Faut-il s'orienter vers les métiers de l'éco-construction ?

Par - Le 16 décembre 2009.

Remède au défi écologique pour les uns, arme anticrise pour les autres, l'éco-construction attire. Deux événements récents, le Forum des emplois verts [ 1 ]www.forumemploisverts.fr, 24 novembre (Paris) et le salon Bâtir écologique [ 2 ]www.batirecologique.com, 27 au 29 novembre (Paris) ont permis de préciser les enjeux.

Dans le contexte tendu d'un secteur porté par les décisions du Grenelle de l'environnement, la question de la formation est forcément épineuse, explique Dirk Eberhard, artisan formateur membre du réseau français de la construction en paille [ 3 ]www.compaillons.fr. D'une part, les professionnels sont en nombre insuffisant pour dégager du temps formateur, explique-t-il, d'autre part, l'éco-construction renvoie à des valeurs qui influent fortement sur les conditions d'exercice du métier, “le plus souvent en tant qu'artisan à son compte". Sur le volet formation, les douze organismes adhérents de l'Ofeco [ 4 ]www.federation-ofeco.org , la fédération nationale des organismes de formation professionnelle à l'éco-construction, travaillent à la professionnalisation du secteur. Comme souvent, la reconnaissance des compétences passe par des titres professionnels. “Certains existent déjà depuis quelques années, explique Mickaël Micmacher, président de l'Ofeco, d'autres viennent d'être créés ou sont en cours de création". Parmi l'existant, une formation au titre professionnel d'“ouvrier spécialisé en éco-construction gros œuvre - maçonnerie" (niveau V) est ainsi déjà en place, et deux autres devraient suivre en 2010 (gros œuvre-isolation et finition).

Parallèlement, l'Ofeco dispose également d'un catalogue de formations courtes, “éligibles au Dif et idéales pour des actions de pré-reconversion ou d'orientation", commente Mickäel Micmacher. Sur ce dernier point, l'Ofeco vient d'ailleurs de créer avec l'aide financière du Crédit coopératif une formation ouverte et à distance de sensibilisation d'une cinquantaine d'heures, dont la première session débutera le 15 décembre. Soulignant une problématique commune à tous les secteurs innovants, Éric Handrich, président des Compaillons, se pose lui la question de savoir “comment financer des formations qui ne débouchent pas sur un métier reconnu", ce qui est le cas de la formation “Constructeur paille". D'où la nécessité de créer des référentiels, à l'instar de celui réalisé dans le cadre d'un projet européen Leonardo au profit des professionnels de la terre crue (voir encadré).

Quand l'Afpa vire au vert

“Les emplois verts, ce sont moins des nouveaux métiers que des nouvelles compétences et un nouveau contexte d'exercice", a expliqué, lors du Forum des emplois verts, Alain Mahé, directeur du département BTP à l'Afpa. Une situation qui n'a donc pas conduit l'Afpa à créer de filière spécifique à l'éco-construction mais à faire évoluer le contenu de ses formations. Maçons, carreleurs, peintre-façadiers, plâtriers, couvreurs, charpentiers, etc., toutes ces formations demeurent, mais intègrent donc désormais les exigences du marché et du Grenelle de l'environnement. Aussi, selon la formule de François-Dominique Cipriani, directeur technique régional de l'Afpa Corse, “des métiers passent aux verts, nos formations passent au vert". À noter que les volumes n'ont pas forcément “explosé" sur les métiers les plus médiatiquement exposés, comme le souligne Robert Guilehmpourqué, ingénieur de formation, qui précise que “l'Afpa forme 2 000 maçons, électriciens et plombiers-chauffagistes par an et seulement 60 techniciens du génie climatique". Et à noter aussi, aux formations métiers dispensées par l'Afpa s'ajoutent les “stages de perfectionnement", destinés aux professionnels souhaitant ou devant adapter leurs compétences.

Notes   [ + ]

1. www.forumemploisverts.fr, 24 novembre (Paris)
2. www.batirecologique.com, 27 au 29 novembre (Paris)
3. www.compaillons.fr
4. www.federation-ofeco.org