Denis Boissard

Par - Le 01 janvier 2014.

Agir pour l'insertion dans l'industrie : retour
sur expérience

Comment l'ancien rédacteur en chef
de Liaisons sociales magazine s'est-il
retrouvé à la tête d'un fonds de l'UIMM [ 1 ]Union des industries et métiers de la métallurgie ?
Constatant l'existence de fonds issus de l'Epim [ 2 ]Caisse noire de la métallurgie au coeur du
procès des anciens dirigeants de l'UIMM.
Le jugement sera rendu public ce mois de janvier.
Voir L'Inffo n° 843, p. 23
la nouvelle équipe dirigeante de l'UIMM [ 3 ]Frédéric Saint-Geours et Jean-François Pilliard,
respectivement président et délégué général de
l'UIMM.
a
souhaité les utiliser sur des engagements
citoyens, à des fins d'intérêt général. C'est dans
ce contexte que j'ai été recruté en juin 2009.

Pourquoi avoir créé le fonds A2i ?

Dans la mesure où l'industrie ne trouve pas
facilement les compétences dont elle a besoin
sur le marché du travail, l'idée est d'aller
chercher les gens plus loin : chômeurs de longue
durée, jeunes peu ou non qualifiés, femmes de
retour sur le marché du travail après plusieurs
années consacrées à leur famille, travailleurs
handicapés… Notre objectif est d'aider les
entreprises industrielles, et notamment les PME,
à trouver de nouveaux candidats, quitte à mettre
ceux-ci au niveau requis pour qu'ils puissent
entrer en formation qualifiante.

Il n'y a en effet plus d'ouvriers non qualifiés
dans la métallurgie. Pour devenir soudeur,
chaudronnier, ajusteur, vous devez avoir une
qualification, un diplôme. Or, la plupart des
chômeurs de longue durée et des jeunes sans
qualification ne peuvent entrer directement
en formation qualifiante. Ils doivent être remis
à niveau dans leurs connaissances de base,
en mathématiques notamment, apprendre
ou réapprendre les codes de l'entreprise. Par
exemple, pour les jeunes des quartiers, arriver
à l'heure le matin, parler correctement à son
supérieur hiérarchique… Sans compter les
problèmes de mobilité, de logement, ou de santé
qu'il faut au préalable résoudre.
Le fonds A2i a la chance de pouvoir s'appuyer
sur le réseau territorial de la métallurgie, avec
ses 75 UIMM territoriales, présentes dans tous
les grands bassins d'emploi industriels. Ainsi
que sur l'appareil de formation de la métallurgie,
et notamment ses nombreux CFA. Grâce à ce
double réseau professionnel et de formation, nous
pouvons construire, avec d'autres partenaires
− notamment des structures de l'insertion par
l'activité économique −, des réponses de terrain
adaptées à ces publics pour les conduire vers la
formation qualifiante et l'emploi.

Quel type d'actions soutenez-vous ?

Pour l'essentiel, nous soutenons trois types
d'actions.
Des programmes visant à remettre sur les
rails des jeunes décrocheurs de l'école ou de
l'Université, pour leur permettre de poursuivre
des formations vers les métiers industriels.
Des sas d'insertion et de pré-qualification, pour
permettre aux jeunes et adultes en difficulté
d'accéder à des formations qualifiantes et à des
emplois dans l'industrie, notamment via des
partenariats avec des entreprises ou chantiers
d'insertion.
Des mises à disposition de salariés en
insertion au sein d'entreprises industrielles
préalablement à leur recrutement, via des
groupements d'employeurs pour l'insertion et la
qualification (Geiq) ou des entreprises de travail
temporaire d'insertion (ETTI).

Cela représente combien d'actions de
formation ?


Depuis la création du fonds, nous avons
soutenu 109 actions de terrain, la plupart en
cours de réalisation, qui, lorsqu'elles seront
terminées (beaucoup sont pluriannuelles),
permettront à quelque 12 800 jeunes ou
adultes d'accéder à une formation qualifiante
et/ou à un emploi durable. Et, pour les
financer, nous avons dépensé pratiquement
12 millions d'euros de subventions. Chaque
structure aidée s'engage sur un nombre
de gens qui seront accompagnés vers la
formation et vers l'emploi. Fin 2012,
5 500 personnes étaient en parcours de
formation qualifiante ou en emploi (CDI ou
CDD de plus de six mois).

Ce programme va-t-il être pérennisé ?

La gouvernance de l'UIMM a récemment
décidé de prolonger l'action du fonds,
initialement créé jusqu'en 2013, pour
cinq nouvelles années. Notre objectif est
aujourd'hui, à partir d'une série d'audits, de
construire un guide méthodologique par grand
type d'actions pour permettre aux UIMM
territoriales de les déployer plus facilement
(par exemple, si vous voulez mettre en place
un Geiq, voilà comment vous y prendre). L'idée
est de capitaliser sur les actions que nous
estimons pertinentes et efficaces et de les
diffuser plus largement dans les différentes
régions.

Propos recueillis par David Garcia

Notes   [ + ]

1. Union des industries et métiers de la métallurgie ?
2. Caisse noire de la métallurgie au coeur du
procès des anciens dirigeants de l'UIMM.
Le jugement sera rendu public ce mois de janvier.
Voir L'Inffo n° 843, p. 23
3. Frédéric Saint-Geours et Jean-François Pilliard,
respectivement président et délégué général de
l'UIMM.