Expectra s'intéresse aux métiers en tension
Par Nicolas Deguerry - Le 01 novembre 2010.
Filiale du groupe Randstad France spécialisée dans le recrutement en CDI et intérim de profils hautes compétences, Expectra publie son premier guide des métiers en tension[ 1 ]Guide 2010 des métiers en tension, Expectra, septembre 2010. . Sont considérés comme relevant d'un métier en tension, précise d'emblée Jean-Baptiste Bruneau, responsable marketing clients et pilote de l'étude, les profils qui répondent positivement aux deux questions suivantes : “Est-ce un profil très recherché par les entreprises ? Est-il difficile de le recruter ?"
Une situation certes paradoxale dans un contexte de chômage, mais qui a pourtant tendance à se développer. Ainsi l'étude d'Expectra a-t-elle permis d'identifier 19 profils dans quatre filières métiers : informatique et télécoms, ingénierie et industries, comptabilité et finance, commercial et marketing.
Présentés sous forme de fiches pratiques, les résultats s'appuient sur un travail d'enquête qualitative réalisé auprès des 400 collaborateurs de la filiale et de 7 000 professionnels des métiers observés, croisé à l'analyse qualitative des sites emplois partenaires, RegionsJob.com et LesJeudis.com.
L'intérêt est à la fois de révéler la complexité des sources de tension, d'esquisser des tendances et de formuler des recommandations. Un profil peut ainsi se révéler en tension pour de très nombreuses raisons. Bien sûr par manque d'attractivité du salaire ou pénurie de compétences, mais aussi par méconnaissance du secteur ou manque de visibilité sur le contenu réel de la mission ou les perspectives d'évolution. À ces facteurs objectifs s'ajoutent un rejet du risque, que l'on retrouve d'ailleurs, selon Jean-Baptiste Bruneau, autant chez les recruteurs qui feraient preuve d'une tendance exagérée à recruter les mêmes profils, que chez les professionnels, jugés “un peu trop frileux" pour oser bouger.
Autre aspect intéressant, l'accent mis sur la notion de “potentiel", qui pourrait bien donner une seconde vie au concept de “carrière" enterré par certains. Ainsi du secteur informatique et télécoms, où “des compétences jusque-là connexes (capacité de communication, connaissance des métiers des clients et de l'entreprise, pilotage de projet, etc.) deviennent fondamentales dans la réussite des projets". Or, souligne l'étude, “ces compétences s'acquièrent essentiellement avec l'expérience : un défi que devront relever les recruteurs afin d'intégrer et faire progresser au mieux ces collaborateurs dans leur organisation".
Questions à Jean-Baptiste Bruneau, responsable marketing clients Expectra et chargé de l'étude
Que conseillez-vous aux employeurs confrontés à des difficultés de recrutement ?
À court terme, le guide propose des pistes d'action en indiquant ce qui crée l'écart entre l'offre et la demande : parfois le salaire, parfois la formation, parfois la description du métier, etc. À long terme et de façon plus générale, nous les invitons à ouvrir leurs critères de recrutement : évaluer les compétences, c'est bien sûr indispensable, mais il faut aussi savoir aller plus loin et évaluer les potentiels.
Comment ?
Notamment par des tests de comportement en milieu professionnel. Ce qui est intéressant, c'est de voir comment la personne se projette dans telle ou telle situation, de rapporter son mode de fonctionnement à tel ou tel type d'organisation, etc. Quand le potentiel est là, nous encourageons le client à considérer le candidat et à envisager la formation.
Un exemple ?
Les contrôleurs de gestion industriels sont aujourd'hui très recherchés parce qu'il est souvent plus rentable d'agir sur la réduction des coûts que d'embaucher trois commerciaux supplémentaires. Or, il vaut parfois mieux recruter un ingénieur que vous formerez au contrôle de gestion, que chercher à tout prix un gestionnaire rebuté par le monde de l'usine.
Le marché est-il suffisamment stable pour permettre à l'offre de formation initiale de s'adapter ?
Il s'agit surtout de comprendre que la formation continue est désormais indispensable pour mettre à jour ses compétences techniques : on forme aujourd'hui à des métiers qui n'existent pas encore, et ce que l'on apprend sera déjà désuet dans cinq ans.
Notes
1. | ↑ | Guide 2010 des métiers en tension, Expectra, septembre 2010. |