Marie-Noëlle

Lienemann

Dans le Nord-Pas-de-Calais, particulièrement touché par le chômage, des efforts particuliers se portent vers la formation des personnes les plus éloignées de l'emploi et/ou en voie de reconversion professionnelle. Marie-Noëlle Lienemann présente les différentes mesures prises par la Région en étroite collaboration avec ses partenaires...

Par - Le 01 juillet 2005.

Inffo Flash : La Région Nord-Pas-de-Calais s'est fixé un objectif ambitieux pour la formation des adultes sans emploi. Pouvez-vous nous en livrer les grandes lignes ?

Marie-Noëlle Lienemann : la Région est extrêmement attachée à la notion de service public de la formation professionnelle et à une véritable égalité d'accès à la formation pour tous les citoyens. Partant de là, le Conseil régional a lancé un certain nombre de mesures.

Historiquement, la rémunération des demandeurs d'emploi non indemnisés était très faible. Depuis la loi de décentralisation, nous pouvons aller au-delà et parler d'une vraie rémunération. Pour cela, nous avons investi 7 millions d'euros pour 2005 afin de mieux rémunérer les stagiaires de niveau V et inférieur sur des métiers en tension tels que le BTP, l'hôtellerie-restauration, les transports, la logistique, la mécanique industrielle... Pour ces publics très éloignés de l'emploi, la Région se positionne comme ensemblier afin que la chaîne stages - allocations de remplacement ne soit pas rompue.

Nous travaillons avec les Assédic, les Opca et l'état dans un souci de véritable complémentarité et pour que la durée des stages ne soit plus un obstacle. Nous avons aussi lancé un programme de formation aux nouvelles techno-logies destiné à toucher des personnes sans emploi, notamment des femmes au foyer dans les zones rurales ou péri-urbaines. 15 000 personnes ont d'ores et déjà eu accès à ce dispositif d'enseignement à distance appelé Tim@pass, qui s'appuie sur un réseau très dense d'APP et de cyber centres sur la Région.
L'objectif est ici de lutter contre la fracture numérique.

Inffo Flash : Qu'en sera-t-il de la formation des personnes en chômage de très longue durée éligibles aux contrats aidés par l'état ?

Marie-Noëlle Lienemann : Le 28 mai dernier, nous avons signé avec l'état un accord portant sur la conclusion de 53 000 contrats d'accompagnement dans l'emploi et contrats d'avenir dans le secteur non marchand ; établissements publics et associations. Un droit individuel à la formation de cent heures garanti par la Région est prévu dans ce cadre avec un financement mobilisant la Région, les Opca et le Fonds social européen, pour un budget global de 15 millions d'euros. Dans les zones les plus touchées par le chômage, l'état s'est engagé à un taux d'intervention maximum pour le financement de ces contrats à 80 %.

Inffo Flash : Quelle offre de VAE la Région est-elle en mesure de faire, notamment en direction des personnes contraintes à une reconversion professionnelle tardive ?

Marie-Noëlle Lienemann : Nous nous sommes fixé un doublement du nombre de personnes accomplissant un parcours de VAE complet aboutissant à une certification. Elles étaient 1 800 dans ce cas en 2005 sur la Région. Notre objectif est donc de 3 600 en 2006. Bien sûr, il s'agit d'un objectif partagé avec l'état et les partenaires sociaux. Une commission ad hoc s'y emploie au sein du Comité de coordination régional pour l'emploi et la formation professionnelle.

Le Conseil régional travaille par ailleurs à un chèque VAE permettant de financer l'accompagnement du montage et des frais de dossier. Nous travaillons aussi avec les branches afin de recruter des professionnels dans les jurys et bien sûr nous finançons le fonctionnement de quatre-vingt-dix Points relais conseil en VAE sur la région.

Inffo Flash : La Région Nord-Pas-de-Calais est réputée pour développer un partenariat intensif avec les partenaires sociaux. Quels sont vos grands chantiers de coopération avec les branches professionnelles ?

Marie-Noëlle Lienemann : En effet, nous avons passé plusieurs accords avec les branches dont le textile et la mécanique. Le schéma régional de formation qui s'étend sur plusieurs années essaie de prévoir les besoins en formation branche par branche. Les relais techniques territoriaux de la Région jouent aussi un rôle précieux dans l'application de ses politiques de formation au niveau des bassins d'emplois.

Inffo Flash : Le dialogue entre l'état et les Régions a été parfois difficile, en particulier pour les Maisons de l'emploi. Une récente convention avec l'ARF vient de fixer leurs rôles respectifs. La question vous semble-t-elle résolue ?

Marie-Noëlle Lienemann : Nous n'avons jamais voulu que ces Maisons soient réservées aux demandeurs d'emplois. Mais plutôt basées sur l'universalité des droits. Des cadres supérieurs cherchant une nouvelle orientation de carrière doivent y voisiner avec des chercheurs d'emploi. Cela ne doit pas être un lieu “scotché" à l'image du chômage. De même, la formation doit y avoir un réel droit de cité, qui ne doit pas non plus être liée de façon univoque au chômage, à de brutales reconversions et à des “stages parkings".

Les Conseils régionaux seront saisis pour avis avant la labellisation des structures, mais nous souhaitons avant tout que ces structures, soient aussi des maisons de la formation, de façon lisible et accessible au grand public.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann