Itinéraire - Isabelle Salguero, à distance sinon rien
Par Nicolas Deguerry - Le 01 août 2010.
“Le droit, comme tout un chacun, d'étudier et d'avoir un travail"
D'après le Petit Robert, la distance s'envisage sous l'angle de la séparation et de la mise à l'écart. D'abord tenue à distance du savoir et du travail pour cause d'échec scolaire puis de handicap, Isabelle Salguero, 45 ans, est en passe de découvrir une autre dimension de la distance.
“J'ai quitté l'école à l'âge de 15 ans et, comme tous les gens sans diplôme, j'ai longtemps cumulé les travaux saisonniers et autres petits boulots sans grand intérêt". Jusqu'à ce que la maladie, chronique et évolutive, devienne handicapante et lui interdise tout travail physique. “Quand mon médecin a évoqué la possibilité d'un DAEU à distance, j'ai d'abord pensé que je n'en étais pas capable, je ne savais même pas allumer un ordinateur. Mes enfants m'ont aidée et je me suis inscrite en ligne à l'Université Pegasus Toulon-Var". Isabelle Salguero découvre alors l'univers des forums, des chats, des tuteurs et de l'entraide en ligne. “Je ne me suis jamais sentie seule, j'obtenais les réponses à mes questions en quasi temps réel et l'on s'était organisé entre étudiants pour réviser ensemble". Certaines personnes se découragent et abandonnent, pas elle. Au point de s'investir suffisamment pour se découvrir un goût pour l'enseignement. Désormais inscrite en licence de lettres modernes au campus numérique de Poitiers, le président de l'Université de Toulon-Var a maintenu ouverte sa connexion au site du DAEU. “Il trouvait que je motivais les élèves. C'est vrai que j'interviens beaucoup sur les forums, il y en a quelques-uns que j'aide, ceux qui ont envie de bosser mais qui sont parfois près de lâcher. Apparemment, j'ai le petit truc qui fait que j'arrive à motiver plus facilement les gens qui ont connu l'échec scolaire. Quand j'aurai mes diplômes, je pense que je pourrai apporter quelque chose aux jeunes en difficulté, je m'en sens capable". D'autant plus qu'en fréquentant la communauté en ligne des tuteurs à distance de Jacques Rodet[ [T@D [/footnote], Isabelle Salguero a découvert qu'il s'agissait d'un “vrai" métier. “Ce qui m'arrêtait, c'était que j'étais persuadée que l'on ne pouvait pas être professeur autrement qu'en présentiel ; maintenant que je sais que l'on peut enseigner à 100 % à distance, mon but est de pouvoir tutorer des jeunes en difficulté. Et je me rends compte que cela risque d'être possible !"
Ne tarissant pas d'éloges sur les études en ligne, Isabelle Salguero apparaît moins convaincue par les formes plus traditionnelles d'enseignement à distance. “Après le DAEU, je m'étais inscrite en fac de philo par correspondance, en profitant du fait que toutes les Universités sont désormais obligées de mettre leurs enseignements à disposition de ceux qui peuvent pas suivre en présentiel. Je me suis retrouvée avec un paquet de feuilles, sans aucun suivi ni corrigé, et je me suis cette fois-ci sentie très seule".
Ayant retrouvé ses marques dans le cadre du campus numérique de Poitiers, Isabelle Salguero peut conclure : “je suis hyper motivée et je me sens capable. Je me rends compte que l'on peut réussir en dépit d'un échec scolaire initial, ce n'est ni définitif ni synonyme de stupidité. Lorsque j'ai repris les études, j'avais un but non avoué qui était de progresser dans l'écriture. Maintenant que j'ai repris confiance, j'ai un but avoué qui est d'accéder à l'enseignement. En ligne, cela devient possible. Je me suis rendue compte que j'avais le droit, comme tout un chacun, d'étudier et d'avoir un travail. Cela aurait été impossible sans les études à distance".
[(1979Arrêt des études en 3ème
1990
Arrêt de tout travail physique pour maladie évolutive
2007
Diplôme d'accès aux études universitaires (D.A.E.U.) à distance – Pegasus Toulon-Var
2010
Licence I de Lettres classiques et modernes à distance - Poitiers)]