Éric Baier, de garde républicain à officier conseil

Le prochain DRH de l'année pourrait bien être un militaire. L'idée vous fait sourire ? C'est que vous n'avez jamais rencontré Éric Baier : 47 ans, vingt-huit au sein de la Gendarmerie nationale, dont dix-sept en ressources humaines, plus de 1 000 dossiers reconversion-reclassement à son actif en dix ans et - ce n'est pas tout à fait anodin pour un homme qui a placé le relationnel au cœur de son métier - plus de 3 000 contacts sur le réseau social Viadeo. N'allez surtout pas croire que l'homme s'est égaré dans la vie de caserne.

“Issu d'un milieu militaire et ayant vécu toute ma jeunesse dans des garnisons françaises stationnées en Allemagne, j'ai été attiré dès mon plus jeune âge par l'armée. (…) Pas en pensant que je m'occuperais de ressources humaines, mais bien par goût de l'aventure, de la rigueur et de la discipline." D'abord garde républicain affecté à la sécurité intérieure de l'Élysée, Éric Baier explique n'avoir développé que plus tard le “goût de l'humain et le sens du relationnel". Deux qualités approfondies lorsque, diplôme d'officier de police judiciaire en poche, ses missions de gendarme départemental le confrontent aux “violences de la vie quotidienne et à la misère humaine".

Le lien avec les RH ? Il le fera au sein de sa brigade en tant que responsable des dossiers de candidature “sous-officier de gendarmerie". Accompagner les jeunes candidats, jouer un rôle de tuteur, voilà qui lui plaît suffisamment pour qu'il décide d'en faire son cœur de métier. Désormais à 100 % sur une mission RH, le voici tour à tour gendarme recruteur, responsable d'un plan de formation, d'un service social, de la gestion administrative des personnels du contingent ou encore d'un centre de sélection et de tests psychotechniques. De quoi monter suffisamment en compétences pour se voir proposer un nouveau challenge : “Participer, dès l'été 1999, à la création et à la mise en place d'un centre d'orientation et de reconversion pour les militaires de la gendarmerie souhaitant retourner à la vie civile." Devenu officier conseil “consultant en outplacement spécialisé pour les profils Gendarmerie-Armées" sur l'ensemble de la Région Alsace, Éric Baier se plaît à innover : convention avec les Ateliers de pédagogie personnalisée (APP), convention avec les Missions locales, ou encore coordination de Café contact de l'emploi spécial reconversion des militaires. L'homme ne manque pas d'idées.

Sont-elles faciles à mettre en œuvre ? Citation opportune pour rappeler que les militaires aussi se souviennent du général de Gaulle : “L'homme de caractère entend qu'on lui donne une tâche et qu'on le laisse maître à bord, impératif insupportable à beaucoup de chefs qui, faute de maîtriser les ensembles, cultivent les détails et se nourrissent de formalités."

Les militaires intéressent-ils le monde civil ? “D'un jour à l'autre, un gendarme est amené à changer de pays, de Région, de fonction et même de métier, il côtoie aussi bien des notables que des délinquants, tout cela témoigne d'une grand faculté d'adaptation qui ne peut qu'intéresser les employeurs", martèle-t-il. Même en ces temps difficiles ? “La crise, quelle crise ? Le marché caché de l'emploi représente plus de 80 % des postes à pourvoir, il faut juste changer les mentalités, bien vouloir accepter le changement et avoir une certaine ouverture d'esprit : arrêtez le recrutement du copié-cloné !" Comment faire ? “Venez à la troisième édition du Café contact de l'emploi, vous verrez que ça marche !"

Lui-même pense-t-il à sa propre reconversion ? “Je veux continuer à vivre ma passion !" Et de conclure : “Pourquoi pas, un jour, rejoindre un cabinet d'outplacement qui serait intéressé par mes compétences et mon expertise pour développer cette niche spécifique des "profils militaires" !"

Diplôme “officier de police judiciaire"

1999

Habilité officier conseil “consultant en outplacement spécialisé profils militaires"

2001

Habilité à la délégation de service niveau II ANPE

2004

Titre de conseiller emploi-formation-insertion, obtenu par VAE)]