Bruno

Arbouet

Conjuguer des perspectives de créations massives d'emplois, de développement économique pour les entreprises et, par surcroît, de satisfaction du public-client, c'est le scénario rêvé de l'essor des services à la personne. La mobilisation est réelle, explique Bruno Arbouet, directeur de l'ANSP.

Par - Le 22 mai 2007.

Inffo Flash : Quels sont les enjeux de la professionnalisation dans ce secteur économique en plein essor ?

Bruno Arbouet : Ce secteur est à la fois ancien et nouveau, puisque le particulier employeur existe depuis des siècles et que les activités de l'économie sociale se sont développées dès l'après-guerre. Ce secteur a connu une croissance de 5 % chaque année, en même temps qu'on constatait des freins à son essor : le taux d'activité augmentait, mais les prix étaient élevés, l'accès aux services trop compliqué et les métiers n'étaient pas attractifs.

Le plan “Borloo" a été élaboré pour lever ces freins, notamment par des dispositions financières et fiscales, telles que le Cesu et le crédit d'impôt, la création d'enseignes nationales pour faciliter l'accès aux services.

Le plus compliqué est d'agir sur l'attractivité des métiers, dont l'image est négative en raison de conditions de travail jugées médiocres. C'est là qu'intervient la professionnalisation, car on ne développera pas ce secteur sans améliorer les conditions de travail. Ce sont de vrais métiers dans lesquels on peut faire carrière et avoir de bonnes rémunérations. Ce qui nous amène à la qualité, notion clé dans ces métiers et vers laquelle tend la professionnalisation. Il faut en effet répondre à un certain degré d'exigences.

Inffo Flash : Que représente ce secteur ?

Bruno Arbouet : Aujourd'hui, on connaît mieux ce secteur économique. Il représentait en 2005 11 milliards d'euros, plus que l'industrie textile et habillement. Le chiffre d'affaires a augmenté de 75 % en cinq à six ans. En 2006, on est passé de 5 000 à 11 000 structures agréées et 145 000 emplois ont été créés. Nous tablons sur 227 000 créations nettes d'emploi pour 2007.

L'intuition de départ a donc été la bonne, puisqu'il existe un appétit des Français pour les services à la personne. Une vraie ambition populaire d'accès à ces services. D'ailleurs, si chaque ménage faisait faire deux heures de ménage par semaine, on créerait un million d'emplois nets.

Inffo Flash : Que sait-on des emplois ?

Bruno Arbouet : Dans ce secteur, on compte trois types d'employeurs : les particuliers, les associations et les entreprises, ces dernières proposant surtout de nouveaux métiers et de nouvelles activités, ce qui permet de les comparer à l'époque de l'essor des nouvelles technologies. Les emplois sont de plus en plus des contrats à durée indéterminée, mais les temps partiels, dont il est difficile de connaître la nature, sont majoritaires. L'Agence lance d'ailleurs une étude sur ces temps partiels.
Ces métiers supposent tous une certaine autonomie, car ils se pratiquent seuls au domicile, en dehors de tout niveau hiérarchique direct. Le taux d'encadrement y est dix fois plus élevé que dans l'industrie. Les problématiques de formation se posent principalement en termes de “relationnel", car cela ne s'improvise pas, mais cela s'apprend ; nous mettons actuellement en place un partenariat avec l'Éducation nationale pour l'apprentissage. Dans d'autres services, comme l'informatique, beaucoup de jeunes se lancent, car l'autonomie est grande et la gratification immédiate.

Inffo Flash : Quels sont les dossiers à venir de l'ANSP ?

Bruno Arbouet : Nous poursuivons sur le terrain de la promotion du secteur : il faut que les gens sachent que “ça existe". Nous allons également développer la forme “dématérialisée" du Cesu, et nous finalisons un décret listant les activités nouvelles qui entrent dans le champ des services à la personne. Nous allons également essayer de donner suite aux préconisations du Conseil économique et social. Les services à la personne sont un sujet important, ils créent des emplois, non délocalisables, qui concernent pour la plupart des populations éloignées de l'emploi.