Le 6 octobre 2025, l’annonce par Patrick Martin, président du Medef, d’un “manifeste pour l’apprentissage”.

Le 6 octobre 2025, l’annonce par Patrick Martin, président du Medef, d’un “manifeste pour l’apprentissage”.

Le Medef lance un manifeste en faveur de l'apprentissage

Le Medef (Mouvement des entreprises de France) estime que les mesures budgétaires arbitrées en 2025 (réduction des aides, baisse des niveaux de prise en charge) font peser un risque sérieux sur la pérennité de ce dispositif de formation, et lance un appel à la signature d'un « manifeste en faveur de l'apprentissage ».

Par - Le 08 octobre 2025.

« L'Insee prévoit une chute de 65000 contrats d'apprentissage sur le second semestre 2025, due à la réduction des aides et à la baisse des niveaux de prise en charge prévues dans le budget 2025 de la France », a déclaré Olivier Faron, responsable du pôle éducation, formation et jeunesses du Medef, en introduction d'une seconde table ronde sur les dangers sur l'apprentissage lors d'un événement sur cette voie de formation, au Medef, le 6 septembre à Paris.

Besoin de temps

Face à cette perspective, Isabel Talaia, dirigeante de LSP, Le Savoir Peindre, estime qu'il faut « maintenir les aides, car nous en avons besoin pour nous projeter, former demande du temps ». Un avis partagé par Guillaume Rabel-Suquet, directeur des ressources humaines, développement durable et de la communication corporate du groupe Petit Forestier, qui plaide également pour une stabilité des aides sur le long terme, mais aussi « une décomplexification de la gestion administrative de la part des Opco », refusant « une étatisation de la formation ».

Lutter contre la fraude

Pour sa part, Patrick Chemin, secrétaire général des Compagnons du devoir et du Tour de France, estime que les révisions de prise en charge ont déjà fait perdre 12 % de chiffre d'affaires à sa structure. Il faut, poursuit-il, « lutter contre les fraude et les effets d'aubaine, sans mettre tout le monde dans le même sac, et surtout en gardant l'énergie de la réforme de 2018, car le but est atteint, il ne faut pas nous abandonner en pleine guerre ».

Réduction concertée

Une même inquiétude partagé par Laurent Giovacchini, président de la Fédération Syntec, qui dit enregistrer déjà une baisse de 7000 contrats cette automne pour une moyenne annuelle de 65000. L'apprentissage dans le supérieur, très fréquent chez Syntec, est, assure-t-il, valorisant pour toute la filière : 21 % des apprentis Syntec viennent des quartiers prioritaires de la ville. Aussi, ne souhaite-t-il pas des aides modulées selon le niveau de formation et la taille de l'entreprise, mais plutôt « une programmation pluriannuelle concertée de la réduction des aides, évitant un choc brutal ».

Léïla Léguier, directrice performance sociale et opérationnelle de Step Group (Guadeloupe), défend elle aussi le maintien des aides, car dans un tissu économique de TPE « un reste à charge important sera impossible à absorber, et poussera à une baisse de qualification et un affaiblissement du territoire ».

Politique jeunesse

Face à ces constats, le Medef appelle tout l'écosystème de la formation à signer son « Manifeste en faveur de l'apprentissage » qui sera déposé sur le bureau du prochain ministre du travail. « L'apprentissage est la politique jeunesse qui marche le mieux », a justifié Hélène Derrien, directrice des ressources humaines et de la communication d'Orano, coprésident de la commission éducation, formation et jeunesses du Medef.