Christophe
Donon
Par Centre Inffo - Le 20 novembre 2007.
À l'occasion du colloque sur la “sécurisation des parcours" organisé par l'Afpa Midi-Pyrénées, à Toulouse le 27 novembre, son directeur régional répond à nos questions. L'Afpa entend jouer pleinement son rôle de “premier organisme d'intérêt général pour l'insertion professionnelle et le développement des compétences" : elle sera au rendez-vous de la mise en œuvre concrète de la sécurisation.
Inffo Flash : Selon vous, quelles réalités recouvrent cette notion de “sécurisation des parcours" ?
Christophe Donon : Tout d'abord, nous organisons ce colloque dans la logique des rencontres “Territoires de l'emploi" – non pas pour parler de l'Afpa ou de ce qu'elle propose en particulier, mais pour donner aux acteurs une occasion de se retrouver pour évoquer les thèmes clés de l'actualité de l'emploi et de la formation, dans une logique, je dirais, de rassembleur.
Alors, pourquoi ce thème ? D'abord, le concept de sécurisation des parcours, qui était apparu dans les milieux de l'emploi depuis deux à trois ans, un peu plus pour certains acteurs, a surgi dans le débat public cette année, avec la campagne présidentielle, comme un thème sociétal.
Nicolas Sarkozy a parlé de “sécurisation", Ségolène Royal de “sécurité sociale professionnelle". Ce qui apparaît, c'est la nécessité de mettre un contrepoids entre, d'un côté, le besoin de sécurité et, de l'autre, la flexibilité du travail. En quelque sorte, comme dans le système de santé, où nous avons une Sécurité sociale et des “parcours de soins", avec un médecin référent, etc., pour gagner en cohérence entre le diagnostic et la prescription, et sur le plan de l'économie globale.
Aujourd'hui, la sécurisation, tout le monde en parle, il est difficile de s'y retrouver pour donner corps au concept. Un travail important a été conduit avec le rapport du CES1, qui a fait l'objet, ce qui est notable, d'un vote quasi unanime. Voici quelque chose de peu palpable et qui fait l'unanimité ! Il faut trouver des formes d'“opérationnalité", au niveau régional, avec des éléments de repère et un débat qui les fasse apparaître.
Inffo Flash : Quelle perception en avez-vous en Midi-Pyrénées ?
Christophe Donon : Le thème n'a pas été beaucoup abordé dans notre région, sauf par le Conseil régional qui organise chaque année un salon de la formation, et a souhaité placer le dernier sous le signe de la sécurisation. Le rapporteur du CES, Édith Arnoult-Brill, est intervenue, mais cela n'a pas donné lieu à débat avec les partenaires sociaux. Pour notre part, nous allons essayer d'articuler une analyse du débat juridique et social dans lequel le thème s'inscrit. Une enquête a été réalisée auprès de 200 responsables d'entreprise, avec six questions visant à connaître leur représentation concrète de la sécurisation. Les résultats sont actuellement en phase d'analyse. Nous souhaitons aussi diriger le débat sur la focale des partenaires sociaux, qui travaillent sur ce thème dans le cadre de la négociation sur la “modernisation du travail".
Bien sûr, il faut mettre en évidence la distinction entre “parcours professionnel" et “parcours de professionnalisation", qui participe à la logique de “formation tout au long de la vie", sur laquelle l'Ani a jeté les bases et qui pourra connaître de nouveaux développements. Mais le “parcours professionnel" participe vraiment à une logique certes parallèle, mais différente, celle de la “modernisation du marché du travail".
Qui fait appel, notamment, aux professionnels de l'insertion. Les acteurs sont-ils en mesure de faire évoluer leur métier pour non plus seulement vendre des prestations de formation, mais des services de gestion des parcours ?
Cela vient aussi interroger le rôle et la place des Conseils régionaux, aussi bien en ce qui concerne leur contribution à la qualification, que leur politique de développement économique. Autre aspect : la logique “individuelle" sous-tendue dans la sécurisation est-elle compatible avec les logiques de multi financement de nos systèmes d'emploi-formation, ou bien renvoie-t-elle à un financement individuel ? En somme, si les différents partenaires veulent concrétiser le concept, il faut maintenant se placer sur le terrain des méthodologies de travail.
Inffo Flash : Quels services l'Afpa Midi-Pyrénées entend-elle proposer dans ce cadre ?
Christophe Donon : Étant prestataires de qualification, et aussi opérateurs de validation des acquis, nous sommes en capacité d'accompagner les personnes dans une gestion de leur parcours qui ne soit pas seulement un parcours de qualification “à dates données". Les voies d'accès se sont diversifiées et les personnes s'impliquent de plus en plus entre temps de formation, temps d'activité, reconnaissance d'acquis, parcours discontinus. Il faut proposer un accompagnement à ces personnes. L'Afpa est en mesure de mobiliser ses ressources et ses acteurs dans cet objectif.
Cette actualité rencontre celle de l'évolution du marché du travail. Le chômage recule actuellement, mais nous savons que le “volume résiduel de chômage" concerne des personnes dont le rapport à l'emploi est de plus en plus lointain. Nous aurons donc à gérer des parcours plus long et plus sinueux que ce que nous avons pu imaginer jusque-là. La logique, c'est l'accompagnement dans la durée. Je suis personnellement convaincu que nous avons un rôle-clé à jouer. J'essaie de faire évoluer notre offre de services en ce sens. Notamment, nous allons proposer dans la Région des opérations visant à tester la construction et le pilotage des trajets d'accès à l'emploi. Nous devons nous situer dans
une logique durable, dans des systèmes intégrés.
Propos recueillis par François Boltz
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