Table ronde BIG « Formation et compétences : l’IA peut-elle répondre aux défis de demain ?  » (Paris Accor Arena, 23 septembre 2025). De g. à droite : Ons Jelassi, directrice exécutive Éducation Télécom Paris ; Antoine Amiel, fondateur Learn Assembly ; Chloé Hermary, CEO Ada Tech School ; Léo Briand, CEO Vittascience ; Émilie Pesce, directrice générale Afinef et Clément Meslin, vice-président Edtech France, co-fondateur Edflex.

De l'impact de l'intelligence artificielle sur l'acquisition de compétences

Big, grand rendez-vous de rentrée des entrepreneurs de la tech, a dédié l'une de ses tables rondes à l'impact de l'IA sur la formation. Tous les modèles sont à repenser. Et à encadrer.

Par - Le 06 octobre 2025.

Évoquez l'impact de l'IA sur les emplois et le marronnier de l'obsolescence des compétences ne tarde pas à croître. Dommage, estime le fondateur de Learn Assembly Antoine Amiel : « c'est un discours qui bloque les gens et qui ne leur donne absolument pas confiance dans leur capacité à évoluer et à apprendre. » Sans raison à ses yeux, dans la mesure où une analyse factuelle du déploiement réel des IA en entreprise montre que des facteurs d'inertie importants en ralentissent l'adoption massive.

Pour Chloé Hermary, directrice générale de l'Ada Tech School, l'IA provoque un glissement des tâches, vers des fonctions de « chef d'orchestre. » Ainsi par exemple des développeurs, dont la valeur ajoutée se déplace vers la supervision et la maintenance. Cette transformation impose une mise à jour des référentiels, « chantier pharaonique » selon Antoine Amiel, mais essentiel si les acteurs de la compétence veulent continuer à assurer leur mission de formation.

Discernement

C'est dans ce contexte qu'une telle redistribution des rôles interroge quelles compétences déléguer aux machines et lesquelles conserver. Si l'IA prend en charge des compétences logico-mathématiques et linguistiques, où est notre singularité ? Dans notre « intelligence contextuelle, émotionnelle et intuitive », répond Chloé Hermary qui souligne l'importance accrue de l'esprit critique. Citant l'image d'une récolte d'olives générée par IA, techniquement parfaite mais factuellement absurde, Antoine Amiel voit comme compétence clé la capacité à confronter l'information au monde réel.

Assistant pédagogique

Pour Léo Briand, fondateur de Vittascience, l'IA est un puissant levier de transformation des ingénieries pédagogiques qui fait reculer les modèles transmissifs. Avec des IA programmées pour se comporter en « coach spécialisé » et « agent socratique » (notre article), il devient possible d'individualiser les enseignements à grande échelle.

À l'actif des IA selon Antoine Amiel, figure aussi la question de l'évaluation. Là où cette dernière est, notamment en France, envisagée comme une « sanction qui sert à classer les gens », l'IA permet d'envisager un suivi qui valorise la progression individuelle, où l'on va « plus regarder le chemin que la finalité. »

Risques

Riche de promesses, l'IA est aussi un « boulevard à charlatans », alerte Antoine Amiel : « comment contrôler ? » Échaudé par les dérives du CPF, il redoute que la prolifération d'outils créés à la va-vite sans validation pédagogique ne nuise à la crédibilité du secteur. Directrice exécutive Éducation de Télécom Paris, Ons Jelassi rappelle l'existence de cadres réglementaires comme ceux de France compétences ou l'IA Act. Si les perspectives sont inquiétantes pour les usages grand public, une solution émerge pour les entreprises : la création d'offres internes d'outils IA co-construits et validés.

Fervent défenseur du modèle pédagogique de la Fresque du climat, Antoine Amiel y voit une manière de responsabiliser les individus, appelés eux-mêmes à devenir des relais de formation.