Gérald

Lefèvre

Le changement est en marche...

La transférabilité du Dif d'un employeur à un autre constituerait, selon Gérald Lefèvre, président du Garf [[Groupement des animateurs et responsables de formation en entreprise.]], une évolution décisive, qui demanderait des modifications conséquentes du Code du travail.

Par - Le 26 mai 2008.

Inffo Flash - Quels changements majeurs l'instauration du Dif a-t-elle apporté dans les demandes de formation des salariés ?

Gérald Lefèvre - Il y a presque quatre ans que ce dispositif majeur de la loi du 4 mai 2004 sur la formation
professionnelle est mis en application. Il commence à s'installer au sein des entreprises. De 5 % en 2007, le taux de demandes de formation des salariés dans le cadre du Dif est estimé à 10 % en 2008. Ce qui est encourageant.

Il fallait que le dispositif soit connu des salariés, que les syndicats s'y familiarisent et que les managers dans nos entreprises puissent se l'approprier et le gérer.

Nous observons, au sein des entreprises, de réels changements par rapport aux pratiques du plan de formation où ce sont les seules entreprises qui décident de tout. Le Dif permet un co-investissement et une co-responsabilité (entre l'employeur et le salarié), le développement des salariés (à travers la notion de formation tout au long de la vie) et la construction de parcours professionnels.

Il y a là des changements majeurs dans l'évolution des formations, donc aussi de l'offre. Aujourd'hui, le dispositif est bien connu des grandes entreprises, alors que dans les petites et moyennes, il y a encore un travail à faire. C'est également le cas dans la fonction publique, où l'instauration du Dif est en cours.

Les demandes de formation dans le cadre du Dif portent majoritairement sur des actions liées au développement personnel ou aux métiers en relation avec des projets d'évolution de l'entreprise. Lorsqu'ils optent pour des formations longues, la plupart des salariés font un mixage entre le Dif et la VAE.

IF - La généralisation de la transférabilité de ce droit d'une entreprise à une autre devrait constituer la prochaine étape...

G. L. - Oui, quelques accords de groupes et de branches professionnelles permettent déjà la pratique de la transférabilité. Ainsi, un salarié peut faire valoir ses droits acquis dans le cadre du Dif d'une entreprise à l'autre dans un même groupe ou dans une même branche, sans que cela ne pose de problème particulier. La question cruciale est de savoir comment cela peut se faire d'une entreprise à une autre et comment cela peut-il être financé et géré quand elles appartiennent à des branches professionnelles différentes.

La transférabilité du Dif d'un employeur à un autre constituerait un changement très important. Le droit à la
formation serait donc lié à la personne et non au contrat de travail, comme c'est actuellement le cas. Ce qui demanderait des modifications conséquentes du Code du travail.

IF - Le Dif est considéré par certains acteurs comme une “bombe à retardement" pour les budgets formation. Comment les entreprises se préparent-elles, financièrement et matériellement, à l'augmentation des demandes ?

G. L. - Il est vrai que le volume des demandes de formation dans le cadre du Dif va croître davantage. De là à parler de “bombe à retardement"... Cette augmentation ne représente pas un risque majeur pour les grandes entreprises, qui sont bien équipées pour gérer au mieux ce genre de situation. Pour les entreprises dont le taux de départs en formation est faible, il peut y avoir des difficultés financières pour répondre dans l'immédiat aux nombreuses demandes que pourraient faire leurs salariés. Dans tous les cas,
cette question fait partie des sujets de réflexion au sein du Garf.

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