Emmanuelle

Pérès

Par - Le 15 mars 2014.

“La démarche d'évaluation va devenir
de plus en plus systématique"

Comment les prestataires intègrent-ils
la formation ?


Ils explicitent le cahier des charges en amont
avec leur client afin d'atteindre les résultats
escomptés. L'organisme de formation n'est
qu'une des parties prenantes de l'évaluation.
Si on envoie en formation quelqu'un qui n'a pas
les prérequis, pas la motivation pour suivre la
formation ou qui ne pourra s'en servir de retour
dans son entreprise, le retour sur investissement
ne sera pas élevé, quelle que soit la performance
de l'organisme de formation. Il faut non
seulement que les formations soient de bonne
qualité, mais aussi qu'elles soient bien en ligne
avec la stratégie de l'entreprise, ses besoins et
ceux du salarié. L'évaluation doit donc aborder
ces différents aspects.

L'évaluation va-t-elle jouer un rôle plus
important ?


Jusqu'à la mise en application de la nouvelle loi
du 5 mars 2014, dans les entreprises se limitant
à répondre à leurs obligations légale et fiscale, le
responsable formation n'avait pas à convaincre
de la nécessité ou de l'utilité des actions de
formation. Dans les grandes entreprises et les
branches qui vont bien au-delà de cette obligation
fiscale, la notion de retour sur investissement est
déjà intégrée. L'organisme de formation joue un
rôle important dans la mesure où il doit assurer
que sa prestation répond bien aux demandes
du client et aux besoins de compétences des
stagiaires. De plus, cette nouvelle loi met en avant
les formations qualifiantes et certifiantes pour
le compte personnel de formation : la démarche
d'évaluation sera donc systématique. Pour
s'imposer et décrocher un marché de formation,
l'organisme de formation devra proposer une
offre qui permette au client d'espérer un meilleur
ROI [return on investment], et au stagiaire le
maintien et le développement de ses compétences
professionnelles.

L'organisme de formation peut-il chiffrer
ce ROI de son offre ?


L'organisme de formation ne peut pas démontrer
à l'entreprise le retour qu'elle peut attendre
d'une action de formation. Cela nécessiterait
qu'il dispose d'une information précise et de
qualité sur la gestion de l'entreprise cliente,
ce serait une intrusion très discutable dans le
fonctionnement de l'entreprise en dehors d'une
mission de conseil en ingénierie de formation
spécifique. Il doit, néanmoins, démontrer que les
personnes qui suivront les formations proposées
auront acquis tout ou partie des compétences
prévues dans les objectifs négociés avec le
client. À l'entreprise d'estimer quelles sont les
compétences stratégiques pour sa performance
et celle de ses collaborateurs. Cependant, pour
aider les entreprises, des études menées par la
FFP visent à montrer l'impact de la formation sur
la performance des salariés et des entreprises.
Les indicateurs diffusés lors du colloque organisé
voici un peu plus d'un an à Bercy [ 1 ]Colloque “La formation professionnelle,
un investissement majeur pour la compétitivité
durable", le 18 février 2013. L'Inffo n° 830, p. 10.
permettent
ainsi de mesurer les impacts économiques, et
sociétaux au sein des entreprises.

Propos recueillis par Célia Coste

Notes   [ + ]

1. Colloque “La formation professionnelle,
un investissement majeur pour la compétitivité
durable", le 18 février 2013. L'Inffo n° 830, p. 10.