Corinne
Féret
La Basse-Normandie se mobilise pour l'emploi. Corinne Feret présente ses champs d'intervention et ses modes de coopération, tant au sein du Conseil régional qu'avec ses partenaires institutionnels et privés.
Par Centre Inffo - Le 18 juin 2007.
Inffo Flash : Quel rôle doit jouer la Région en matière d'emploi, sachant que l'État est détenteur de cette compétence en droit commun ?
Corinne Féret : La perspective territoriale est indispensable. Quand le président Philippe Duron a songé en 2002 à mettre en place une commission emploi et reconversion industrielle à la Région, la Basse-Normandie venait de perdre quelque 3 600 emplois industriels, dont ceux de Moulinex, sur plusieurs sites du Calvados, de l'Orne et de la Manche.
La Région a mobilisé ses partenaires (État, trois municipalités, Conseils généraux), à travers une convention visant à créer de nouveaux emplois sur ces sites sinistrés. Plusieurs PME, PMI et TPE s'y sont installées, sans toutefois procurer systématiquement un emploi aux personnes licenciées : essentiellement des femmes au-delà de 45 ans.
À ma connaissance, la Région Basse-Normandie est la seule à consacrer une vice-présidence exclusivement à l'emploi. Par ailleurs les compétences de formation et de développement économique conférées aux Régions par les lois de décentralisation sont naturellement liées à l'emploi régional. Il est donc normal que les Régions soient associées à des actions en faveur de l'emploi.
Inffo Flash : Quels sont les grands champs
d'intervention de la Région en terme d'emploi ?
Corinne Féret : La création d'entreprises [ 1 ]Voir Inffo-Flash n°704, page 25 nous apparaît tout à fait prioritaire, car la Région Basse-Normandie, essentiellement rurale, fournit peu d'emplois industriels et beaucoup d'emplois saisonniers dans les secteurs de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, de l'agro-alimentaire, de la pisciculture, etc. La Région entend pérenniser les petites structures des secteurs agricole ou agroalimentaire : maraîchers, ostréiculteurs, fruitiers, etc., en faisant la promotion des groupements d'employeurs et d'autres formes de mutualisation des embauches et de la formation professionnelle.
Inffo Flash : Comment s'articule votre mission avec celle du développement économique régional ?
Corinne Féret : S'agissant du développement économique, les commissions travaillent au sein du Conseil régional de façon transversale, notamment en ce qui concerne l'accueil de nouvelles entreprises porteuses d'emploi, la formation dans les entreprises pour prévenir les licenciements et promouvoir la mobilité
professionnelle et la formation des personnels destinés à être recrutés par des nouvelles entreprises.
Inffo Flash : Quelles sont vos priorités en matière de développement territorial de l'emploi, dans le cadre du schéma régional de l'aménagement et de développement du territoire (Sradt) ?
Corinne Féret : Cette approche nous apparaît très importante, afin de conserver un équilibre entre les territoires. Or, il est à craindre que les territoires ruraux soient délaissés par les nouvelles générations de CPER (contrats de projets État-Région-collectivités) et de programmation des fonds européens, notamment du FSE.
Le déséquilibre qui se profile nettement en faveur des zones urbaines est tel que le président Philippe Duron, en charge de ces questions à l'Association des Régions de France, a demandé la renégociation du CPER bas-normand après les élections législatives.
Nous espérons bien être en mesure de contractualiser avec les Pays et les Départements pour le développement de l'emploi, même si la tâche s'avère parfois délicate entre collectivités locales…
Inffo Flash : Comment avez-vous développé l'idée de tenir un séminaire régional annuel sur l'emploi ?
Corinne Féret : Il s'agit d'anticiper les mutations et de trouver des solutions pérennes aux problèmes d'emploi propres à notre Région. Nous avons d'abord créé un groupe de travail réunissant partenaires sociaux, syndicats de salariés et d'employeurs, l'ensemble des collectivités territoriales de la Région, les services de l'État. L'idée est non seulement de réaliser un état des lieux sur un problème d'emploi particulier à la Région, mais aussi d'échanger les bonnes pratiques au sein d'ateliers.
Ces groupes de travail continuent bien sûr à fonctionner au-delà du séminaire. Pour les prochaines éditions, nous songeons à la filière automobile, un secteur d'activité appelé à connaître de nouvelles mutations avec une baisse prévisible de l'activité. Nous nous pencherons ensuite sur le secteur de l'hôtellerie-restauration, pour lequel la Région a commencé plusieurs actions de formation en collaboration avec les Opca de branche, notamment en matière de compétences linguistiques, cruciales dans ces métiers.
Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann
Notes
1. | ↑ | Voir Inffo-Flash n°704, page 25 |