamique de développement régional, ce programme de coopération décentralisée entend favoriser la compréhension et l'appropriation par la population des politiques publiques locales. Par exemple, la formation d'internes des hôpitaux, le renforcement des moyens humains de l'institution régionale, l'appui à la création d'un centre d'apprentissage agricole, ou encore la participation à l'élaboration du schéma régional du tourisme de la Région Itasy.

Quant au Maroc et sa Région de Souss Massa Draa, la Région Aquitaine est présente à travers un appui institutionnel pour permettre à cette Région de renforcer sa capacité de maîtrise d'ouvrage pour la définition et la mise en œuvre de sa propre politique régionale en faveur du développement économique et social. Cet appui se concrétise par la promotion de l'écotourisme dans le Parc national du Souss Massa, en partenariat avec le Parc naturel des Landes de Gascogne. Il peut aussi s'agir de l'amélioration de la gestion globale de l'eau et la consolidation de la filière fruits et légumes, en partenariat avec le lycée agricole de Sainte-Livrade (47) et le GIE Fruits et légumes d'Aquitaine. Enfin, la volonté de valoriser des produits du terroir a permis d'aboutir à un projet pilote d'appui à la structuration de la filière huile d'argane en partenariat avec la Direction de l'aménagement et développement du territoire, la Direction de l'agriculture, et la Fédération régionale des coopératives agricoles d'Aquitaine. L'objectif est l'obtention d'un label “Identification géographique".

Enfin, le troisième pays est Haïti, et plus précisément la zone littorale nord d'Haïti. Le projet de la Région Aquitaine est un projet territorial intégré de reboisement, développement économique et aménagement pour la lutte contre les inondations dans cette zone. La logique environnementale du projet associe la protection du milieu et des hommes qui y vivent au renforcement de la dynamique économique agricole locale. En ce sens, il s'agit d'un projet opérationnel de développement durable, conformément à la Charte de la coopération décentralisée pour le développement durable, adoptée par la Région Aquitaine le 18 décembre 2006. Ce projet, situé dans le département nord d'Haïti, s'appuie sur une coopération intercommunale avec les communes de Cap Haïtien, Fort Liberté, Port de Paix, Balimbé, Borgne et Saint Louis du Nord. Plusieurs organismes aquitains, soutenus par le Conseil régional d'Aquitaine, la coopération française et l'Union européenne, y sont présents depuis 2000. Ils ont contribué à la dynamisation des Chambres d'agriculture, à la mise en place d'une filière de commercialisation de fruits frais et au développement d'une filière de café et de sucre “équitables".

Inffo Flash  : La coopération Aquitaine-Québec concerne-t-elle aussi la formation professionnelle ?

Alain Rousset  : La Région Aquitaine prévoit de lancer une “Année Québec" (décembre 2007-juillet 2008, date de la célé-bration) pour mieux faire connaître le Québec actuel notamment au public jeune et étudiant en Aquitaine et susciter de nouvelles dynamiques de coopération. Sous ma mandature, l'Aquitaine est devenue l'une des régions françaises les plus dynamiques dans le partenariat avec la province de Québec. Le 3e plan d'actions Aquitaine-Québec amplifie la coopération dans le domaine du développement économique et scientifique, notamment le renforcement des pôles de compétitivité (la mobilité des étudiants et chercheurs et le développement du capital risque), dans le domaine culturel (coproduction, coédition et participations croisées dans les secteurs du cinéma, de l'édition et du livre), et dans le domaine de l'insertion des jeunes. C'est dans ce cadre qu'un programme triennal de coopération des systèmes éducatifs comprend des échanges pointus sur la lutte contre le décrochage scolaire et des échanges entre lycées professionnels, notamment ceux de la filière mécanique.

Propos recueillis par Knock Billy