Les métiers du grand âge, gisement d'emplois non délocalisables
Les métiers du grand âge ? “Des emplois locaux, non délocalisables et répartis sur l'ensemble du territoire : un véritable gisement d'emplois", a rappelé Nora Berra, secrétaire d'État chargée des Aînés, à l'occasion de l'inauguration du salon qui leur était consacré les 7 et 8 avril, à Paris. “Changer le regard sur ces métiers, c'est changer le regard sur les personnes âgées."
Par Nicolas Deguerry - Le 16 avril 2010.
Un changement souhaité par tous, à commencer par Joël Riou, directeur de Géroscopie et organisateur du salon. “Le secteur souffre d'un déficit d'image terrible", explique-t-il, en présentant ses objectifs : “Il s'agit à la fois de permettre aux gens de se rencontrer et de valoriser les métiers." Des métiers qui représentent “400 000 emplois dans les cinq à dix ans, 200 000 nouveaux et 200 000 remplacements".
Un contexte non démenti par les organismes de formation venus présenter leur offre, à l'instar de l'IRTS Île-de-France Montrouge Neuilly-sur-Marne. “Tous les métiers auxquels nous préparons connaissent quasiment plus d'offres d'emploi que de diplômés", déclare Marie-Christine Girod, formatrice et responsable de la communication. En premier lieu concernés, “les auxiliaires de vie sociale et les aides médico-psychologiques", très demandés “à la fois du fait du vieillissement de la population et de l'envie que la personne reste le plus longtemps possible en milieu ordinaire". Également en tension, les “éducateurs spécialisés", qui doivent, eux, faire face aux départs à la retraite des personnes entrées en fonction dans les années 1960. “Le gros problème", souligne-t-elle, “c'est la désaffection des jeunes". Pourquoi ? Sans doute avant tout pour “un problème de communication", estime-t-elle. “Le secteur a trop longtemps fonctionné en circuit fermé, personne ne sait ce qu'est un travailleur social". Se refusant à accuser les rémunérations, Marie-Christine Girod évoque des métiers “qui ne paient pas plus mal que les autres, avec des conventions collectives avantageuses", notamment en termes de congés. Autre élément positif à ses yeux, la possibilité d'évoluer : “Qui commence avec un niveau CAP peut aller jusqu'à un poste de direction." Et de souligner que “toutes les formations sont accessibles par la voie de la formation continue" et ouvertes aux salariés comme aux demandeurs d'emploi, “la plupart d'entre elles étant soutenues financièrement par la Région".
À qui s'adressent ces métiers ? “Ce ne sont pas des métiers faciles mais intéressants à bien des égards. Beaucoup de gens y parviennent à l'occasion d'une reconversion et découvrent qu'il y a des possibilités de mixage entre leurs savoir-faire d'avant et leurs nouvelles missions". Témoin de la diversité des possibilités de formation, le Centre d'enseignement multimédia universitaire de Caen (Cemu, qui propose trois diplômes universitaires de spécialisation [ 1 ]Prévention des infections nosocomiales et qualité des soins ; Gérontologie sociale ; Qualité, évaluation et certification. et un master “Management du social et de la santé", uniquement en formation ouverte et à distance. Une formule qui permet d'accueillir environ 120 étudiants “originaires de toute la France et de l'étranger", précise Sabine Crevits, responsable administrative du Cemu.
Et parce qu'une prise en charge des aînés qui ne serait que médicale serait partielle, apparaît également la nécessité de renforcer les métiers de l'animation. Encore peu significatif en termes quantitatifs, le secteur voit cependant fleurir de nouvelles formes d'intervention. Exemple avec Fabrice Jordier, ancien animateur en maison de retraite et jeune créateur d'Animusic, société créée voici dix-huit mois pour proposer des prestations d'animation participative centrée sur la musique. “Pour ne pas les cantonner à leur passé, je leur donne la parole en utilisant la musique de 2010 : du rock, du rap, du jazz… mais pas de guinguette", s'amuse-t-il. Et à en juger par les images d'un spectacle tourné dans dix maisons de retraite d'Île-de-France et de Martinique, ça marche !
Deuxième édition nationale à ce jour, le Salon des métiers du grand âge pourrait connaître des déclinaisons régionales.
Un portail pour les métiers du grand âge
Lancé par Géroscopie, le portail des métiers du grand âge a été inauguré au premier jour du salon. Il fédère trois sites créés début 2010 : le premier est dédié au salon, le second au recrutement et le troisième à la diffusion d'informations professionnelles à destination de tous les publics.
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Notes
1. | ↑ | Prévention des infections nosocomiales et qualité des soins ; Gérontologie sociale ; Qualité, évaluation et certification. |