Moncef

Ben Saïd

Tunisie

L'ouverture vers l'entreprise et
le développement de la démarche qualité.

"Je souhaite voir le centre de gravité de la formation professionnelle migrer vers les entreprises", a déclaré Moncef Ben Saïd, secrétaire d'État chargé de la formation professionnelle, dans un entretien accordé à Inffo Flash, le 16 décembre 2004 à Tunis.

Par - Le 01 janvier 2005.

Inffo Flash : Quelles sont les priorités actuelles du gouvernement tunisien en matière de formation ?

Moncef Ben Saïd : Avec une croissance supérieure à 5 % par an, la Tunisie est actuellement un pays économiquement émergent. Elle a réussi ce pari grâce à des investissements importants dans le secteur de l'éducation et des ressources humaines. Pour accompagner ce développement, le gouvernement tunisien a engagé depuis 1990 une réforme du système de formation professionnelle. Le programme de mise à niveau de la formation professionnelle, Manforme 1, mis en œuvre entre 1995 et 2001, cofinancé par l'Agence française de développement, a eu notamment pour objectifs de renforcer la qualité et l'efficacité du système de formation public et privé et de répondre aux besoins du système productif. Une des priorités du projet Manforme 2, actuellement en cours, est le développement de l'offre de formation privée. Le secteur privé est appelé à réaliser entre 15 et 20 % des actions de formation, objectif ambitieux, sa part actuelle étant de 7 %, notamment dans le secteur des services.

Inffo Flash - Quel soutien apportez-vous aux entreprises qui investissent dans la formation ?

Moncef Ben Saïd : Le secrétariat d'État à la Formation professionnelle encourage les activités liées à la formation continue des entreprises. Différents instruments d'intervention, gérés par le Centre national de formation continue et de promotion professionnelle, le CNFCPP, qui joue un rôle voisin des Opca français, ont été mis en œuvre. Ils assurent le remboursement d'une partie de la taxe payée par les entreprises au titre de la formation professionnelle (dite “ristourne"). Les entreprises non assujetties à la taxe de formation professionnelle ou ayant épuisé leurs droits à la ristourne perçoivent des aides complémentaires dans le cadre du Programme national de formation continue, Pronafoc. Les investissements technologiques des entreprises du secteur industriel, agricole ou de la pêche bénéficient d'un appui financier. Des financements sont destinés au diagnostic des besoins de formation. Enfin, des aides appuient la création de centres de formation d'entreprise (centres intégrés) ou interentreprises, et encouragent la formation dans les très petites entreprises qui se regroupent.

Inffo Flash : Quels sont les projets en cours ?
Moncef Ben Saïd - Malgré les efforts de communication importants menés par le CNFCPP : dépliants, portes ouvertes aux entreprises, appui à l'élaboration des dossiers de demande, de nombreuses entreprises n'utilisent pas toutes ces possibilités de financement et les fonds collectés au titre de la taxe sur la formation professionnelle (TFP) sont loin d'être tous utilisés. Toutes les entreprises sont assujetties à la TFP, à l'exception des sociétés exportatrices et de l'agriculture. Les entreprises de produits manufacturés versent 1 % de leur masse salariale au titre de cette taxe, alors que celles de produits non manufacturés versent 2 %. Une réforme de ce système de financement est actuellement en cours afin de faciliter les démarches aux petites entreprises. Il convient de solliciter l'entreprise pour qu'elle devienne formatrice et participe à la formation de son capital humain, et l'État interviendra pour financer certaines spécialités qui répondent à des normes qualité, notamment dans le domaine de la prestation de services à l'exportation.

Propos recueillis par Henriette Perker