Questions à Joël Vincent, directeur de l'École des managers (EDM) de Franche-Comté et directeur délégué du réseau des EDM
Par Nicolas Deguerry - Le 01 mars 2011.
Quel est le calendrier d'une transmission-reprise d'entreprise ?
Une bonne transmission prend facilement cinq ans et comporte trois phases. D'abord, la préparation du cédant : une transmission, c'est trois quarts d'affectif, un quart de technique. La préparation psychologique prend deux ou trois ans, les cédants ne viennent jamais spontanément : nous les rencontrons très en amont, en allant les voir sur place. Il faut ensuite préparer l'entreprise à être transmise, s'assurer qu'elle soit bien structurée, bien organisée, etc. Enfin vient la période de la relève et, être patron, ça prend du temps.
Assurez-vous un suivi après la formation ?
Bien sûr, les anciens ont accès à un “club des managers" qui leur permet de se réunir et d'échanger, dans une démarche de progrès permanent. Il y a également un suivi de l'école, car un patron de PME-PMI souffre énormément de la solitude, nous sommes un peu des coachs à distance. Nous les suivons dans leur projet car la transmission, c'est aussi une opportunité de développement, un nouveau départ, une nouvelle créativité qui a la chance de s'appuyer sur l'existant : pouvoir compter sur un patrimoine humain, technique, culturel, économique et financier est accélérateur de croissance.
Quelle est la valeur du titre “Chef d'entreprise développeur de PME" délivré par les EDM ?
Il s'agit d'un titre officiel de niveau II (bac + 3/4), enregistré au RNCP depuis 2009. Je suis persuadé que cette reconnaissance a un rôle positif, tant auprès des financeurs institutionnels (collectivités, Opca, etc.) que du monde bancaire, qui conduit d'ailleurs une réflexion autour du “permis d'entreprendre". La reconnaissance d'un niveau de compétences a minima est un gage de fiabilité qui aide à évaluer le risque et peut, par exemple, faciliter les conditions d'octroi d'un découvert. Par ailleurs, 95 % des dirigeants d'entreprise qui ont fait l'EDM voici vingt ans existent encore, alors que les statistiques générales indiquent un tiers d'échec au bout de cinq ans.