Fanny Frankenberger, passion moto
“Un chemin détourné, nécessaire pour être aussi bien aujourd'hui."
Par Nicolas Deguerry - Le 01 avril 2011.
Quand Fanny Frankenberger décide de passer son permis moto en 2003, elle est encore loin de se douter que ce dernier lui ouvrira les portes d'une carrière à laquelle elle ne renoncerait pour rien au monde. “J'ai d'abord voulu être professeur des écoles, mais le système universitaire ne m'a pas du tout convenu. Je travaillais à côté, et c'est le travail qui a pris le dessus, explique-t-elle. Je me suis alors intéressée à l'alternance et j'ai signé un contrat dans la grande distribution, pour obtenir le diplôme de technicien supérieur du commerce, option grande surface. C'était difficile, mais très formateur et, à la différence de la fac, l'alternance m'a énormément plu : cela permet de concilier apprentissage et terrain ! Ma tutrice s'occupait beaucoup de moi, un peu à la dure, mais elle était passionnée et voulait que je sois efficace rapidement."
Et la moto ? “J'ai passé le permis quand je suis arrivée à Paris", affirme-t-elle. Jusqu'au jour où, sortant de la concession où elle vient de laisser sa 600 Bandit pour révision, elle fait demi-tour : “J'avais commencé à discuter avec la personne qui était derrière le comptoir et j'ai eu l'idée de lui demander si elle n'avait pas des pistes de formation." Une heure plus tard, elle était dans les locaux de l'Institut national du cycle et du motocycle (INCM). À la clé, un contrat de professionnalisation de quinze mois dans une concession montmartroise, pour passer le certificat de qualification professionnelle “Vente de pièces de rechange et accessoires" : “J'ai appris beaucoup de choses, d'abord à pointer les colis et à ranger et classer les pièces clients, puis à faire de la pose d'accessoires et à vendre des véhicules. J'ai beaucoup apprécié cette polyvalence, mais j'avais pour objectif de me spécialiser dans le magasinage, avec l'idée d'acquérir le maximum de compétences techniques sans avoir un diplôme de mécanique." L'objectif sera atteint au sein d'une autre entreprise, plus grande et aux rôles bien définis.
Quatre ans plus tard et avec le sentiment d'avoir fait le tour, nouvelle quête d'évolution, nouveau succès : “J'avais toujours gardé de bonnes relations avec l'INCM, où j'avais été jury deux années de suite", explique-t-elle, alors qu'elle vient d'y prendre, à 30 ans, un poste de conseillère formation et de formatrice en gestion. “En tant que formatrice, je m'occupe des candidats au BTS Après-vente automobile, option motocycle, un diplôme créé voici trois ans et qui permet de devenir chef d'atelier. Ils y acquièrent une vue d'ensemble du fonctionnement global d'une concession, aussi bien sur le plan administratif que logistique ou humain. En tant que conseillère en formation, je m'occupe à la fois de l'événementiel (salons, classes découverte, etc.) et du développement de l'alternance, une fonction très enrichissante qui me permet de rester au contact des jeunes et des entreprises."
Conclusion ? “Au début, je ne savais pas très bien où j'allais, mais m'être cherchée m'a apporté de la maturité et une ouverture au monde. Je suis heureuse d'aider les entreprises et d'apporter aux jeunes des connaissances qui leur serviront plus tard. Et puis, le temps que j'ai passé en concession fait que je sais de quoi je parle. C'était un chemin détourné, nécessaire pour être aussi bien aujourd'hui : il n'est pas certain que cela aurait été le cas si j'avais eu cette place cinq ans avant." Ne pas être pressée, Fanny Frankenberge