Les Assises de l’apprentissage organisées par CMA France le 9 octobre 2025.

Les Assises de l’apprentissage organisées par CMA France le 9 octobre 2025. Table ronde « Une voie spécifique devenue un marhé à réguler ? »

Apprentissage : assurer une meilleure régulation du marché

Alors que la loi de 2018 a permis de faire de l'apprentissage un succès quantitatif, les acteurs plaident pour davantage de régulation afin d'assurer la qualité de la formation.

Par - Le 13 octobre 2025.

La loi de 2018 a profondément modifié l'approche de l'apprentissage, en faisant une voie de formation concernant 8,6% des 16-29 ans en 2023. Dans le secteur de la coiffure, la loi a permis de redresser la barre, comme l'expliquait Christophe Dore, président de l'Union nationale des entreprises de coiffure, lors des assises de l'apprentissage jeudi 9 octobre 2025. Le secteur avait connu « une baisse du nombre d'apprentis après la baisse des aides » dans les années 2010. Désormais, le secteur compte près de 20% d'apprentis, soit environ 23000 personnes. Selon lui, il est pourtant temps de « mettre un stop » : « la qualité, le contrôle doivent être là ». La multiplication du nombre de CFA (centres de formation d'apprentis) « provoque un problème de qualité ». Certaines entreprises se sont tournées vers la branche et les partenaires sociaux pour créer leur CFA, « et le faire bien ». Mais d'autres centres de formation se créent sans trop de contrôles, « alors même que les acteurs historiques doivent eux répondre à des exigences drastiques », regrette-t-il.

La qualité pas à la hauteur

La réforme est « positive » pour Bertrand Mazeau, délégué fédéral de Force ouvrière Métallurgie, mais « la qualité n'est pas ce qu'elle devrait être » abonde-t-il. L'apprentissage se fonde sur « l'apprenti, le CFA et l'entreprise ». Ce qui nécessite du dialogue entre le CFA et l'entreprise, « qui a besoin de soutien ». Car pour assurer un apprentissage dans de bonnes conditions « il faut un tutorat digne de ce nom » et donc « former les maîtres d'apprentissage ». Le syndicaliste souligne que la formation « maître d'apprentissage tuteur » existe, « et que l'arrivée d'un apprenti se prépare en amont ». « Il faut dans l'entreprise une personne pédagogue pour tutorer. Il faut présenter l'entreprise pas uniquement le poste de travail ».

Réforme de rupture

David Derré, directeur Emploi Formation de l'UIMM, salue de son côté « une réforme de rupture » mais il récuse le terme de « libéralisation » car le système repose toujours sur des subventions publiques. A l'unisson des autres intervenants, David Derré estime que les effets d'aubaine nécessitent une régulation. Mais il remarque également « qu'il n'y a pas eu une année sans modification du financement » alors que le système a besoin de « stabilité » pour éviter de casser la dynamique. Par ailleurs, David Derré remarque que les premières défaillances de CFA ont lieu et « qu'un phénomène de concentration » est à venir. Selon lui, cela va permettre aux CFA « d'atteindre une taille critique », leur permettant notamment de conserver les formations à faible flux dont ont besoin les entreprises, même si elles sont déficitaires, en se finançant grâce aux autres formations.

Réussite quantitative

« On peut considérer la réforme comme une réussite en termes quantitatifs, mais en ce qui concerne le vécu des apprentis ce n'est pas pareil », considère Baptiste Martin, président de l'Association nationale des apprentis de France (ANAF). Et il cite les nombreux jeunes en recherche d'une entreprise en cette rentrée « qui seront probablement sans solution dans quelques jours ». Car le contrat d'apprentissage étant un recrutement, il souffre de la conjoncture économique, au même titre que les autres types de contrats. Or « certains CFA voient les apprentis comme des poules aux œufs d'or, et maximisent leur nombre au détriment de la qualité », dénonce-t-il. Pour Baptiste Martin, l'apprentissage doit devenir « une politique de la jeunesse » et « remettre au centre les bénéficiaires ».