Éric
Andrieu
Michel Thénault, préfet de région, et Georges Frêche, président du Conseil régional Languedoc-Roussillon ont signé, le 18 décembre dernier, le premier des contrats de projets État-Région (CPER). Éric Andrieu, vice-président en charge de ce dossier, en expose les grandes lignes.
Par Centre Inffo - Le 26 janvier 2007.
Inffo Flash : En quoi le CPER signé le 18 décembre permet-il de répondre aux défis de la Région ?
Eric Andrieu : Il était capital pour nous d'avoir une vision stratégique et de nous doter d'outils financiers qui accompagnent de véritables stratégies de développement. À partir d'un diagnostic partagé, État, Région et acteurs régionaux, nous avons défini les priorités régionales et les actions à mettre en œuvre pour y répondre à court et moyen termes.
L'essor économique du Languedoc-Roussillon est indissociable à la fois de la dynamique démographique et du potentiel de ses centres de recherche et universités. Pour nous, mobiliser les compétences est un pari ambitieux. Nous avons choisi de concentrer nos efforts essentiellement autour de thématiques fortes : agronomie et environnement, biologie et santé, technologies de l'information et robotique, ainsi que chimie.
Un autre levier important concerne l'accompagnement des entreprises travaillant autour de la recherche et
l'innovation. L'État et la Région ont décidé d'accompagner le regroupement des entreprises dans des logiques soit thématiques (filières et R&D), soit de proximité, soit dans des parcs d'activités susceptibles de répondre aux attentes des investisseurs internationaux. Les projets à conduire doivent permettre d'accompagner, outre les pôles de compétitivité régionaux, la compétitivité des filières industrielles régionales afin de pérenniser et de renforcer le potentiel d'innovation de la région en s'appuyant sur ses points forts, notamment les secteurs de la santé (biomédical et pharmacie), de la chimie, de l'environnement et de la ressource en eau, des énergies renouvelables, de l'agroalimentaire. Nous avons également opté pour la création de zones d'activités : celles d'intérêt régional (avec l'intervention directe de la Région pour accueillir des entreprises de niveau régional ou interrégional) ou territorial (accompagnement par la Région de maîtres d'ouvrage tiers).
Nous allons poursuivre le programme de restructuration et d'accompagnement des filières (agriculture, forêt, pêche et conchyliculture) pour résoudre collectivement les difficultés de nos PME innovantes.
Inffo Flash : La Région et l'État réaffirment leur volonté de soutenir les dispositifs d'accompagnement, d'information, d'anticipation et de prospective (Carif, Oref, Aract, etc.). Concrètement, en quoi cela consiste-t-il ?
Eric Andrieu : Dans la mesure où notre tissu économique est basé majoritairement sur les TPE, il nous paraît important de mettre en œuvre des démarches d'anticipation et de projection des besoins en matière de qualifications et d'emplois. C'est pour cela que l'État et la Région ont décidé d'apporter leur soutien aux dispositifs d'accompagnement, d'information, d'anticipation et de prospective.
Nous ne saurons approcher efficacement les formations des besoins des entreprises si nous ne soutenons pas les actions menées par l'Oref (Observatoire régional sur l'emploi et la formation), instrument privilégié pour l'observation des mutations démographiques, économiques et sociales au niveau régional et infra régional et pour la compréhension de l'évolution des métiers, des qualifications et des besoins de main-d'œuvre. Ainsi, grâce, notamment, à ses analyses et ses études, nous aurons une meilleure connaissance des problématiques emploi-formation et des enjeux liés aux disparités territoriales et aux analyses sectorielles et de branches.
Autre outil important pour mieux adapter nos formations aux réalités régionales : le Carif (Centre d'animation, de recherche et d'information sur la formation), garant sur l'ensemble du territoire régional de l'égal accès du citoyen à l'information et à l'offre de formation sur la formation professionnelle. Nous voulons qu'il poursuive et développe ses missions notamment le traitement et la diffusion de l'information sur la formation professionnelle. Outre sa contribution à l'organisation cohérente de l'offre de formation, il devra favoriser l'accès à l'information, notamment en matière de VAE. Son action s'appuiera sur une synergie d'échanges entre les différents relais d'information, les partenaires et institutionnels concernés par le développement de l'information sur la formation. Ce qui permettra aussi bien aux professionnels de la formation, de l'orientation et de l'accompagnement qu'aux milieux économiques, aux entreprises et au grand public de pouvoir mobiliser des outils de nature à favoriser en région l'adaptation des qualifications et des compétences
et à accompagner les transitions professionnelles des publics salariés, menacés de licenciement ou demandeurs d'emploi. Une attention particulière sera
portée aux publics connaissant des
difficultés d'insertion.
Inffo Flash : Quelles seront vos actions en faveur des organismes de formation, notamment de l'Afpa dont le transfert de certains crédits sera effectif dès le 1er janvier 2009 ?
Eric Andrieu : La volonté d'adapter les compétences et la formation aux réalités
économiques et sociales de la région Languedoc-Roussillon nécessite également un appui à l'ensemble des
organismes de formation pour les aider à adapter leurs outils de formation aux besoins des entreprises et à moderniser leurs équipements pédagogiques. Pour cela, les organismes de formation devront se regrouper afin de définir, à la suite de concertation, les modalités les plus appropriées au développement de leur territoire. Cette démarche sera organisée dans le cadre de la “charte qualité" développée par la Région afin de disposer d'un appareil de formation performant et adapté aux enjeux économiques et sociaux du Languedoc-Roussillon.
Pour ce qui concerne l'Afpa (sept établissements en Languedoc-Roussillon), la Région financera des opérations visant à assurer la maintenance du parc mobilier et immobilier de l'organisme public de formation et la modernisation de son appareil de formation dans le cadre du plan régional de développement des formations professionnelles (PRDFP) et de l'outil de certification. Nous entendons privilégier les formations destinées à des secteurs connaissant des difficultés de recrutement ou préparant à la VAE (validation des acquis de l'expérience). Par ailleurs, l'évolution du dispositif de formation régional de l'Afpa ainsi que la Délégation académique à la formation continue et à la VAE devront également, tout particulièrement pendant la période couverte par le CPER, participer à l'accompagnement de la mise en œuvre et au développement des pôles de compétitivité régionaux ; au soutien et à l'accompagnement du développement de l'économie résidentielle ; et à l'adaptation de l'outil de certification au schéma régional de formation de l'Afpa, qui s'articule avec le PRDFP de la collectivité régionale.
Propos recueillis par Knock Billy