Formation professionnelle : un modèle sous tension face aux grandes mutations (baromètre Igensia)
Publié le 17 novembre, le baromètre annuel d'Igensia, sur la relation des Français à l'apprentissage, la formation et l'emploi, confirme une fragilité persistante : alors que les entreprises accélèrent leurs transitions numérique et écologique, la formation peine encore à répondre au grand enjeu des compétences.
Par Catherine Trocquemé - Le 21 novembre 2025.
Selon cette nouvelle édition, seuls 43 % des actifs estiment être correctement accompagnés par leur employeur, tandis que plus de 30% des entreprises jugent l'offre de formation inadaptée à leurs besoins. Un décalage qui interroge la capacité du système à soutenir des transformations qui s'intensifient et exigent une montée en compétences rapide.
Se former tout au long de la vie : un principe encore peu incarné
Si la formation continue est perçue comme un levier de progression, elle peine encore à s'intégrer dans les pratiques quotidiennes. Près de quatre actifs sur dix ne consacrent aucun temps à l'apprentissage chaque semaine et le volume moyen atteint à peine deux heures, très loin des rythmes observés dans l'enseignement supérieur. Cette situation traduit à la fois une appropriation encore limitée de l'apprentissage régulier par les actifs et des difficultés persistantes d'accès à des formats réellement compatibles avec les contraintes professionnelles. Spécialiste de l'enseignement supérieur Igensia, tente de réduire cette fracture en combinant formations initiales, continues et pédagogies actives pour ancrer une véritable culture d'apprentissage permanent.
Entre ambitions d'employeurs et attentes des actifs : une équation à résoudre
Malgré un consensus sur le rôle stratégique de la formation, moins d'un actif sur deux estime avoir été correctement accompagné pour se former ou évoluer. Les entreprises reconnaissent elles-mêmes les limites de leurs politiques : quatre dirigeants sur dix jugent leur stratégie de formation insuffisante, souvent freinée par les arbitrages budgétaires. Pourtant, la formation devient un critère décisif d'attractivité et de fidélisation, autant pour les salariés que pour les étudiants. Pour lever ces freins, les acteurs de la formation ont intérêt à développer des dispositifs co-construits avec les entreprises afin d'adapter les parcours aux besoins réels des métiers.
Compétences : l'offre de formation en décalage
Les tensions persistent entre les compétences attendues par les entreprises et l'offre de formation disponible. Plus d'un tiers des employeurs considèrent que les formations proposées ne sont pas suffisamment alignées avec les réalités du terrain, un constat renforcé par la perception d'une préparation insuffisante des jeunes diplômés. Moins d'un actif sur deux juge avoir été suffisamment préparé à faire évoluer ses compétences métiers ou à faire face aux transitions du monde du travail. Pour réduire ce décalage, le développement de compétences transversales – curiosité, capacité d'adaptation, pensée critique – est devenu essentiel pour traverser des trajectoires professionnelles moins linéaires.
Transitions technologiques, écologiques et sociales : des priorités divergentes
Face aux grandes mutations, les perceptions diffèrent selon les publics. Les actifs et les étudiants placent en tête l'impact de l'intelligence artificielle et des évolutions sociétales, tandis que les employeurs priorisent la transition écologique et les enjeux géopolitiques. Mais tous partagent un même sentiment de vulnérabilité : un actif sur deux doute de disposer des compétences nécessaires pour faire face à ces transformations. Le groupe Igensia intègre désormais des modules dédiés aux « enjeux du temps présent » – IA, transition écologique, géopolitique – pour mieux préparer les apprenants aux recompositions rapides du travail.
Orientation et accompagnement : les maillons faibles
Dans un marché de l'emploi marqué par les reconversions, les besoins d'accompagnement demeurent forts. Près d'un étudiant et d'un actif sur deux estime avoir manqué d'appui dans ses choix d'orientation et d'informations sur les débouchés professionnels. Ces lacunes nourrissent des risques de réorientation tardive et un sentiment de fragilité face aux décisions d'avenir. L'enjeu est donc d'intervenir plus tôt et plus directement auprès des jeunes, via davantage d'immersion et de contacts avec le monde professionnel. Pour le groupe Igensia, seuls des approches de pédagogie active, la mise en place de passerelles entre les filières ou encore des dispositifs d'accompagnement personnalisé peuvent sécuriser les parcours et réduire les coûts humains et économiques liés à des orientations subies.
Les 5 chiffres clés du baromètre 2025 du groupe Igensia
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