« La force du CIDJ, c'est sa vision 360 » (Isabelle Chambon, directrice générale)

Après un intérim exercé par Pierre-Jean Baty (notre article) suite au départ de Raphaëlle Delaunay (notre article), c'est donc une experte médias (voir encadré) qui a pris la direction générale du Centre d'information et documentation jeunesse (CIDJ). Forte de près de 30 ans d'expertise dont huit années à la tête de L'Étudiant, Isabelle Chambon apporte une double expertise en direction de médias et gestion administrative et financière. Son arrivée est motivée par une conviction claire : inscrire le CIDJ dans une dynamique de développement et d'impact mesurable, au service d'une jeunesse aux besoins multiples.

Atouts

Nommée dans un contexte de fortes contraintes budgétaires publiques, la nouvelle directrice générale apporte son expérience du secteur privé pour déployer une approche pragmatique centrée sur les résultats. « Le CIDJ a des atouts incroyables mais ne les exploite pas assez, il lui faut se développer par ses propres moyens », expose-t-elle. Elle en est convaincue, la structure, qui dépend encore à 75 % de financements publics, dispose d'une belle marge de progression au vu de ses atouts.  De fait, le CIDJ couvre une large palette de besoins – orientation, accès aux droits, logement, santé, insertion, …-, et revendique son approche généraliste : « un jeune arrive souvent avec une question et repart avec des réponses sur plusieurs sujets, c'est notre force. »

Que veut dire être un acteur de l'orientation en 2025 ? Pour Isabelle Chambon, l'orientation dépasse le seul moment du choix scolaire ou professionnel : « ce n'est qu'une partie – certes centrale entre 15 et 25 ans - d'un accompagnement à 360 degrés qui vise à rendre les jeunes acteur de leur vie », insiste-t-elle. Elle souligne également l'importance du lien humain dans cette médiation, qui voit une jeunesse « extrêmement connectée » se débattre avec un « très fort sentiment de solitude. »

Enjeux de transformation

Si la feuille de route ne sera présentée qu'à l'occasion du conseil d'administration du 15 octobre où devrait être signé le contrat pluri-annuel d'objectifs 2026-2028, Isabelle Chambon liste dès à présent trois enjeux de transformation. Le premier vise à développer les partenariats, avec une coopération élargie aux acteurs économiques privés (entreprises et écoles), dans une logique de co-construction encadrée par une charte éthique et des contenus fiables. « Privé ou public, notre rôle est d'offrir le bon éclairage », assume-t-elle. « On ne peut plus faire moins avec moins, insiste-t-elle : 20 conseillers hier, 9 aujourd'hui, à force, on finit par disparaître, il faut lever le couvercle et entrer dans une logique d'investissement et de développement. » C.Q.F.D. : « le CIDJ doit faire comme sa cible : devenir acteur de son propre destin. »

Le deuxième enjeu passe par l'adaptation de l'offre aux usages numériques des jeunes, en investissant davantage les réseaux sociaux, la vidéo et les formats adaptés à une consommation d'information « à toute vitesse », tout en conservant la dimension relationnelle de l'accueil. Le CIDJ entend aussi accorder un intérêt pragmatique à l'IA, envisagé comme un outil pour mieux informer, personnaliser les parcours, optimiser l'accueil et enrichir les contenus. Les cas d'usage à l'étude incluent des chatbots pour un premier niveau de réponse avant un contact humain, des tests d'orientation enrichis, voire une IA maison nourrie par la richesse des contenus du CIDJ. « Le problème de l'IA, c'est souvent la data, nous l'avons », insiste Isabelle Chambon.

Le tout, troisième enjeu, valorisé par une stratégie de faire-savoir qui passe par la modernisation et le renforcement du rayonnement de la marque CIDJ, forte de 56 ans d'existence. Et d'insister : « avoir un service d'accueil gratuit en plein centre de Paris^{[ 1 ]}QJ - Quartier Jeunes, 4 place du Louvre, Paris 1er., c'est une chance incroyable mais il faut le mettre bien plus en avant. » De même pour certains sujets de niche, comme le handicap ou la mobilité internationale, sur lesquels le CIDJ détient une expertise insuffisamment connue.

Enfin, Isabelle Chambon place l'évaluation au cœur des nouveaux objectifs du CIDJ, avec l'instauration d'une culture de la mesure d'impact, au-delà des indicateurs d'activité et de satisfaction immédiate. « L'utilité réelle, l'impact sur la vie des jeunes avec du recul, nous ne savons pas du tout le mesurer aujourd'hui  », justifie-t-elle. Un partenariat avec le Credoc devrait aider à franchir ce cap.

• CIDJ : cidj.com/