Droits des femmes - Première “semaine de l'égalité professionnelle"

Par - Le 16 octobre 2013.

Le 8 octobre, Najat Vallaud-
Belkacem, ministre des Droits des
femmes, présentait à la presse le
programme de la première semaine
de l'égalité professionnelle qui se
déroule partout en France depuis le
14 et jusqu'au 20 octobre : “Encore
un combat à prendre à bras le corps,
tous azimuts, l'écart de rémunération
est de 27 %, un écart qui ne se réduit
plus depuis plusieurs années ; 80 %
des salariés à temps partiel sont
des femmes ; une seule femme à la
tête de l'une des 120 plus grandes
entreprises françaises."

Malgré cela, le choix étant de donner
une tonalité positive à l'événement,
Monika Queisser, responsable de
la Division des politiques sociales à
l'OCDE Organisation de coopération et de
développement économiques., a félicité la France, qui se
place devant l'Allemagne dans ce
domaine. Autre donnée : à condition
de se diriger vers une réelle parité au
cours des vingt prochaines années,
pas moins de 5,2 % de population
active en plus se traduirait par une
augmentation du PIB de 9,4 % entre
2010 et 2030.

Des recruteurs qui discriminent malgré eux...

Encourager plutôt que d'accuser,
c'est la ligne de la ministre, qui
n'exclut cependant pas de recourir à
la “coercition", quand les entreprises
ne respectent pas leurs obligations
légales. Démonstration par l'exemple
avec une étude du Céreq consacrée
aux discriminations à l'embauche,
présentée par son directeur, Alberto
Lopez, et Dominique Épiphane,
co-auteur de l'étude avec Lydie
Chaintreuil.

Si la sincérité du discours des
dirigeants d'entreprise interrogés
n'est pas mise en cause, l'analyse
des pratiques renvoie une réalité où
subsistent de manière inconsciente
les préjugés sexistes. Ainsi, même
quand des politiques vertueuses sont
déployées dans les entreprises, elles
le sont souvent, juge le Céreq, sur
la base même des représentations
qu'elles sont censées combattre :
supposées valeurs humanistes
et prétendues capacités innées à
l'organisation et à la négociation des
femmes.

Inciter, accompagner, ou sanctionner

Donc, coercition, quand cela est
né-cessaire. Par exemple, pour
sanctionner les entreprises qui
n'ont pas engagé de négociation en
matière d'égalité. Ainsi, et aux dires
de la ministre, quatre entreprises
ont été sanctionnées et près de
400 mises en demeure d'agir dans
les six mois depuis qu'un système
de contrôle des entreprises de plus
de 50 salariés a été mis en place, en
janvier 2013. Heureusement, “près de
3 000 dossiers [ 1 ]Plans ou accords visant à résorber
les inégalités hommes-femmes dans
l'entreprise.
nous sont remontés
en quelques mois, contre seulement
quelques centaines auparavant", a-telle
souligné.

Najat Vallaud-Belkacem a insisté
sur la dimension “incitative" de
sa politique : conventions avec les
entreprises du Cac 40 qui s'engagent
à être exemplaires en matière
de féminisation de leur comité
exécutif ou à essaimer les bonnes
pratiques auprès de leurs soustraitants,
mais aussi opérations
de communication, comme le
palmarès des entreprises les plus
vertueuses du SBF 120 [ 2 ] SBF pour Société des bourses
françaises, autre indice boursier.
, dévoilé
le 17 octobre, et établi à partir de
critères comme la féminisation
du conseil d'administration et des
instances dirigeantes. À noter que
l'exemplarité concerne aussi la
fonction publique, pour laquelle un
objectif de 40 % de femmes parmi
les primo-nominations de cadres
dirigeants d'ici à 2017 a été fixé [ 3 ]Le taux est aujourd'hui de 20 %..

“Tester des solutions nouvelles"

Quant à l'accompagnement, il consiste
à la fois à proposer des “outils" et à
“tester des solutions nouvelles". Ainsi,
existe depuis un an le pro-gramme
“Territoires d'excellence pour l'égalité
professionnelle entre les femmes
et les hommes", doté de 5 millions
d'euros de financement et conduit dans
neuf régions [ 4 ]Aquitaine, Bretagne, Centre, Îlede-
France, Midi-Pyrénées, Nord-Pasde-
Calais, Poitou-Charentes, Réunion,
Rhône-Alpes..
Objectif : expérimenter
des actions s'intéressant à la “racine
des inégalités professionnelles",
qu'il s'agisse de travailler au retour
à l'emploi des bénéficiaires du congé
parental ou d'encourager la promotion
de la mixité professionnelle des
emplois et des filières.

Attention à l'“autocensure"

Najat Vallaud-Belkacem a aussi
rappelé l'existence du site Ega-pro.fr
et annoncé l'inauguration prochaine
d'une bourse de candidates à haut
potentiel pour aider les entreprises
du Cac 40 à féminiser (encore une
fois) leur conseil d'administration d'ici
à 2017. Enfin, et devant le phénomène
d'“autocensure" des salariées que
révèlent certaines études [ 5 ]Selon la ministre, 4,5 points d'écart
salarial entre hommes et femmes après
dix ans d'activité s'expliqueraient par des
phénomènes d'autocensure.
, la ministre
a annoncé des applications pour
smartphones et tablettes développées
avec Agefos-PME et l'Apec, pour
actionner le “levier comportemental".
Interrogée par L'Inffo sur la place de la
mixité dans la réforme de la formation,
la ministre a rappelé que cet objectif
figurait dans le document d'orientation
transmis par le gouvernement.
Et qu'elle avait personnellement
demandé, lors de la conférence
sociale de juillet, que les partenaires
sociaux prennent des engagements
en matière d'égalité au sein de leurs
propres instances. “Si rien n'est fait
d'ici décembre, le gouvernement
agira", a-t-elle prévenu.

Notes   [ + ]

1. Plans ou accords visant à résorber
les inégalités hommes-femmes dans
l'entreprise.
2. SBF pour Société des bourses
françaises, autre indice boursier.
3. Le taux est aujourd'hui de 20 %.
4. Aquitaine, Bretagne, Centre, Îlede-
France, Midi-Pyrénées, Nord-Pasde-
Calais, Poitou-Charentes, Réunion,
Rhône-Alpes..
5. Selon la ministre, 4,5 points d'écart
salarial entre hommes et femmes après
dix ans d'activité s'expliqueraient par des
phénomènes d'autocensure.