Gina

Theodore-Opheltes

Le PRDF de Guadeloupe porte la marque d'une volonté d'enrichissement de la formation au service du développement économique. Reste à développer le nombre de places d'apprentissage par la création de nouvelles entreprises dans différents secteurs d'activité.

Par - Le 01 mars 2006.

Inffo Flash : Votre plan régional de développement des formations (PRDF) est en cours de réactualisation. Quelles en sont les grandes lignes ?

Gina Theodore-Opheltes : Nous avons tenu à ce que l'adoption du PRDF par l'assemblée régionale s'inscrive à la suite de celle de notre schéma régional de développement économique (SRDE). Il était en fait essentiel que SRDE et PRDF soient élaborés en cohérence. Ces deux outils se réfèrent donc à un diagnostic adossé à des données démographiques, économiques et sociales. Dès lors, les orientations du PRDF visent d'abord à structurer la politique d'accueil, d'information et d'orientation en matière de formation professionnelle. C'est un enjeu capital pour permettre à chaque personne d'avoir accès à un point d'accueil dans chacune des îles de notre archipel. Ainsi, nous envisageons de confier à la Mission locale une fonction de coordination du réseau d'accueil.

L'orientation très forte de notre PRDF, c'est l'enrichissement de notre politique de formation continue. Nous voulons faire de la formation professionnelle un outil au service du développement économique de la région. Nous avons cherché avec succès à établir un partenariat avec les branches professionnelles, ou encore à organiser et à coordonner la validation des acquis et de l'expérience. C'est une façon de traduire notre ambition d'assurer la formation tout au long de la vie.

De même, la formation sous statut scolaire et sous statut salarié constitue une autre priorité du PRDF. L'objectif est d'élever les niveaux de pré-qualification et de qualification pour amener nos stagiaires à une maîtrise du socle des fondamentaux, valoriser l'enseignement professionnel, la formation en alternance, et notamment l'apprentissage. Tout cela dans un souci d'adaptation de la formation aux besoins du monde économique, en compétences et qualifications. Enfin, nous avons porté notre effort sur le secteur sanitaire et social, qui est une nouvelle compétence transférée aux Régions l'an dernier. Nous devons satisfaire les besoins du secteur en ouvrant de nouvelles filières. Ainsi, nous avons récemment inauguré la filière de préparation en pharmacie en milieu hospitalier.

Inffo Flash : Quel impact humain et financier, a eu la dernière vague de décentralisation sur votre Région, notamment en ce qui concerne les formations sanitaires et sociales ?

Gina Theodore-Opheltes : Comme les autres Régions de France, nous avons été confrontés à ces nouveaux transferts dont l'état dit qu'ils sont compensés à l'euro près. Or, en 2005, la Région Guadeloupe a investi 547 369 euros dans les formations sanitaires et sociales, ce qui représente un montant bien supérieur aux compensations de l'état. Pour l'instant, nous n'avons pas encore signé les conventions de mise à disposition d'agents pour gérer ce nouveau département. Cependant, nous savons qu'il y a un impact, mesuré par le rapport Chevreul. Notre souci en matière de compensation, c'est que l'état nous affecte des ressources peu dynamiques qui ne prennent pas en compte les nécessaires montées en puissance qu'impliquent les réalités locales.

À bien des égards - que ce soit pour le transfert des personnels Tos de l'éducation nationale ou pour l'entretien des routes - nous sommes face à un vrai casse-tête financier.

Inffo Flash : Quelle place occupe l'apprentissage en Guadeloupe ?

Gina Theodore-Opheltes :Nous avons quatre centres de formation des apprentis, qui couvrent aujourd'hui l'essentiel des secteurs économiques. Le premier est un cen-
tre interprofessionnel géré par la Chambre de métiers, il permet d'amener nos apprentis aux niveaux V et IV soit CAP, BEP et bac pro. Ensuite, le CFA agricole, est dédié à l'agriculture avec un niveau CAP, BEP et bac pro.

Il dépend de l'établissement public local d'enseignement agricole. La gestion du troisième centre est assurée par l'Association de formation (Asfo).

Cet établissement est dédié aux métiers du tertiaire, il mène les stagiaires au niveau du BTS. _ Enfin, le quatrième CFA est une structure placée sous l'égide du Rectorat, qui prépare aux métiers de la pharmacie, de la banque et de la comptabilité. On compte en Guadeloupe plus de 1 500 apprentis sur ces quatre CFA. L'ambition actuellement est de continuer à élever les niveaux de formation, de multiplier le nombre de personnes qui choisissent l'apprentissage, de faire de l'apprentissage une voie de professionnalisation. Mais le tissu économique de l'île, constitué en majeure partie de petites et de très petites entreprises ne facilite pas l'apprentissage. Il est encore trop difficile de trouver des formations en alternance au sein du monde économique.

Inffo Flash : Avez-vous signé des contrats d'objectifs avec des branches ?

Gina Theodore-Opheltes :Notre PRDF est en prise directe avec notre politique économique, grâce au SRDE. Cependant, nous avions déjà travaillé sur l'adéquation emploi-formation avec le Carif-Oref. Le développement de l'Argos Guadeloupe nous permet de visualiser sur un même espace, les informations et les indicateurs sur la formation, l'emploi et le marché du travail. Il permet d'avoir une bonne connaissance du territoire par filière, en matière d'emploi et de formation. Lors de l'élaboration de notre programme annuel de formation, nous avions aussi recueilli différents éléments auprès des acteurs locaux. En revanche, nous devons tenir compte des relatives faiblesses d'organisation de bien des branches d'activité.

Inffo Flash : Quels sont les efforts à accomplir en matière d'AIO, de VAE et de professionnalisation des métiers de la formation ?

Gina Theodore-Opheltes : Tous les Guadeloupéens doivent être en mesure d'accéder aux bonnes informations, quel que soit leur lieu de résidence. Nous allons donc veiller, dans le cadre du PRDF, à territorialiser cette information. Mais nous avons également mis en œuvre, avec le Carif-Oref, un portail internet qui rassemble l'ensemble de l'offre de formation disponible, ainsi que de nombreux outils pour les stagiaires. Nous travaillons également sur la professionnalisation des acteurs du réseau d'accueil, avec la mise en place d'une charte de qualité concernant les organismes de formation.

Concernant la VAE, on s'aperçoit après trois ans de mise en pratique, que les personnes de niveau III ou de niveau I qui se lancent dans cette démarche aboutissent à une validation sans trop de difficultés. Mais c'est beaucoup plus difficile pour les personnes de niveaux IV et V. Les demandeurs ont du mal à rédiger et à formaliser leurs acquis dans les dossiers. Il faudrait pouvoir les aider et nous cherchons les moyens de le faire efficacement. Enfin, il faudrait aussi pouvoir assurer plus de validation sur le territoire ou dans l'inter-régions, car les contraintes financières sont décourageantes pour certains demandeurs.

Inffo Flash : Êtes-vous satisfaits des fonds qui devraient être alloués à la Guadeloupe en tant que “région ultrapériphérique" dans le cadre de l'Objectif 1 de la future programmation des Fonds structurels 2007-2013 ?

Gina Theodore-Opheltes :Nous n'avons pas encore connaissance de façon détaillée de l'enveloppe qui nous sera allouée. Mais selon les premières informations dont nous disposons, ces fonds devraient demeurer constants. Je regrette ce statu quo, car chacun voit combien les besoins sont considérables.

Propos recueillis par René David-Aeschlimann