Pierre

Burban

"Nous défendons le principe de l'obligation légale".

L'UPA (Union professionnelle artisanale), rassemble près de cinquante fédérations professionnelles. En tout, 920 000 entreprises, dont les besoins sont importants, indique Pierre Burban, son secrétaire général, qui entend les voir pris en compte par les négociations en cours et à venir.

Par - Le 15 octobre 2008.

IF - La négociation vient de s'engager sur la formation continue des adultes. Comment se positionne l'UPA sur l'obligation légale, ardemment défendue par la CGPME[ 1 ]Voir Inffo Flash n° 730, p. 5.  ?

P. B. - Le premier accord que nous ayons signé en tant qu'organisation patronale portait sur la formation continue, fixant à 0,10 % de la masse salariale l'obligation de contribution à la formation pour les entreprises de moins de dix salariés. En 1991, elle est devenue légale. En tant qu'organisation patronale, nous défendons le principe de l'obligation légale, garantie de financement par mutualisation pour nos petites entreprises. Ce qui nous différencie sur ce point de la CGPME, c'est que nous ne sommes pas opposés à creuser la question du taux de cette obligation légale aujourd'hui à 0,55 % pour les entreprises de moins de dix salariés. Nous voulons bien avancer.

IF - Le gouvernement pousse beaucoup les partenaires sociaux à réfléchir sur les moyens de faire accéder plus de personnes fragilisées ou hors-emploi à la formation continue qualifiante. Comment faire ?

P. B. - D'abord, ne négligeons pas les salariés en place. Il ne faut pas déshabiller Paul pour habiller Jacques. L'adaptation des qualifications est très importante pour maintenir les gens dans l'emploi. De ce point de vue, la négociation sur la formation professionnelle qui vient de s'ouvrir ne peut être dissociée de celle sur la GPEC et celle sur la convention d'assurance chômage, qui a débuté le 15 octobre et doit prévoir des mesures actives de lutte contre le chômage, y compris par la formation.

Il faut certainement faire un effort sur le nombre de contrats de professionnalisation à la disposition des sans-emploi. Nombre d'entre eux seraient susceptibles de se reconvertir dans des métiers de l'artisanat où nous peinons à recruter... Nous sommes par ailleurs satisfaits qu'un groupe de travail sur l'orientation et un autre sur la VAE soient associés à la négociation formation. Il y a encore beaucoup à faire du côté des jeunes, dont 100 000 rappelons-le, quittent l'enseignement scolaire sans qualification. La voie de la VAE est très certainement à approfondir dans nos métiers, où l'expérience est fondamentale dans la qualification.

IF - L'UPA est-elle demandeuse d'une réflexion particulière du côté de l'offre de formation, qui fait l'objet d'un autre groupe de travail ?

P. B. - Certainement, pour l'artisanat c'est la taille de l'entreprise et non le secteur qui est déterminante dans l'offre. Celle-ci se doit d'être globale, étant donné la faiblesse usuelle des effectifs des entreprises artisanales et la polyvalence dans nos métiers. À ce sujet, les expériences de groupements d'employeurs n'ont pas été très concluantes pour la formation. Des formations courtes et modulaires me semblent une meilleure garantie pour l'entreprise artisanale.

IF - Anne de Blignières[ 2 ] Voir Inffo Flash n° 731, p. 7. a été nommée par Hervé Novelli, secrétaire d'État en charge des PME, présidente d'un groupe de travail sur l'évolution des qualifications dans l'artisanat. Était-ce selon vous nécessaire, et pourquoi maintenant ?

P. B. - Question calendrier, c'est indubitablement le rapport Attali qui a souhaité ouvrir certaines professions de l'artisanat sans exigence de qualification pour, selon lui, développer l'activité. Or, depuis la loi Raffarin du 7 juillet 1996, l'exigence en termes de qualifications a été généralisée à un minimum de niveau V à l'ensemble des métiers de l'artisanat. Nous n'allons pas revenir en arrière. Car enfin, comment accepter d'être surveillés de près sur les risques professionnels et à la fois voir assouplies les conditions d'accès à nos métiers ? C'est ce que nous avons dit à Anne de Blignières. Il n'y a pas de problèmes de qualification dans l'artisanat, nous sommes très présents dans les CPC (commissions professionnelles consultatives).

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann

Notes   [ + ]

1. Voir Inffo Flash n° 730, p. 5.
2. Voir Inffo Flash n° 731, p. 7.