Antoine

Richard

Par - Le 15 octobre 2002.

Inffo Flash : La décentralisation complète de la formation des adultes comme celle des jeunes en difficulté apparaît aujourd'hui consensuelle parmi les élus. À quelles conditions vous semble-t-elle pouvoir s'exercer ?

Antoine Richard : Sur le fond, je pense que l'organisation de l'offre de formation professionnelle devrait être confiée à la Région et ce, pour tous les publics. S'agissant des personnes en difficulté, si nous partons du principe de recherche de cohérence des parcours d'accès à l'emploi et à la formation, les mesures actuellement pilotées par l'État pourraient être décentralisées. En effet, pour le moment, l'articulation entre les contrats aidés et les actions de formation mises en œuvre, les uns par les services de
l'État, les autres par les conseils régionaux, demeure aléatoire. Les structures qui accueillent ces publics sont là pour en témoigner.

Inffo Flash : Ne peut-on craindre que certaines Régions délaissent les personnes rencontrant le plus de difficultés d'insertion professionnelle ?

Antoine Richard : Il faudrait, en effet, que l'État conserve le pouvoir de doter les Régions de moyens comme le SIFE (stage d'insertion et de formation à l'emploi), pour la réinsertion professionnelle des chômeurs de longue durée. Mais il appartiendrait au conseil régional de mettre en œuvre ces moyens, afin de ne pas segmenter, comme par le passé, la construction de l'offre régionale de formation. On pourrait ainsi imaginer une sorte de convention de délégation entre l'État et les Régions, confiant à ces dernières, avec les moyens financiers correspondants, le soin de mettre en œuvre les programmes de formation des chômeurs de longue durée, selon un cahier des charges défini conjointement.apprenants et des enseignants.
Il reste beaucoup à faire, mais je crois que nous sommes sur la bonne voie.

Inffo Flash : La carte des formations de l'Éducation nationale pourrait-elle aussi être décentralisée ?

Antoine Richard : Dans certaines Régions, une collaboration très fructueuse existe déjà entre les recteurs d'académie et le conseil régional, notamment pour harmoniser l'offre entre l'enseignement professionnel et l'apprentissage. Cela paraît une avancée dans le bons sens : les décisions d'ouverture ou de fermeture de sections de formation initiale et de création de filières complètes sur un site donné doivent être prises en croisant les critères relevant de la demande éducative et du système productif régional. Toutefois, une décentralisation complète dans ce domaine paraît peu envisageable, dans la mesure où la gestion des personnels enseignants demeure au niveau national. La construction conjointe de cette carte m'apparaît plus facile à mener à bien.

Inffo Flash : S'agissant de l'apprentissage, vous semble-t-il souhaitable de confier aux Régions la collecte du quota de la taxe, comme le réclame la Région Lorraine ?

Antoine Richard : Si c'était le cas, cela signifierait un renforcement significatif du pouvoir de captation fiscale ou parafiscale des Régions. Cela pose immédiatement la question des inégalités régionales et par suite, des règles de péréquation entre Régions, dont seul le législateur peut s'emparer.

Propos recueillis par Renée.David.Aeschlimann.