La Savoie inaugure un service d'information et d'orientation État-Région
Par Nicolas Deguerry - Le 01 mai 2013.
La coordination et les partenariats, tout le monde en parle et
chacun les appelle de ses vœux, mais la mise en pratique est toujours intéressante. Ainsi, l'État et la Région Rhône-Alpes se coordonnent actuellement sur le territoire de la métropole Savoie, Avant-pays savoyard, Chartreuse. Un service d'accueil et d'orientation commun vient d'être inauguré. Nous y étions.
Permettre à toute personne qui le souhaite d'accéder en proximité à un premier niveau d'information sur l'emploi, la formation, les métiers, telle est l'ambition partagée par le service d'accueil et d'information généraliste (AIG) du SPRF (Service public régional de la formation.) de la Région Rhône-Alpes initié en décembre 2009 et le service public d'orientation (SPO) national instauré par la loi du 24 novembre 2009. Comment articuler les deux ? C'est la question à laquelle vont s'efforcer de répondre les acteurs du dispositif AIG-SPO inauguré le 12 avril, en présence de Philippe Meirieu, vice-président du Conseil régional en charge de la formation tout au long de la vie, et d'Éric Jalon, préfet de Savoie. Le premier teste depuis 2011 ses Points d'accueil information formation (PAIF), le second vient de labelliser 20 lieux d'accueil répartis sur l'ensemble du territoire de la métropole Savoie, Avant pays savoyard, Chartreuse.
Objectif ? Expérimenter l'articulation de ces deux démarches ou politiques, avec la mise en œuvre d'une organisation commune, territoriale et partenariale, validée dans le cadre du protocole d'accord État, Région, partenaires sociaux, intégré dans le plan d'actions local 2012-2013.
Un service d'orientation territorialisé
Destiné à apporter à tous les habitants du territoire et en proximité un premier niveau d'information afin de les aider dans leurs recherches et de les orienter si nécessaire vers un accompagnement renforcé, le nouveau service repose sur la mise en synergie d'acteurs existants sans création de nouvel organisme : Points emploi formation animés par les collectivités territoriales en zone rurale ; Mife, CIDFF, CIO, Missions locales, Pôle emploi, Bureau d'information jeunesse (Bij), Point information jeunesse (Pij) en zone urbaine. Soit au total huit sites AIG-SPO en zone rurale et cinq sites AIG-SPO en zone urbaine, auxquels s'ajoutent sept contributeurs (Pôle emploi, Missions locales, CIBC) ayant souhaité la labellisation SPO dans la complémentarité avec les 13 sites AIG-SPO.
Évoquant en introduction de la rencontre les vingt structures labellisées par l'État et la Région, Gaston Paravy, président de la Mife de Savoie, souligne la reconnaissance ainsi apportée de “leur savoir-faire et de leur capacité d'entrer dans une synergie de partage,
de coopération et d'innovation dans le champ de l'orientation tout au long de la vie". Convoquant tour à tour Edgar Morin pour rappeler la “complexité" de notre monde, et Jacques Derrida pour exiger un principe d'“hospitalité absolue", le président de la Mife Savoie dessine les contours d'une problématique partagée selon lui tant par l'AIG régional que par le SPO national : l'accueil sans condition de tous les publics, dans l'objectif de permettre à tout un chacun de “retrouver des forces pour se mettre en mouvement et prendre, ou reprendre, sa place dans la société".
Convergence État-Région
Si décloisonnement, coopération, mutualisation et professionnalisation apparaissent comme les principaux axes présidant à la mise en œuvre de ce nouveau service partenarial,
c'est la “convergence" qui aura été le maître mot de ce lancement. Ainsi et loin des positions de l'ARF qui ont souvent questionné, depuis 2009, la pertinence du SPO national, Philippe Meirieu s'est lui longuement attardé sur “la triple convergence" entre le travail des collectivités territoriales et celui de l'État. D'abord, une “convergence d'analyse" ayant conduit l'échelon national et l'échelon régional à
proposer, dans le même temps mais chacun de leur côté, un “accueil de premier niveau". Ensuite, “convergence institutionnelle" avec la visite régulière en Rhône-Alpes du délégué à l'information et à l'orientation Jean-Robert Pitte, qui a permis de constater, assure Philippe Meirieu, non pas une “incompatibilité", mais “une parfaite isomorphie" des deux démarches. Enfin, troisième et dernière convergence, la “mise en place commune" d'un dispositif de proximité appelé à “monter en compétences". À cet égard peut-être, réside plus particulièrement la valeur ajoutée de l'AIGSPO, dans la mesure où, au-delà de la valorisation de l'existant, il s'agit “aussi de faire en sorte à travers la mutualisation et la formation que cet accueil de premier niveau soit de plus en plus professionnel et que les bénéficiaires se sentent de mieux en mieux accueillis", estime le vice-président de Région. Logiquement, un même satisfecit s'observe du côté de l'État, avec le préfet Éric Jalon qui, tout en saluant la “matérialisation" de la convergence des deux dispositifs, se félicite de ne pas avoir créé de structure “en plus", mais une “valeur ajoutée" résidant dans la création d'un “réseau centré sur la personne, sans considération de statut".
Pourquoi s'engager ?
“Le réseau, c'est le début du partage", commente Claude Le Goff, directeur de la Mission locale de Chambéry. Sans cacher que les relations ont parfois été “très tendues" en début de parcours, il reconnaît aussi que l'inscription dans le service AIG-SPO permet de “se rendre compte que l'on n'est pas seul" et dit sa détermination à s'engager totalement Pour Corinne Vallaise, responsable de la Mission emploi de la Rochette, la motivation vient aussi “de l'échange, du partage et de la mise en commun d'informations et d'outils". Soit une “réelle opportunité" pour les Points emploi, dont certains ont trouvé dans l'intégration au réseau “un moyen d'être identifié et connu par les professionnels de l'orientation", d'autres “un moyen de consolider des liens déjà formés". Vincent Panisset, directeur départemental Pôle emploi, ajoute, lui, l'opportunité d'une “réflexion sur la professionnalisation des conseillers", tout en soulignant l'intérêt du “renforcement du maillage territorial".
À la question de savoir ce que les labellisations Orientation pour tous apportent au dispositif d'AIG régional, Agnès Berjon, directrice de la Mife de Savoie, nous répond par l'enrichissement du réseau : “Sans
labellisation nationale, ni Pôle emploi ni le CIBC n'auraient rejoint le service régional", assure-t-elle. La simple question de la reconnaissance est aussi évoquée, par exemple par Corine Vallaise, qui résume : “Nous étions connus, nous sommes maintenant reconnus." Coralie Perlongo, directrice du CIDFF 73, attend elle d'en savoir plus : “Nous avons du mal à mesurer les impacts, d'autant plus
que nous n'avons pas encore d'outils de communication. Il faudra
voir si cela nous permet de toucher un public différent", prévient-elle. Pour Philippe Meirieu, la plus-value se trouve à trois niveaux : d'abord, “par le travail même qui est effectué sur les territoires : les acteurs apprennent à se connaître, ils apprennent à savoir ce que chacun fait un peu mieux que l'autre, ils apprennent à échanger des outils et des informations et se crée ainsi une culture commune de l'orientation".
Ensuite, avec “les journées de professionnalisation et les outils construits", soit le volet formation. Enfin, et cela reste à vérifier, “dans la capacité qu'auront les réseaux à toucher des citoyens que l'on ne touchait pas jusqu'à présent".
LA MIFE DE SAVOIE, COORDINATRICE
Confiée à la Mife de Savoie, l'animation de la coordination déploie quatre axes de coopération : animation de l'accueil généraliste, professionnalisation, partage des ressources et communication. “Tout cela est à mettre en musique", commente Agnès Berjon, directrice de la Mife de Savoie : “Le rôle de cette coordination est de constituer un véritable réseau avec des structures diversifiées, de différentes tailles, qui travaillent ensemble pour une culture commune de l'orientation."
Revenant sur le volet professionnalisation, principalement assuré par le Prao (Pôle Rhône-Alpes de l'orientation), Agnès Berjon précise qu'il s'agit avant tout de renforcer la connaissance du rôle de chacun et des dispositifs, ceci “afin de faire circuler la compétence".