Des certificateurs de l'enseignement supérieur s'engagent dans la VAE

Jusqu'ici peu ouvert à la validation des acquis de l'expérience, l'enseignement supérieur s'organise pour construire des parcours hybrides et développer leur offre d'accompagnement. Les initiatives de l'université de Rennes1 et du réseau d'écoles d'ingénieur Criva témoignent de cette révolution culturelle et inscrivent le dispositif dans une logique de développement des compétences.

Par - Le 19 mai 2022.

Alors que la VAE fête ses 20 ans, une réforme se profile. L'expérimentation Reva en dessine les contours. Au-delà d'une simplification administrative, il s'agit d'insuffler une nouvelle dynamique en inscrivant ce dispositif dans une logique de parcours individualisé et multimodal. Cette approche favorisée par la construction des certifications professionnelles en blocs de compétences exige un effort tout particulier en matière d'accompagnement et une appropriation de la VAE par tous les certificateurs. Marqué par une tradition quelque peu élitiste, l'enseignement supérieur  ne l'a pas toujours promue. Dans un contexte de fortes évolutions des métiers, un mouvement s'amorce. « Les entreprises sont de plus en plus moteur. Dans le cadre de leur projet de transformation, la VAE représente un outil intéressant de développement des compétences et de mobilité », affirme Gwennaëlle Kervegant, responsable des dispositifs de validation et accompagnatrice à l'individualisation des parcours au sein de l'université Rennes1.

Accompagnement

L'établissement a choisi de développer les parcours VAE, tout comme l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tarbes (Enit), membre du réseau Criva qui regroupe 5 autres écoles d'ingénieurs autour d'un portail unique de candidature. La clé de la réussite réside dans la construction d'une offre de services à destination des entreprises et des candidats. « L'accompagnement des candidats est crucial. Une VAE est exigeante et implique souvent un travail sur soi. Nous avons mis en place un tutorat méthodologique et un tutorat technique », explique Philippe Clermont, responsable de la formation continue et de la VAE à l'Enit et directeur administratif du Criva. Selon l'ingénieur, convaincu de l'intérêt et du potentiel de la VAE, le certificateur est le mieux placé pour assurer cet accompagnement. D'une durée moyenne de 24 heures, il peut être financé par le CPF ou d'autres dispositifs comme le FNE. Mais bien en amont, une autre étape s'avère tout aussi cruciale, le positionnement.

Parcours hybrides

« En amont, le rôle du conseil en évolution professionnel peut être déterminant pour affiner le projet. Les entreprises devraient davantage s'appuyer sur cette expertise », précise Gwennaëlle Kervegant. Toute la difficulté consiste à trouver le diplôme correspondant à l'expérience et aux objectifs du candidat. C'est aussi le moment de mesurer d'éventuels écarts avec le niveau visé. De plus en plus de VAE adoptent la construction de parcours hybrides intégrant des modules de formation aux modalités diverses ou une progression structurée autour de blocs de compétences. Véritable rupture, cette approche ne se contente plus de valider des acquis d'expérience mais fait grandir le candidat. Devenu un outil de formation continue à part entière, la VAE hybride ouvre de nouvelles perspectives de carrière et de mobilité. « Nous avons fait un gros travail d'ingénierie pour pouvoir proposer ces parcours », ajoute Gwennaëlle Kervegant.

Changement culturel

Pour l'enseignement supérieur, promouvoir la VAE implique souvent un changement culturel. « Il est très important de sensibiliser les membres du jury au profil particulier de ces candidats », confirme Philippe Clermont. Une sensibilisation qui passe par des ateliers, des guides ou encore des débriefings réguliers après les examens. La posture et les questions posées doivent se détacher de la vérification de connaissances pour aller chercher une évaluation globale des compétences. Ces bonnes pratiques mériteraient d'être partagées. Des échanges entre universités ou au sein de réseaux comme le Criva peuvent y contribuer et faire enter la VAE dans l'enseignement supérieur par la grande porte.