Daniel

Opic

Le Conseil régional a décidé de mettre en place un service public de formation à destination des demandeurs d'emploi et des personnes peu qualifiées – un SSIEG (service social d'intérêt économique général). Et a fait le choix du “mandatement direct", une forme d'achat de formation qui ne relève ni du marché ni de la subvention.

Par - Le 28 janvier 2009.

Inffo Flash - Pourquoi un SSIEG est-il à votre sens le dispositif le plus pertinent pour la formation des demandeurs d'emploi et des personnes peu qualifiées ?

Daniel Opic - La Région Poitou-Charentes enregistre un niveau de qualification inférieur à la moyenne nationale. Sa population préfère les études courtes, jusqu'au BTS. Ce n'est pas un hasard si notre région a le plus fort taux d'apprentis. Il nous a fallu construire un outil de formation adapté à ces publics. De fait, nous avons fait le choix d'un service public dès 2006, dans le cadre du schéma régional de formation et, après avoir mis en place et évalué les modalités de formation spécifiques, nous avons pu définir les conditions optimales d'acquisition d'une qualification pour les personnes de niveaux VI et V. Nous avons ainsi défini le périmètre et les conditions d'un service d'intérêt général.

IF - Envisagez-vous d'abonder le “programme opérationnel vers l'emploi"[ 1 ]Animé par Pôle emploi et financé
par les entreprises, Pôle emploi, l'État (400 heures de formation à la clé)
et le Fonds paritaire de sécurisation
des parcours professionnels.
proposé dans l'Ani du 7 janvier dernier ?

D. O. - Comme nous l'avons toujours fait, notamment à travers la conférence des financeurs, nous sommes prêts à rencontrer les partenaires de l'emploi pour mettre en œuvre des actions complémentaires afin de répondre aux besoins des entreprises et des personnes sur le territoire régional. Nous avions une convention avec l'Assedic, qui nous a permis de former 500 personnes en 2008. Nous espérons pouvoir continuer cette collaboration intelligente et efficace avec le nouvel opérateur.

IF - Les prestations que vous proposez – accueil, orientation, préformation, formation, hébergement, restauration – ressemblent fort à celles de l'Afpa. À qui allez-vous les confier ?

D. O. - Le choix d'un service public de la formation n'est pas un choix d'opportunité. Certains y ont vu une corrélation avec la fin de la convention liant l'Afpa à l'État. Il n'en est rien. Nous demandons simplement aux acteurs de rentrer dans une logique d'accueil, de continuité, de durée. Les volumes de formation sont relativement importants… Quand on regarde ce qui a fonctionné en direction des publics éloignés de l'emploi, on voit bien que c'est lorsqu'il y a eu individualisation des prestations que cela fonctionne. Des Gréta, des CFPPA, ainsi que la rectrice de l'académie nous ont fait part de leur intérêt pour ce dispositif.

Pour assurer le droit à la formation de ces publics, nous avons fait le choix du mandatement direct, une forme d'achat de formation qui ne relève ni du marché ni de la subvention, mais souscrit aux obligations imposées par la législation européenne en matière de transparence et de non-discrimination.

IF - Comment se caractérise cette procédure dite de “mandatement direct" ?

D. O. - Il est nécessaire de mettre en place trois jurys successifs. Le premier examine l'adéquation entre candidatures et obligations, la continuité de l'offre, sa qualité, son accessibilité. Il est composé d'élus, d'experts, d'organismes professionnels. Un second jury examine les aspects financiers, notamment l'assise financière du prestataire. Le troisième jury s'occupe de préciser sur quels périmètres de formation les organismes interviendront. C'est une procédure que nous avons fait valider par des experts européens.

IF - Une réforme des collectivités locales est en cours de réflexion, et les compétences des Régions pourraient être modifiées. Par ailleurs, l'Ani du 7 janvier évoque peu leur rôle. Quelle est votre analyse ?

D. O. - En effet, dans cet Ani, les Régions ne figurent que comme partenaires financiers. Or, c'est au niveau des CCREFP que les conventions de partenariat financier pour la formation des plus éloignés de l'emploi devraient être négociées. Quant à la compétence formation des Régions, et malgré l'étude du cabinet Mensia pour l'ARF, qui montre comment les Régions se sont saisies avec pertinence des opportunités offertes par la décentralisation, on peut s'attendre à tout du gouvernement.

Je crois cependant difficile de faire machine arrière : l'échelle est pertinente, la formation est entrée dans la culture des Régions, nous avons les personnels et les systèmes d'analyse de besoins et d'évaluation.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann

Notes   [ + ]

1. Animé par Pôle emploi et financé
par les entreprises, Pôle emploi, l'État (400 heures de formation à la clé)
et le Fonds paritaire de sécurisation
des parcours professionnels.