Lancement de la phase opérationnelle de la Cité des métiers du Val-de-Marne

Par - Le 16 janvier 2013.

Avant de recevoir le label “Fonctionnement" qui caractérise les Cités des métiers disposant d'une plateforme physique ouverte et d'une offre de services complète, les porteurs d'un projet Cité des métiers ont la possibilité de recevoir un label “Projet". Après les commissions de labellisation réunies des 22 et 23 octobre 2012 à Universcience (Paris), qui ont attribué deux labels Projet, l'un porté par une ville (Montpellier), l'autre par un Conseil général (94), les partenaires de la future Cité des métiers du Val-de-Marne se sont retrouvés le 13 décembre à Créteil pour procéder au lancement de la phase opérationnelle. Retour sur une matinée d'échanges.

Instrument des politiques publiques

Pour Alain Desmarets, premier vice-président du Conseil général chargé des collèges et de l'action pour la réussite éducative, le projet rejoint les priorités du Conseil général : l'emploi, l'accès aux droits et la mise en cohérence des services. “Face au grand éclatement et à la parcellisation des différents acteurs, a-t-il notamment rappelé, le Département constate très souvent un gouffre entre ses politiques d'insertion, le travail réalisé par l'ensemble de ses personnels et le monde de l'entreprise. Il fallait créer le chaînon qui manquait pour nous permettre d'être plus efficaces pour l'emploi des habitants du Val-de-Marne." Aussi, et avec la future Cité des métiers qui devrait s'installer à Choisy-le-Roi, Alain Desmarets entend-il créer un “parcours simplifié vers l'emploi". Autre raison avancée, la problématique du “défaut d'orientation", qui justifie, selon lui, “la mise en place d'une telle structure pour aider au repérage des parcours".

Rassurer l'Éducation nationale

Évoquant les protestations issues d'une partie des syndicats d'enseignants et de conseillers d'orientation psychologues à la naissance du projet, le premier vice-président s'est efforcé de rassurer. Mais si l'objectif n'est pas de “détruire le système d'orientation public de l'Éducation nationale", qu'il faut au contraire “doter de vrais moyens", il n'en demeure pas moins qu'“il ne peut pas fonctionner seul". Au contraire, “des rapprochements avec le monde de l'entreprise et les compétences des collectivités locales en matière de parcours de formation" lui paraissent nécessaires.
Rappelant, pour sa part, que l'Éducation nationale était présente dès la création de la Cité des métiers de Paris en 1993, Jacques Chéritel, délégué académique à la formation professionnelle initiale et continue du rectorat de l'académie de Créteil, a souligné que “le découpage ternaire de la vie entre l'école, le travail et la retraite est maintenant derrière nous". Aussi, et face à la montée en puissance des problématiques du “tout au long de la vie", qui impliquent de “se former et de se reformer, il est important de s'organiser pour créer les conditions de l'émancipation et de l'autonomisation des personnes", a-t-il estimé. Et à cet égard, les Cités des métiers concourent, selon lui, par leurs “prestations ouvertes à tous", à “rendre un service public". CQFD : “L'Éducation nationale manquerait à sa mission si elle n'était pas là."

Reliant également le projet de Cité des métiers à la défiance qu'entretiennent, à ses yeux, les citoyens à l'égard des institutions républicaines, Alain Desmarets juge indispensable qu'“État, collectivités locales et partenaires publics et privés s'interrogent ensemble sur la nécessaire coordination pour rendre plus efficaces les politiques publiques". Et de lancer : “Au fond, l'idée de la Cité des métiers est celle-là : comment les différents partenaires qui concourent à l'orientation, à la formation et à la conduite vers un emploi peuvent-ils le faire ensemble ?"

Coopérations renforcées

Pourquoi répondre à ces enjeux par une Cité des métiers ? “Nous espérons que cela va venir dynamiser le réseau d'acteurs de la formation professionnelle", a répondu Pierre Bell-Lloch, conseiller général délégué, chargé de l'insertion professionnelle, de l'emploi, de la formation et des relations avec le monde du travail. Rappelant par ailleurs que le projet Cité des métiers Val-de-Marne n'est “aujourd'hui pas abouti", il a insisté sur l'apport du label Projet : l'appartenance à un réseau, l'expérience des directeurs des Cités des métiers déjà ouvertes et l'opportunité de donner un “coup de pouce" aux acteurs appelés à travailler ensemble.

Invité à livrer ses conseils à une Cité des métiers qui débute, Alain Jouneau, directeur de la Cité des métiers de Limoges et du Limousin, a appelé à “sensibiliser l'ensemble des partenaires au fait que faire une Cité des métiers, ce n'est pas disparaître derrière un label ou un logo". A contrario d'une “dilution des identités et des compétences (…), c'est utiliser un outil qui va permettre à chacun de réaliser au mieux son métier".

Donner du sens au continuum

Ne restait plus à Olivier Las Vergnas, le fondateur du concept, qu'à évoquer la question de la valeur ajoutée : “Quelque chose de très important, c'est que nous donnons du sens au rapport entre évolution professionnelle et formation tout au long de la vie." Et d'estimer : “Nous sommes une plus-value pour les interstices, les multiples statuts, les gens qui sont à la fois tout, à la fois rien, en partie ceci, en partie cela… c'est-à-dire tout le monde. Nous sommes un moyen d'appropriation par les habitants de ce que fait chacun séparément. Nous avons besoin pour cela de la complémentarité et du meilleur de chacun. Évidemment, l'idée Cité des métiers, c'est de mettre en valeur les identités professionnelles !"

Et alors que la mission d'évaluation de la mise en œuvre du service public de l'orientation était censée rendre ses conclusions à Noël, Olivier Las Vergnas concluait en s'adressant aux élus : “La création d'une Cité des métiers, c'est l'occasion de dire ce que l'on voudrait. Un projet de Cité des métiers, c'est le moment du rêve…"
La Cité des métiers du Val-de-Marne devrait être inaugurée à Choisy-le-Roi d'ici à fin 2013.

Les partenaires du projet Cité des métiers Val-de-Marne sont : le Conseil général, la préfecture, la Direccte UT 94, l'Éducation nationale, le Conseil régional d'Île-de-France, Pôle emploi, la Chambre de commerce et d'industrie de région Paris - Île-de-France (cf.p. 12), la Chambre de métiers et de l'artisanat du Val-de-Marne.