Decherf

Inffo Flash : Quelle est l'historique de la branche de l'aide à domicile ?

Frédérique Decherf : La création de la branche remonte à 1993 et, depuis, des accords ont été signés pratiquement chaque année, c'est dire si la branche est particulièrement active en matière de dialogue social. Quatre grands accords sont majeurs pour notre branche : l'accord sur l'organisation du travail et le temps partiel, l'accord sur les emplois et la rémunération en 2002, l'accord sur la modulation du temps de travail, l'accord sur la formation professionnelle en 2004. Ce dernier a posé les jalons en termes de ressources humaines, avec l'entretien professionnel, la création de l'Observatoire de métiers et des qualifications et la mise en œuvre des CPRE, et de logique de développement de carrière, avec les notions de filières, passerelles et équivalence. L'accord sur les emplois et les rémunérations est, quant à lui, construit sur trois niveaux correspondant chacun à un métier, le premier étant celui des agents à domicile, profession que l'on peut exercer sans qualification. Les agents à domicile accèdent ensuite aux niveaux supérieurs, d'employés à domicile, puis d'intervenants à domicile ou “encadrants" d'équipe, avec de meilleures rémunérations, tout cela dans une logique d'emploi et de professionnalisation.

Inffo Flash : La VAE joue-t-elle un rôle dans ces évolutions de carrière ?

Frédérique Decherf : Oui ! On ne pouvait pas rêver d'un dispositif plus pertinent pour l'aide à domicile. Nous en avions besoin pour les personnes qui ont développé des compétences, mais qui sont “fâchées" avec le dispositif scolaire. Aujourd'hui, elles peuvent valoriser leurs compétences par l'obtention d'un diplôme et, donc, faire progresser leur carrière. Le DEAVS est le premier diplôme sanitaire et social en volume concerné par la VAE en 2006, avec 11 926 candidatures. Parmi les 3 997 diplômés DEAVS par VAE en 2006, la variété des parcours de qualification déjà observée en 2005 se confirme : 2 291 candidats ont été diplômés à la première présentation devant le jury, 1 079 l'ont été suite à un parcours conjuguant une validation partielle, une expérience complémentaire et une seconde validation, et 626 l'ont été suite à un parcours mixte combinant une validation partielle et la réussite aux épreuves de certification correspondant aux unités ou domaines de compétences non validés. Enfin, le volume de certification par VAE avoisine le flux de diplômés par formation pour le DEAVS depuis 2004. Nous pensions que 2007 verrait les chiffres se stabiliser ; au contraire, ils augmentent.

Inffo Flash : La branche s'est-elle saisie de la question de l'apprentissage ? Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Frédérique Decherf : Le problème est que nous ne cotisons pas à la taxe d'apprentissage. Aujourd'hui, l'Una et les partenaires sociaux souhaitent développer l'apprentissage, en particulier pour le DEAVS. Nous regardons ce qui se fait dans les autres branches. Les discussions en CPNE sur l'apprentissage portent pour le moment sur les questions de l'âge des apprentis, leur nombre, etc. En tout cas, nous serons a priori en mesure de signer un accord à la fin de l'année. Le financement devrait se faire sur d'autres enveloppes, telles que le Fonds de la professionnalisation, qui est peu utilisé dans notre branche. Nous essaierons de trouver plus tard une autre modalité de financement. S'agissant des CFA, il existe des questions à trancher, comme celle touchant à la labellisation des CFA (faut-il l'instaurer, ou pas ?) et l'éventuel développement de CFA de l'économie sociale avec d'autres branches. Ensuite, la difficulté réside dans le suivi des apprentis, car il faut des maîtres d'apprentissage - et il faut les payer. Des négociations seront nécessaires avec les financeurs. Autre problème : l'exercice à domicile, car il peut être mal perçu qu'il y ait deux, voire trois intervenants au domicile (apprenti, tuteur, maître d'apprentissage). Tout ça est lourd, sur ce point il faudra communiquer.