Gilles 

Davoine

Sneda : le télétravail, outil de sauvegarde de l'emploi

Sneda, PME d'expertise informatique immobilière, fournit un cas intéressant d'entreprise venue au télétravail par nécessité, dans le cadre d'un plan pour la sauvegarde de l'emploi. Gilles Davoine, délégué syndical CFDT, explique à Inffo Flash le processus de mise en œuvre en deux étapes, d'abord “défensif" dans le cadre du PSE, puis “offensif" dans une perspective d'amélioration des conditions de travail.

Par - Le 31 août 2007.

Inffo Flash : Comment Sneda s'est-elle mise au télétravail ?

Gilles Davoine : La Sneda est une PME de 125 salariés (115 basés à Nantes, 7 à Paris et 3 à Toulouse). Les négociations ont été initiées par la direction de l'entreprise début 2006, suite à un plan pour la sauvegarde de l'emploi (PSE) en août 2005 nécessitant, entre autre, de réduire notre présence en région par la suppression des agences de proximité (Paris, Toulouse et Lyon) afin de limiter nos coûts de structure.

La volonté initiale était donc de permettre le télétravail pour la dizaine de collaborateurs de proximité privés d'agence commerciale. Mais à ce volet “défensif", la CFDT et la direction ont toujours souhaité ajouter un volet “offensif" permettant d'ouvrir ce mode de travail aux salariés du siège qui souhaitaient en bénéficier. Cela permettait également de régulariser une situation “de fait" pour cinq salariés travaillant déjà sur ce mode à temps partiel. La négociation a abouti en décembre 2006 pour une mise en œuvre au 1er avril 2007.

Inffo Flash : Qui est concerné par cette nouvelle modalité d'organisation ?

Gilles Davoine : Au 1er juillet 2007, Sneda compte seize télétravailleurs, soit 13 % de l'effectif. Répartis à égalité entre hommes et femmes, six salariés ont entre 25 et 34 ans, dix entre 35 et 44 ans. Il s'agit très majoritairement de statuts cadre, puisque seulement deux d'entre eux sont employés et techniciens.

Les postes concernés sont en revanche variés, puisque l'on rencontre deux administratifs, deux commerciaux, trois développeurs (analystes), six intégrateurs (chefs de projet client) et trois ingénieurs systèmes (technique, réseau, etc.).

Inffo Flash : S'agit-il de télétravail à temps plein ?

Gilles Davoine : Seulement pour dix d'entre eux, avec une part importante de télétravail nomade, puisqu'il s'agit de salariés en région passant entre trois et cinq jours en clientèle. Les autres salariés sont concernés à des degrés variés, d'une demi-journée par semaine à deux jours par semaine.

Inffo Flash : Sneda a-t-il recouru à l'accompagnement d'un tiers (cabinet de conseil, expertise juridique, etc.) pour mettre en œuvre le télétravail ?

Gilles Davoine : Non, mais l'accord-cadre européen du 16 juillet 2002, suivi de l'accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005, ont servi de références pour bâtir l'accord et les contrats.

Inffo Flash : Quelles ont été les incidences économiques du passage au télétravail ?

Gilles Davoine : La suppression des agences de Paris, Lyon et Toulouse a permis d'engranger une économie d'environ 150 Ke par an.

Ces agences ont été remplacées courant 2006 par des bureaux loués en centre d'affaires. Tous les salariés étant déjà équipés de portables, il n'y a pas eu d'achat de postes de travail, seulement des acquisitions simples d'imprimante (via les achats de l'entreprise) et de bureau, en cas de besoin et sur justificatif des salariés, dans une enveloppe fixée par l'entreprise.

Inffo Flash : La mise en œuvre du télétravail a-t-elle donné lieu à une réorganisation forte de l'entreprise ?

Gilles Davoine : Sur le plan physique, il y a eu une réflexion sur la réorganisation des locaux du siège pour absorber une dizaine d'embauches depuis le PSE de 2005 et une dizaine de travailleurs intérimaires.

Cela dit, le télétravail étant uniquement proposé à temps partiel pour les salariés du siège, cela ne remet pas fondamentalement en cause l'organisation des locaux. Au niveau de l'encadrement, le management des salariés en région est assuré par des managers du siège, et il y a bien eu une réorganisation, avec des consignes de contacts avec les télétravailleurs au minimum hebdomadaires.

Les conférences téléphoniques sont systématiques pour les réunions incluant des télétravailleurs et, enfin, une attention particulière est accordée à leur plan de formation.

Inffo Flash : Avez-vous procédé à une formation spécifique des salariés concernés ?

Gilles Davoine : Pas à ce jour dans la mesure où, d'une part, les salariés concernés avaient l'habitude de travailler à distance et, d'autre part, il n'y a pas encore eu d'embauches de nouveaux salariés sur ce mode.

Inffo Flash : Avez-vous constaté une modification de l'efficacité de votre effectif ?

Gilles Davoine : Pas de manière sensible. Il y a par contre une meilleure qualité de vie pour les salariés qui n'ont plus à se déplacer pour travailler, surtout pour les Parisiens.

Inffo Flash : La nouvelle organisation du travail est-elle source de conflits entre bénéficiaires du télétravail et non-bénéficiaires ?

Gilles Davoine : Les bénéficiaires font des envieux, mais l'objectif étant de répondre au plus grand nombre, cela devrait s'estomper avec la montée en puissance souhaitée (un tiers des effectifs en 2008). On peut aussi rappeler que l'accord avait été prévu pour un an, avec un examen approfondi à son issue, fin 2007 avant reconduction !

Inffo Flash : Observez-vous des résistances au télétravail ?

Gilles Davoine : Aucune. L'ensemble des travailleurs en régions ont accepté d'emblée ce mode de travail. C'était la condition préalable de la signature du syndicat CFDT (seul présent à Sneda).

Inffo Flash : Le télétravail est-il désormais proposé dès l'embauche aux nouveaux salariés ?

Gilles Davoine : Oui. C'est même un moyen de faire connaître l'entreprise. Des CV sont envoyés à l'entreprise grâce à cette organisation innovante.

Contact :

Site web : www.sneda.com