Comprendre les transitions professionnelles grâce à la datavisualisation

Un outil interactif mis en place par la Dares permet de mieux visualiser les transitions professionnelles.

Par - Le 18 juin 2025.

La Dares vient de lancer un outil de datavisualisation « pour mieux couvrir l'analyse des dynamiques professionnelles », expliquait Pierre Leblanc, sous-directeur emploi et marché du travail à la Dares, lors d'une conférence de presse lundi 16 juin 2025. « Cet outil s'inscrit dans un ensemble de travaux pour mieux comprendre les parcours professionnels », avec comme objectif « d'améliorer l'adéquation entre les besoins en recrutements et la main d'œuvre et les compétences disponibles ». Il s'articule avec les autres travaux « prospective métiers et qualification » menés par la Dares.

Déclinaisons régionales

Emiline Roger, data scientist sur les métiers à la Dares, a expliqué le contexte de création du dispositif, qui répond aux besoins des branches, des partenaires sociaux ou encore des Opco à disposer « d'un outil pour analyser le marché du travail et alimenter le besoin en compétence en développant des formations adaptées au marché ». En effet, il permet notamment des déclinaisons régionales sur un métier, au-delà des cadres habituels des études sur un secteur ou un public cible.

225 familles professionnelles

Il permet d'analyser 225 familles professionnelles, 22 domaines professionnels ou l'ensemble des salariés sur la période janvier 2022 à janvier 2023. « Une fois sélectionné le métier que l'on souhaite étudier, on peut voir les transitions professionnelles entrantes -que faisaient-ils un an avant- ou sortantes -quelle répartition un an après » détaille Emiline Roger. Il est possible également d'avoir accès à des graphiques sur les transitions professionnelles ou encore à des cartographies pour une analyse territoriale.

Variable importante

Par exemple, en analysant le métier de couvreur en Paca, on s'aperçoit que près d'un tiers faisaient autre chose l'année précédente, mais que la majorité des entrants sont des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, ce qui permet d'envisager des formations ciblées pour ce public. Toutefois, Emiline Roger relève l'une des limites de l'outil : comme il n'analyse que les salariés, une partie des actifs n'est pas couverte, comme les indépendants. Cette part peut représenter une variable importante, par exemple dans le cas des infirmiers, qui sont nombreux à exercer en libéral.

Creuser les analyses

En étudiant un métier en tension, comme les serveurs, on constate que, s'ils ont employé en CDD, plus de 60% ont changé de métier un an plus tard, (contre environ 45% de la moyenne des salariés). « Cela permet de creuser les analyses, voir ensuite s'il y a des différences selon les tranches d'âge, si les jeunes son plus mobiles par exemple », détaille la chercheuse. Les données mettent en lumière des hétérogénéités, par exemple, 12,4% des jeunes aides-soignants ont changé de métier un an plus tard en Ile-de-France contre 8,3% en Corse ou 9,7% en Bourgogne Franche-Comté. En Ile-de-France 21% deviennent infirmier un an après.

Ce dispositif a vocation à évoluer détaille la Dares, pour, par exemple, proposer des durées adaptables, sur deux ans, afin de mettre en lumière les grandes évolutions des transitions.