Mon Compte Formation : le dispositif se recentre sur la professionnalisation et les cofinancements
Le rapport annuel de gestion 2024 de la Caisse des dépôts publié début octobre confirme la stabilisation du CPF (compte personnel de formation) après plusieurs années de régulation. Tout en renforçant la sécurisation de la plateforme, l'établissement public met l'accent sur les parcours cofinancés et la coopération entre acteurs publics et privés.
Par Catherine Trocquemé - Le 23 octobre 2025.

Gwenola Martin, directrice de la formation professionnelle et des compétences au sein du groupe Caisse des dépôts.
Cinq ans après son ouverture au grand public, le compte personnel de formation (CPF) s'impose comme un outil central de la politique publique de formation. Né de la réforme de 2018, le dispositif a marqué une rupture en donnant à chaque actif la liberté de choisir et financer sa formation. Après une période agitée – marquée par la prolifération d'offres douteuses et une succession de mesures de régulation – le système cherche aujourd'hui un nouvel équilibre. À l'occasion de la publication de son rapport annuel de gestion début octobre, la Caisse des dépôts et le ministère du Travail réaffirment leurs priorités : sécuriser la plateforme, orienter davantage le CPF vers la montée en compétences, la reconversion et la mobilité professionnelle, tout en favorisant la logique de cofinancement.
Une utilisation du CPF désormais stabilisée
Selon le rapport annuel 2024, 1,4 million de formations ont été financées sur la plateforme Mon Compte Formation, un chiffre stable par rapport à 2023, pour un total cumulé de 7,6 millions de formations depuis le lancement. Cette stabilisation traduit une maturité du dispositif, malgré les dernières évolutions réglementaires notables, comme l'introduction d'une participation financière obligatoire au printemps 2024 et l'éligibilité du permis moto. Autre indicateur significatif : les demandeurs d'emploi représentent plus d'un tiers des bénéficiaires, un signe du rôle croissant du CPF dans les parcours de retour à l'emploi.
France Travail, premier contributeur, a soutenu plus de 25 000 formations de demandeurs d'emploi
Les cofinancements montent en puissance
L'année 2024 marque aussi un tournant dans la structuration des partenariats financiers. France Travail, premier contributeur, a soutenu plus de 25 000 formations de demandeurs d'emploi. Plusieurs Régions ont également développé leurs politiques d'abondement, à l'image des Pays de la Loire, qui ont mobilisé 1,2 million d'euros pour les métiers de la transition écologique.
Les opérateurs de compétences et les entreprises se saisissent eux aussi du levier CPF, avec près de 57 millions d'euros de dotations volontaires versées par ces dernières fin 2024. Cette dynamique traduit une évolution vers une co-construction accrue des parcours entre employeurs et salariés, encouragée par la Caisse des dépôts, qui prépare pour 2025 de nouveaux services facilitant ces démarches.
Une régulation renforcée et une offre mieux encadrée
La lutte contre la fraude et la qualité de l'offre demeurent un axe prioritaire. En lien avec l'État et ses partenaires (Tracfin, DGFIP, forces de l'ordre…), la Caisse des dépôts a poursuivi ses contrôles et procédures de vérification. Résultat : le nombre d'organismes de formation référencés a reculé de 9,5 % en un an, pour atteindre 13 700 prestataires fin 2024. L'identification des titulaires a elle aussi été renforcée avec l'intégration du service France Identité via FranceConnect+, garantissant un accès plus sûr aux formations.
La Caisse des dépôts confirme son rôle dans la gouvernance du CPF
De nouveaux services au service des politiques de compétences
Au-delà du CPF, la Caisse des dépôts continue de développer les outils numériques associés à la politique de formation. Le Passeport de compétences, enrichi notamment des “badges Cojo" liés aux Jeux de Paris 2024, ou encore le Passeport de prévention en matière de santé et sécurité au travail, s'inscrivent dans cette logique. Parallèlement, la plateforme Agora – véritable data hub de la formation – élargit ses fonctionnalités de partage d'informations avec France Travail et plusieurs Régions, contribuant à une meilleure coordination des politiques publiques.
En consolidant à la fois la régulation et les partenariats de financement, la Caisse des dépôts confirme son rôle dans la gouvernance du CPF et de soutien aux politiques publiques. Le dispositif, désormais mieux encadré, amorce une nouvelle phase : celle de la professionnalisation des usages et de la coopération entre acteurs, conditions essentielles pour faire du droit à la formation un véritable levier d'évolution professionnelle.


