Les formations à distance au défi de la qualité (Rencontres Ainoa)
La formation à distance fait face à une remise en cause de certaines prises en charge mais aussi à un durcissement des contrôles. Face à une suspicion, pas toujours infondée, de moindre qualité, Ainoa travaille à définir des indicateurs permettant de rendre plus lisible la plus-value de cette modalité.
Par Raphaëlle Pienne - Le 12 novembre 2025.
Orianne Ledroit est en colère. La déléguée générale d'EdTech France, invitée d'une table ronde aux rencontres nationales d'Ainoa le 6 novembre à Angers, prend acte mais ne comprend pas le rejet par le Conseil d'Etat du recours de son association contre le décret abaissant la prise en charge des formations en apprentissage à distance. « Le choix [de procéder à des ajustements budgétaires] sur la base de la modalité et non pas de la qualité, c'est-à-dire de ce que produit la formation pour l'apprenant, est un choix mauvais et dangereux. […] Et qui s'appuie sur des préjugés fallacieux, celui que la formation à distance serait une forme de Netflix », argumente-t-elle.
Un secteur pas toujours irréprochable
« Il y a quand même un sujet fraude », nuance cependant à ses côtés François-Xavier Garancher, expert contrôle, qualité et lutte contre la fraude à la direction de la formation professionnelle de la Caisse des dépôts. Les « quelques » organismes se contentant de proposer des vidéos Youtube existent et exigent un contrôle, rappelle celui-ci. D'autant que la formation à distance a pris une place non négligeable dans les formations financées par le CPF. « Si on enlève le permis de conduire, [on constate] 45 % de FOAD [formation ouverte et à distance] totale, plus 20 % de mixte », précise-t-il.
La démarche d'évaluation de la qualité des formations initiée cette année par la Caisse des dépôts va permettre d'objectiver le phénomène. Ses premiers résultats, à considérer avec prudence puisqu'ils ne portent encore que sur les 250 premiers contrôles, révèlent que 20 % des dossiers présentent une anomalie (dont 7 % invalidés et 13 % faisant l'objet de réserves). « Alors que les OF [organismes de formation] de FOAD ne représentaient que 8 % de l'échantillon, ils vont être 20 % dans les OF sur lesquels on a constaté de la non-qualité », complète François-Xavier Garancher.
Mesurer la qualité, la valeur et l'impact des formations
« Après 2018, l'aubaine de cette réforme a fait qu'on a peut-être vu [la formation à distance et l'innovation] par le prisme du financement. […] Il y a peut-être eu quelques dérives », reconnait lui-même Jean-Christophe Chamayou, le président d'Ainoa. Mais ce sont des dérives que payent aujourd'hui l'ensemble des organismes faisant de la formation à distance y compris ceux « travaillant correctement et bien plus que correctement », regrette-t-il.
Sans opposer les modalités de formation et pour « renverser la donne », Ainoa a donc constitué cette année un groupe de travail visant à définir des indicateurs de qualité, de valeur et d'impact des formations à distance. Présentés avant l'été, ils viseront à améliorer les procédures de contrôles et à rendre plus visible la plus-value des formations à distance aussi bien pour les apprenants que pour la société en général.


