Stéphane

Lardy

“Les Opca ont l'immense avantage de concevoir des politiques de branche".

Le nouveau rapport apparaît comme une provocation pour Stéphane Lardy, secrétaire confédéral CGT-FO en charge de la formation, et négociateur de la réforme en cours.

Par - Le 15 octobre 2008.

Inffo Flash - Le rapport de la Cour des comptes paraît au lendemain du début de la négociation. Pourquoi, selon vous ?

Stéphane Lardy - La date de parution de ce énième rapport n'est pas une coïncidence. Cela devient grotesque, tous ces rapports. Nous ne sommes pas dupes de cette “mise en condition".

IF - Que pensez-vous de la proposition d'une collecte commune par les Urssaf ?

S. L. - La Cour des comptes a seulement une vision financière, et s'inscrit, par ses préconisations, dans une logique d'étatisation du système de formation professionnelle. Or, le rapport Ferracci a réaffirmé l'utilité et la nécessité des Opca. Pourquoi toujours tout remettre en question, si ce n'est pour des raisons politiques ? Les Opca gérés paritairement ont l'immense avantage de concevoir des politiques de branche essentielles à la mise en place de la GPEC. C'est ce que dit l'Igas dans son rapport de mars dernier sur les Opca et dans celui à paraître sur la GPEC.

IF - Les pouvoirs publics aimeraient associer plus étroitement les partenaires sociaux à la formation des chômeurs. Comment réagissez-vous ?

S. L. - Je renvoie à leurs responsabilités les acteurs du service public de l'emploi pour ce qui concerne les chômeurs. Un fait est certain, le gouvernement manque d'argent pour conduire sa politique de l'emploi. Or, ce n'est pas aux fonds de la formation professionnelle continue des salariés de régler le problème de l'emploi et de la formation des chômeurs indemnisés. J'estime que les partenaires sociaux se sont déjà engagés de leur plein gré dans cette voie avec l'Ani du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail.

IF - Le rapport de la Cour des comptes préconise, comme le rapport Carle, la mise en place de fonds régionaux pour la formation. Cette hypothèse semblait écartée...

S. L. - En effet, Christine Lagarde avait elle-même entériné le rejet de cette option. On sait bien que les “conférences des financeurs" peuvent aboutir à une mainmise des préfets de région sur ces fonds. Nous nous en tenons au travail conventionnel, avec transferts de fonds vers le Fup pour financer des programmes régionaux précis. Les partenaires sociaux acceptent donc de s'investir dans certaines conditions.

IF - La Cour reparle également de la fin de l'obligation de 0,9 % pour le plan, ou de sa diminution. Quelle est votre position ?

S. L. - Nous sommes prêts à bouger sur cette question, mais attention : moins d'obligation ne doit pas vouloir dire absence d'obligation. _ On pourrait imaginer une obligation interprofessionnelle conventionnelle, mais la logique de branche risquerait d'en consacrer de “riches" et de “pauvres" : nous sommes contre. Si l'on s'en tient à l'option interprofessionnelle, nous ne ferons quand même pas l'économie d'une réflexion sur les déclinaisons de cette obligation interprofessionnelle, les règles d'imputabilité, l'impact sur les Opca. L'avantage, par contre, serait de ménager un meilleur accès des PME à la formation.

Propos recueillis par R. D.-A.