Les Mife détiennent-elles la clé du premier accueil ?

Par - Le 01 juillet 2010.

Enjeu fort des services d'orientation, la question de la professionnalisation du premier accueil est traitée de manière innovante par la Maison de l'information sur la formation (Mif)[Mif sans l'habituel “e" car l'organisme hébergeur, la Mef, traite de la dimension emploi. [/footnote] du Cotentin, service intégré à la [Maison de l'emploi et de la formation (Mef) située à l'extrême nord de la presqu'île. Une initiative présentée lors des Rencontres nationales des Mife (Caen, 10 et 11 juin).

Contexte. Seul service de la Mef chargé de recevoir tous les publics, la Mif peine à couvrir un territoire hétérogène et mal desservi par les transports collectifs hors zone urbaine, explique Stève Frederick, responsable de l'Observatoire territorial et de la Mif du Cotentin. Problème, car avec un taux de chômage important depuis 15 à 20 ans, le besoin d'information sur les métiers et les formations est réel. D'où la “nécessité de réfléchir à la proximité de l'information et à l'équilibre du territoire".

Solution. Comment améliorer la situation quand on ne peut multiplier les implantations territoriales ? “En s'appuyant sur les collectivités locales" pour former au premier accueil les personnels accueillants des différents services publics présents sur le territoire, répond le responsable de la Mif du Cotentin. Si l'idée est simple, la nécessité de “se mettre d'accord sur les besoins et sur les droits et devoirs de chacun" explique une mise en œuvre, sinon complexe, du moins très “progressive". Ainsi, le projet aujourd'hui en phase de première évaluation a-t-il débuté dès 2006. Il a fallu d'abord convaincre les élus et responsables techniques, ensuite établir un diagnostic de l'existant territorial, puis rédiger collectivement un cahier des charges et le valider, avant d'entamer, à la mi-2009, les actions de professionnalisation et la création du réseau d'accueillants.

Difficultés. S'agissant des freins à surmonter, Stève Frederick évoque notamment l'hétérogénéité des stratégies locales et la diversité des profils, tant en termes de spécialisation d'origine que d'expérience ou de motivation, ce qui ne facilite pas l'homogénéisation du service rendu. On trouve ainsi aussi bien “des accueillants d'espaces sociaux, des référents emplois dans des espaces sociaux, des professionnels confirmés de l'accompagnement/conseil, des administrateurs de collectivité en charge de l'accueil ou ayant une expérience autre, [que] des animateurs d'espaces publics numériques".

Formation. Reposant sur une dynamique de réseau d'échanges, la professionnalisation prévoit des temps de formation et des temps d'immersion individualisés. À noter que les thèmes de professionnalisation sont traités par les acteurs référents. Par exemple, l'offre de services du SPE et les fonctionnalités de Pole-emploi.fr par Pôle emploi, le RSA par le Conseil général, etc. Enfin et pour pallier à l'obsolescence rapide des informations, la réalisation d'un extranet a été préférée à celle du guide initialement prévu par le cahier des charges.

À venir. Parmi les objectifs du nouveau plan d'actions 2011-2014 cités par le responsable de la Mif du Cotentin, celui d'“obtenir le label information-orientation". Ceci, non sans espérer que les critères de labellisation s'inscrivent dans un projet d'orientation éducative plutôt que dans une visée adéquationniste.

[(LE CIDEME, UN CARREFOUR D'INITIATIVES

Installé depuis novembre 2009, le Carrefour d'initiatives pour développer l'emploi et les métiers (Cideme), illustre la volonté affichée par Christian Piélot, président de la Mife du Calvados et vice-président de la communauté de communes de Caen La Mer, de créer une “vraie plateforme d'orientation". Non pas en inventant de nouveaux acteurs, mais simplement en “réunissant l'ensemble des associations qui débordent d'idée pour les mettre sous le vent", nous explique-t-il.

Lieu unique, ouvert à tous et entièrement dédié à l'orientation, la formation, l'emploi et l'accompagnement, le concept n'est pas sans rappeler celui des Cités des métiers. À ceci près que le Cideme conserve l'identité des partenaires et ne les réunit pas sur un plateau unique. Sont ainsi aujourd'hui associés en un même bâtiment - outre la Mife, la Mission locale et la Maison de l'emploi et de la formation - le CIO d'Hérouville-Saint-Clair, le Plie du Pays de Caen, le Comité local pour le logement autonome des jeunes, ainsi que Quartier jeunes et Défi-élan, deux associations de réinsertion. Convaincu de la pertinence du concept, Christian Piélot envisage désormais un “Cideme II", cette fois-ci plus particulièrement dédié aux partenariats avec les entreprises et destiné à couvrir le sud de l'agglomération.)]