Ce que demandent les entreprises aux organismes de formation
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 mars 2013.
Quelles relations les entreprises tissent-elles avec leurs prestataires de formation et, au-delà, avec les Opca susceptibles de les conseiller dans le choix des organismes ? À en croire une enquête réalisée par Centre Inffo (auprès des responsables formation de 108 entreprises), 68 % d'entre elles ne comptent pas recourir à l'appel d'offres pour choisir les organismes qu'ils chargeront de former leurs collaborateurs.
D'ailleurs, elles ne seront également que 24 % à demander conseil à un Opca pour les aider dans leur démarche. Les raisons
sont multiples, mais pour l'essentiel, les entreprises préfèrent conserver une part de subjectivité dans leur démarche. “Je demande que ce soit le formateur lui-même qui vienne nous présenter
son offre", explique l'un des sondés. Stéphane Bergue, responsable formation d'O2 Home service, avoue ainsi “qu'un formateur qui demande à pouvoir venir observer sur place les salariés et leurs postes de travail marque des points à mes yeux".
Le sur-mesure plus déterminant que le prix
Ce choix “au gré à gré" n'est toutefois pas l'unique tendance de l'année en cours, puisque l'enquête indique que la possession par l'organisme de formation d'un label qualité constitue un gage de sérieux aux yeux de 38 % des entreprises, synonyme de sécurisation de l'achat. Un achat sécurisé, certes, mais qui n'empêche pas les entreprises donneuses d'ordres de négocier de plus en plus systématiquement avec leurs futurs prestataires. Sur le prix, bien entendu (même s'il ne s'agit que du deuxième critère mis en avant par l'enquête), mais surtout sur les contenus pédagogiques dispensés. “Le coût de la formation n'est pas un problème", estime même Sandrine Baslé-Bonnet, consultante en charge du décryptage de l'étude. “Si un OF se fait retoquer à cause de ses tarifs, c'est qu'il n'a pas su mettre en avant les qualités de ses prestations qui les justifient. Ce que veulent les entreprises, en 2013, c'est surtout du sur-mesure. Moins de catalogue et davantage d'adaptation !" Stéphane Bergue, pour sa part, confesse “ne jamais choisir l'organisme le plus cher ou le moins cher".
En effet, ce que cherche avant tout le responsable formation d'O2 Home service, c'est “le petit truc en plus" dont ne disposent pas d'autres organismes : “Sa capacité d'innovation, le fait qu'il
dispose tant que possible de son propre matériel et que ses pédagogies soient suffisamment souples pour accompagner l'évolution des collaborateurs lorsque nous ferons à nouveau appel à
lui."
52 % des entreprises laissent leurs salariés choisir
Pour Emmanuelle Serpaggi, chargée de ressources humaines chez Solystic SAS (solutions postales pour le tri et l'acheminement du courrier), groupe dont les sites sont éparpillés dans toute la France, le choix des prestataires repose également sur la garantie d'une offre de formation identique à Paris (33 % des OF y sont situés) et en province. “Nous recherchons avant tout des prestataires capables de nous écrire de belles sucess stories", sourit-elle. Une problématique que partage son homologue de l'ADMR (réseau de services à la personne de proximité) du Maine-et-Loire, Valérie Hammentien, pour qui la localisation départementale de l'OF demeure un critère prioritaire. Et ces relations de proximité sont souvent à l'origine de l'établissement de partenariats entre entreprises et prestataires, parfois de long terme, puisque l'étude souligne qu'en 2013, seuls 14 % des sondés envisagent de changer d'organisme formateur. Plus surprenant, les entreprises tendent de plus en plus à laisser leurs salariés choisir leur organisme de formation. À en croire les chiffres recueillis, c'est le cas de 52 % d'entre elles.
L'évaluation en question… mais toujours peu de réponses
Demeure l'évaluation des formations et de leur rentabilité par les entreprises. La tendance n'est pas nouvelle, mais elle augmente pour l'année en cours puisque si l'évaluation “à chaud" en fin de formation reste quasi systématique (85 % des entreprises l'utilisent), son équivalent “à froid" (réalisé quelques semaines après l'action de formation) progresse (41 %), ainsi que celle réalisée dans les six mois
(43 %). Cependant, la question de l'évaluation n'a pas trouvé de réponse satisfaisante à ce jour, comme en témoigne l'un des responsables formation sondés : “Le calcul du retour sur investissement est un vrai sujet, mais nous n'avons pas de réponse et aimerions savoir ce que les autres sociétés mettent en place…" La future tendance 2014 ?