Antoine
Giorgi
Les spécificités économiques et sociales insulaires impliquent, pour la Collectivité territoriale de Corse, de mettre particulièrement l'accent sur le souci de cohérence et de complémentarité des différentes voies de formation - pour que se conjuguent épanouissement des individus et équilibre territorial.
Par Centre Inffo - Le 01 février 2006.
Inffo Flash : Quelles sont les grandes orientations de votre politique régionale en matière de formation professionnelle ?
Antoine Giorgi : Les grandes orientations de la politique régionale en matière de formation professionnelle ont été définies en septembre 2004 par l'Assemblée de Corse.
Les fondements politiques précisent que l'éducation et la formation sont au service du développement, de la mise en valeur des ressources humaines, de l'épanouissement des individus, du développement économique de la Corse, de l'équilibre territorial et de la cohésion sociale.
La mise en œuvre des politiques de formation professionnelle continue et d'apprentissage se traduit par le souci, d'une part, d'accompagner le développement économique et, d'autre part, de mettre en œuvre les parcours professionnels orientés en priorité vers l'emploi.
Afin d'améliorer la situation de l'emploi insulaire, la Collectivité territoriale de Corse développe des partenariats actifs, notamment avec les branches professionnelles et les institutions publiques de l'emploi, permettant de définir les besoins en qualification et les actions prioritaires à conduire, en privilégiant une logique de proximité.
L'exigence sectorielle et territoriale est une des priorités de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), elle se fait au travers de différents dispositifs d'intervention : l'apprentissage, les actions de formation qualifiantes en direction des demandeurs d'emploi, des salariés d'entreprises et la promotion sociale.
__ Le programme est élaboré à partir d'analyses des besoins établis en concertation avec les représentants des secteurs professionnels, afin de cibler prioritairement les métiers porteurs d'emploi.
Inffo Flash : Plusieurs contrats d'objectifs ont été négociés ou sont en cours de négociation. Quelles sont les conditions de leur efficacité ?
Antoine Giorgi : à ce jour, neuf contrats d'objectifs ont été signés entre la Collectivité territoriale de Corse et les branches professionnelles.
Ils répondent à la nécessité de mieux identifier les besoins en formation des différents secteurs et de leur apporter une réponse adaptée.
Le choix de l'opérateur est la condition essentielle au bon fonctionnement du dispositif. En effet, il lui appartient de permettre le développement des partenariats entre la Collectivité territoriale de Corse et les acteurs économiques, entre les entreprises et entre les secteurs d'activités fédérés autour d'un enjeu commun, celui de leur développement.
Inffo Flash : Quelle place votre Région accorde-t-elle à l'insertion des jeunes par l'apprentissage ?
Antoine Giorgi : Axe prioritaire de la politique de formation professionnelle et compétence exclusive de la Collectivité territoriale de Corse en matière d'organisation des filières, l'apprentissage représente une des voies de formation les mieux adaptées au regard du tissu économique local : 92 % des entreprises ont moins de 5 salariés.
Un contrat d'objectifs et de moyens de développement de l'apprentissage sur cinq ans a été signé le 9 décembre 2005 entre la Collectivité territoriale de Corse et l'État. Il prévoit, outre la montée en puissance de l'apprentissage, avec une progression de 40 % d'apprentis sur cinq ans, une amélioration qualitative du dispositif tant en direction des centres, des apprentis, que du travail à conduire avec les entreprises (voir encadré p. 26).
Inffo Flash : Comment envisagez-vous de mettre en œuvre les nouvelles responsabilités confiées aux Régions par la loi de décentralisation ?
Antoine Giorgi : Avec la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et aux responsabilités locales, une étape décisive est franchie, qui consacre définitivement le niveau régional comme niveau de coordination des politiques de formation professionnelle.
Les Régions peuvent désormais élaborer leur politique de formation professionnelle initiale et continue sans en référer a priori à l'État, le transfert de compétences est quasi-total, excepté le secteur de l'accueil, de l'information et de l'orientation (AIO), qui reste dans le giron de l'État.
Le nouveau texte place le plan régional de développement des formations au cœur du dispositif de planification, prévoyant en effet qu'il vaut schéma prévisionnel des formations sous statut scolaire, schéma prévisionnel de l'apprentissage, schéma régional des formations sanitaires et sociales et d'orientation pour la formation d'adultes.
Le champ des compétences régionales s'élargit dans une logique de meilleure articulation de la relation emploi-formation.
Des responsabilités nouvelles sont confiées aux Régions : l'organisation de la validation des acquis de l'expérience sur l'ensemble du territoire, le transfert de la formation de tous les demandeurs d'emplois et, avant 2008, les formations sanitaires et sociales et le transfert des formations régionales de l'Afpa.
Même si, à ce jour, la plupart des compétences nouvelles semblent être transférées aux Régions sans la totalité des moyens nécessaires, la CTC s'est impliquée dans leur mise en œuvre. Ainsi, elle a signé avec l'État le contrat d'objectif et de moyens relatif au développement de l'apprentissage.
En matière de validation des acquis de l'expérience, elle accompagne le dispositif notamment par la mise en place de points relais conseils territoriaux. S'agissant de l'Afpa, la CTC participe à la réflexion nationale sur le positionnement et le rôle de cette importante structure de formation.
Il convient de souligner le souci de cohérence qui anime la réflexion et l'action menées par la CTC dans le domaine de l'éducation et de la formation, afin de prendre en compte les spécificités économiques et sociales insulaires, caractérisées notamment par un tissu économique composé à 95 % de TPE et par l'étroitesse du marché de l'emploi.
Cela impose à la fois de privilégier une complémentarité des différentes voies de formation quel qu'en soit le niveau, et de mener une politique déterminée de développement des formations professionnalisantes.
Il convient, enfin, de signaler la volonté politique de sauvegarder la transmission de la langue corse aux nouvelles générations par le développement du bilinguisme.
Propos recueillis par Knock Billy