Claudine
Labrunie
Le PRDF du Limousin, “programme vivant" mis en œuvre à travers des plans annuels d'application adoptés par le Conseil régional, se déploie dans de bonnes conditions. Quant au transfert de compétences lié à la loi de décentralisation, la Région fait ses comptes.
Par Centre Inffo - Le 16 novembre 2005.
Inffo Flash : Quel bilan d'étape pouvez-vous faire du plan régional pour le développement de la formation (PRDF) lancé en 2003 ?
Claudine Labrunie : La Région Limousin a adopté son nouveau plan régional pour le développement de la formation tout au long de la vie, en décembre 2003, après une large concertation. Pendant six mois (de janvier à juin), plus de 600 personnes (professionnels de la formation, responsables des politiques de l'emploi et de l'insertion, partenaires économiques et sociaux, acteurs locaux, bénéficiaires de formation) ont participé à la réflexion. Notre PRDF est axé sur trois grandes orientations.
Tout d'abord, mettre la formation au service des femmes et des hommes de la région. En effet, la construction de l'appareil de formation en Limousin est guidée par la recherche de la diversité, la qualité et l'adaptation aux besoins des personnes. Il s'agit pour nous de garantir l'égalité des chances face à cette offre. Pour cela, il est indispensable d'assurer au mieux la mission de service public en matière d'accueil et d'information pour l'orientation. Ce service doit être ouvert à tous, et diffuser une information complète et de qualité sur les métiers et les formations. La Région mobilise l'ensemble des professionnels qui interviennent dans ce domaine autour de cet objectif, en les incitant à coordonner leurs moyens, et à s'engager dans des projets fédérateurs, comme la création d'une Cité des métiers.
Il s'agit ensuite de participer au développement économique régional. Nous considérons, en Limousin, que la formation est aussi un élément clé pour la réussite des entreprises. C'est pourquoi la Région a mis en place tous les moyens pour favoriser les liens entre l'appareil de formation limousin et le tissu économique régional. Ainsi, notre PRDF a défini de nombreuses pistes d'action : mieux prendre en compte les besoins présents et à venir des entreprises, dynamiser la reprise et la création d'activité, faciliter la formation des salariés les plus fragiles, développer les transferts de technologie.
Le troisième domaine concerne l'attractivité et le développement équilibré de notre territoire. Notre Région s'est fixée depuis plusieurs années comme priorité politique, notamment, l'accueil de nouveaux habitants. Dans cet esprit, le nouveau PRDF propose de consolider les nombreux pôles de spécialités et d'excellence existant en Limousin, de développer leur attractivité et leur ouverture internationale. Il réaffirme également la volonté de maintenir une offre de proximité diversifiée sur tout le territoire, en s'appuyant notamment sur les réseaux publics et sur le développement de la formation à distance.
Les pistes d'action identifiées par le PRDF sont mises en œuvre à travers des plans annuels d'application, adoptés par le Conseil régional. Actuellement, nous réalisons un bilan d'étape, action par action, en chiffrant le coût pour la Région de chacune de ces actions. Nous sommes satisfaits de l'exécution et des résultats de notre PRDF, qui est un programme vivant.
Inffo Flash : Plusieurs contrats d'objectifs ont été négociés ou sont en cours de négociation.
Quelles sont les conditions de leur efficacité ?
Claudine Labrunie : Nous ne sommes pas très avancés sur ce plan. Pour le moment, nous effectuons un travail de préparation sur ces contrats. Ils sont en cours de construction. Nous pensons que pour qu'ils soient efficaces, il faut que les partenaires qui s'y engagent soient loyaux les uns envers les autres.
Comme le PRDF, ces contrats seront de véritables engagements sur des actions, et de véritables engagements financiers. Ils seront signés avec les grandes branches professionnelles, telles que la métallurgie, le bâtiment et les travaux publics (BTP), l'automobile ou le domaine sanitaire. Les réunions sont en cours.
Inffo Flash : Quelle place votre Région accorde-t-elle à l'insertion des jeunes par l'apprentissage ?
Claudine Labrunie : L'apprentissage en Limousin concerne environ 3 300 jeunes. La Région lui a consacré, en 2005, près de 18 millions d'euros, soit 44 % du budget de la formation professionnelle et de l'apprentissage, et 6 % du budget global de la Région. L'amélioration de notre politique d'apprentissage comprend plusieurs axes de développement, dont notamment, l'idée d'une “formation de proximité" à laquelle notre Région est très attachée. C'est pourquoi elle fait le choix de maintenir des centres de formation d'apprentis (CFA) sur l'ensemble du territoire. Ceux-ci accueillent peu d'apprentis : les sections se limitent à six.
Nous avons également fait de l'amélioration de la qualité des formations dispensées par les CFA une priorité. Dans ce cadre, la Région a signé avec les CFA une charte de la qualité. Ainsi, la Région porte une attention toute particulière au développement de la pédagogie de l'alternance en favorisant non seulement une collaboration plus étroite entre les deux pôles de formation (le CFA et l'entreprise), mais également le développement des techniques d'individualisation des formations (adaptation de la formation au niveau de chaque apprenti).
Inffo Flash : Comment envisagez-vous de mettre en œuvre les nouvelles responsabilités confiées aux Régions par la loi de décentralisation du 13 août 2004 ?
Claudine Labrunie : La loi de décentralisation vise, pour ce qui concerne la Région Limousin, les formations du sanitaire et du social. Nous avons confié à un cabinet la réalisation d'un audit pour faire l'état des lieux des établissements qui assurent ces formations, de leur financement, de leur patrimoine, et évaluer la charge de ce transfert. Cet audit est en cours d'exécution.
Il s'agit d'abord de savoir combien coûtaient les centres de formation dans le domaine du sanitaire et du social avant le transfert à la Région de leur gestion. Rattachées aux hôpitaux, les établissements de formation d'infirmières n'avaient pas de budget propre. Tous les budgets sont donc actuellement étudiés un par un, établissement par établissement.
Il s'avère que, pour le moment, nous avons reventilé plus de fonds que nous en avons reçus de la part de l'État. Pour 2005-2006, nous avons financé les centres de formation du sanitaire à hauteur de 2 891 501 euros (2 414 612 euros pour ceux rattaché aux centres hospitaliers, et 476 889 euros pour les deux centres privés), alors que nous avons perçu de l'État 2 826 012 euros. Aux 465 boursiers en formation dans ce domaine, nous avons versé 1 293 694 euros. Pour ce qui concerne les formations du social, le budget de la Région prévoit 1 920 169 euros pour le fonctionnement des trois établissements régionaux. La compensation de l'État s'élève à 1 804 986 euros. Dans ce domaine également, nous avons assuré le versement des bourses de 135 personnes, soit une enveloppe de 397 346 euros. Nous espérons que la Commission d'évaluation des charges de la décentralisation prendra en compte la réalité. Le gouvernement envisage, pour 2006, de maintenir un statut intermédiaire : les budgets des hôpitaux seraient encore chargés de faire l'équilibre.
Nous aurions pu décider de ne pas financer ces établissements tant que les coûts ne seront pas connus. Mais notre préoccupation n'est pas de mettre en difficulté ces établissements.
Propos recueillis par Knock Billy