Noël

Roger

Le Conseil régional d'Aquitaine a organisé, le 15 février, une journée “Compétences et entreprises artisanales", consacrée à l'accord “Comafoa" (compétences des actifs par la formation dans l'artisanat) signé entre la Région et la Chambre régionale de métiers en 2001.

Par - Le 15 mars 2007.

Inffo Flash : Quel était l'objet de cette journée, et qu'est-ce qui caractérise l'action “Comafoa" ?

Noël Roger : Cette journée était destinée à faire le point sur les enjeux et les pratiques en matière de gestion des compétences dans les entreprises artisanales et à présenter le dispositif de soutien Comafoa élaboré par le réseau des Chambres de métiers d'Aquitaine, avec l'appui financier du Conseil régional et de l'État. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre d'un accord entre la Région Aquitaine et la Chambre régionale de métiers signé le 2 avril 2001 pour le développement de la formation professionnelle des artisans et entreprises artisanales. Cet accord entrait dans le cadre du contrat de plan État-Région 2000-2006. Le dispositif s'adresse aux TPE qui n'ont pas la possibilité de développer une vraie gestion des ressources humaines. Il a pour objectif de mettre en œuvre une ingénierie permettant de connaître le métier exercé dans l'entreprise, d'évaluer les besoins de formation des salariés, d'identifier les contenus de formation des “actifs" avec la participation des entreprises pour la mise en œuvre d'un plan de formation plus abouti. Dans ce cadre, la Chambre de métiers aide les petites structures à mieux gérer leurs compétences et mieux
former leurs salariés.

Dans cette perspective, un inventaire a été mené pendant un an (2000-2001) sur les domaines de compétences des entreprises à partir du référentiel métiers de la Chambre de métiers et les compétences exercées au sein des entreprises de quatre grands secteurs d'activités (bâtiment, production, services, alimentation). L'idée étant de permettre la meilleure adéquation possible entre la qualification de l'“actif" et les compétences requises pour l'exercice de son métier. À ce jour, cette action s'est traduite par la mise en ligne de 100 référentiels métiers pour ces quatre grands secteurs d'activités, dont 11 sont consolidés, même si, pour certains, il a été nécessaire de reconsidérer leur contenu dans leur intégralité, et environ 600 “situations types". Par ailleurs, en 2006, 5 référentiels supplémentaires ont été réalisés.

Inffo Flash : À partir de là, comment les actions de formation ont-elles été élaborées ?

Noël Roger : Le programme Comafoa a débuté en octobre 2002 à travers la réalisation du référentiel d'“activités" et par l'élaboration d'une méthodologie portant sur la compétence des actifs dans l'artisanat. Cette réalisation a conduit à la définition de modules de formation
et à la mise en place d'une plate-forme technologique ayant pour tâche la gestion des référentiels, la production de plans de formation (environ de 400 à 500 par an) et l'offre de modules de formation en parcours individualisés. Bien entendu, la mise en place du droit individuel à la formation (Dif) a donné lieu à un nouveau plan d'action complémentaire à celui mis en place pour le plan de formation. La modularisation permet d'individualiser les parcours de formation des actifs des entreprises artisanales, afin de répondre au mieux aux besoins de l'entreprise et de ses salariés. De plus, ce système de validation d'unité de diplôme donne, pour certains, l'accès par la validation des acquis de l'expérience (VAE) à des diplômes ou des certifications auxquels ils n'auraient pas pu prétendre autrement. Par ailleurs, la démarche Comafoa a
fait l'objet d'une présentation à la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) afin que les unités modulaires de compétences des référentiels d'activités et des référentiels de formation puissent être inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles.

Enfin, en consultant en ligne la plate-forme Comafoa, on constatera qu'elle contient une identification de l'entreprise, une synthèse analytique de ses points forts et de ses points faibles, l'évolution du référentiel métier sur lequel elle se situe ainsi que ses activités connexes. Concernant la formation, on y retrouve les procédures qui visent à créer un plan de formation contenant les besoins de l'entreprise du métier et du salarié : chaque actif de l'entreprise est identifié par une fiche comprenant un “compteur" Dif.

Inffo Flash : Dans la mesure où certains besoins en formation ont été définis, de quelle manière l'offre répond-elle ?

Noël Roger : La réponse formation est essentielle et doit être totalement intégrée, si l'on ne veut pas remettre en cause la démarche. Aujourd'hui, l'ensemble de l'appareil de formation, qu'il s'agisse des centres de formation d'apprentis (CFA) ou des organismes de formation continue, est en voie d'adaptation d'une nouvelle ingénierie de formation pour proposer des réponses adaptées aux besoins des entreprises, par des modules de formation souvent relativement courts et bien ciblés. Les organismes de formation s'adaptent de mieux en mieux à cette demande précise par une approche plus individuelle que collective intégrée dans des modules de formation.

Inffo Flash : Quels enseignements tirez-vous de cette journée dédiée à ce dispositif, et quelle va être la suite de l'opération ?

Noël Roger : Cette première réunion nationale a été, je crois, très positive pour l'ensemble des nombreux participants, qui sont venus de tout l'Hexagone. Elle a bien montré le grand intérêt et les enjeux de cette approche innovante d'une nouvelle gestion des compétences par la formation au sein des petites entreprises. Ce dispositif a vocation à essaimer sur tout le territoire. De très nombreuses Chambres de métiers et beaucoup de Conseils régionaux sont dorénavant porteurs de cette démarche. Un fait s'impose à tous : les solutions les plus pertinentes en matière de gestion prévisionnelle des compétences et de formation sont celles qui se construisent au plus près et avec les acteurs concernés. “Comafoa" en est la parfaite illustration.

Nul doute qu'elle trouvera dans l'avenir “espace et reconnaissance" sur tout le territoire.

Propos recueillis par Philippe Grandin