55% des seniors exclus de la formation entre 2015 et 2019 (Cereq)

Les salariés seniors les plus fragiles sont demandeurs de formation pour changer de métier ou monter en compétences avant la retraite. Mais ce sont ceux qui y ont le moins accès, selon une étude du Cereq.

Par - Le 13 septembre 2023.

« Comment les salariés seniors envisagent-ils leurs fins de carrière? », s'est demandé le Cereq dans un Bref paru en août. Il identifie dans cette publication quatre groupes de salariés de plus de 50 ans interrogés de 2015 à 2019 par l'enquête Défis. Le premier groupe, « progression en interne », regroupe 22% d'entre eux. Il est constitué principalement d'hommes, diplômés, avec des postes très qualifiés. 95 % de ces salariés estiment avoir encore des possibilités d'évoluer, et sont nombreux à souhaiter se former en 2015 (29% demandent des formations contre 18% de l'ensemble des salariés seniors).

Nécessité de se former pour rester en emploi

Le deuxième groupe « monté en compétences » rassemble 30% des salariés de plus de 50 ans. Ils ressentent la nécessité de se former pour rester en emploi, souhaitent faire évoluer le contenu de leur activité, gagner en responsabilité voire changer d'entreprise. 83% déclarent un manque de compétences et 66% souhaitent se former. Ce groupe se caractérise par davantage de diplômés de niveau baccalauréat.

Le groupe « reconversion », le moins satisfait

Le troisième groupe « reconversion », rassemble 18% des salariés de plus de 50 ans. Ce sont les moins satisfaits de leur situation de travail, souvent pénible ou qui ne correspond pas à leurs qualifications et n'est pas assez rémunérée. 37% souhaitent changer de métier et 30% d'entreprise. Alors que 53% souhaitent se former, seuls 7% formulent une demande. C'est le groupe le plus féminisé, avec des salariés moins diplômés, occupant des postes peu qualifiés.

Enfin les 30% restant forment le groupe « vers la retraite ». Ce sont des salariés satisfaits de leur situation professionnelle. Ils semblent arrivés à une étape de leur carrière qui ne ménage plus de possibilités d'évolution. Ce sont les moins nombreux à souhaiter se former en 2015.

Trajectoires variées

En 2019, les trajectoires de ces différents groupes en matière de formation varient. Si les membres du groupe « Progression en interne » ont majoritairement été formés conformément à leurs souhaits, ce n'est pas le cas des groupes « Montée en compétences » et « Reconversion ». Ces derniers, aux conditions de travail les plus dégradées sont les moins nombreux à avoir bénéficié de la retraite (26% contre 42% sur l'ensemble) et avoir au accès à la formation. Lorsqu'ils ont été formés, c'était souvent sur des formations obligatoires qui ne leur ont pas permis de réaliser leur souhait de reconversion. Parmi ceux du groupe « Montée en compétences », une part non négligeable a pu accéder à la formation, mais pas conformément à leurs souhaits initiaux, et avec peu d'effets sur leur évolution professionnelle et leur travail.

Freins financiers

Pour le Céreq, « les réorientations visant à rendre le travail soutenable jusqu'à un âge avancé appellent un investissement en formation qui soit anticipé largement en amont de l'âge critique, variable selon les métiers exercés ». Les auteurs déplorent les freins financiers, avec des salariés volontaires pour se former à qui l'on refuse de prendre en charge les frais de formation.