Orientation et conseil : ça bouge en Autriche

Par - Le 01 août 2010.

Réunis les 21 et 22 juin derniers à Vienne (Autriche), les partenaires allemands, autrichiens et français de QuADEC[ 1 ]Volkshochschule Meidling (Autriche), Zukunft im Zentrum Gmbh (Allemagne), Cité des métiers de Paris (France)., projet européen Grundtvig dédié à la qualité du conseil en orientation, ont échangé sur leurs pratiques respectives. Point sur les pratiques en cours à Vienne, hôte de l'événement.

Contexte. La situation autrichienne est-elle foncièrement différente du cas français ? Pas vraiment si l'on en croît les propos de Gerhard Bisovsky, directeur de l'Institut de formation pour adultes VHS Meidling. “Nous disposons de beaucoup de services d'orientation mais pas d'une carte : il est difficile de savoir qui est responsable et difficile pour l'usager de les connaître", nous explique-t-il. “Il n'est pas non plus facile d'atteindre les publics peu qualifiés, il nous faudrait probablement des campagnes publiques d'information". Autre parallèle, les acteurs de l'accueil, de l'information et de l'orientation (AIO) de la ville de Vienne s'efforcent désormais de s'organiser en réseau, ceci pour mieux répondre à la problématique du “tout au long de la vie" impulsée par l'Europe. “Nous sommes généralement assez conservateurs et les directives européennes ont certainement joué un rôle d'aiguillon", reconnaît-il. Désormais regroupés sous une marque commune Orientation & Conseil à Vienne, les professionnels de l'AIO se sont dotés d'une “charte pour des services de conseil et d'orientation indépendants". Trois dimensions sont abordées : le respect de l'individu acteur de son parcours, l'inscription dans une démarche qualité et l'engagement de ne pas céder à des conflits d'intérêt, notamment en raison de la provenance des financements ou de l'origine institutionnelle des conseillers.

Formation. Quels sont les besoins de formation pour les conseillers en parcours professionnels de Vienne, telle est la question à laquelle s'est intéressée une enquête en ligne conduite de février à avril 2010 auprès d'une centaine de responsables et de conseillers de services AIO. Si plus de deux tiers des responsables et près de 80% des conseillers se montrent satisfaits de l'offre globale de formation continue destinée à la professionnalisation du conseil, l'enquête révèle cependant un besoin de développement de l'offre pour les conseillers s'occupant de publics spécifiques. D'abord pour les personnes éloignées de la formation et les personnes issues de l'immigration, ensuite pour les femmes et les jeunes et ce, de manière beaucoup plus prononcée du point de vue des conseillers que des responsables. Sur le podium des formations qui seraient jugées les plus pertinentes par les responsables figurent les “méthodes de conseil tenant compte du contexte culturel", l' “attitude par rapport aux clients difficiles" et “Mener une discussion". Des choix proches de ceux des conseillers qui préfèrent toutefois placer en tête de leurs préoccupations les formations au “conseil en ligne", regrettant à près des trois-quarts que l'offre en la matière soit, selon eux, insuffisante. Également intéressant à noter, le lien opéré par les responsables entre l'exercice qualifié du métier et la nécessité d'une “couverture financière et temporelle des conseillers au-delà des projets de court terme".

À la rencontre du public : le conseil hors les murs. Comment améliorer l'accès à la formation des publics qui en sont le plus éloignés ? Au choix français de mieux organiser le fléchage des financements, s'ajoute la volonté autrichienne de ne pas attendre le client. “70% des personnes reçues à ce jour ont été contactées sur le terrain", nous explique Maryse Wolf, conseillère pour ABZ*Austria, un organisme spécialisé dans l'accompagnement des femmes à l'origine d'un dispositif de conseil pour personnes avec obligations parentales. “Les congés parentaux sont souvent une occasion pour débuter ou poursuivre une formation, nous soutenons les parents en tenant compte de leurs responsabilités familiales". Pour toucher un public issu à 65% de l'immigration et composé à 90% de femmes, Maryse Wolf se déplace : dans les parcs, dans les centres familiaux, dans les jardins d'enfants, dans les piscines publiques ou dans les mosquées, partout où se trouvent ces populations qui ne viennent pas spontanément dans les lieux de l'AIO. Commencée en février 2009, l'initiative a déjà permis de rentrer en contact avec environ 500 personnes, dont une centaine ont ensuite fait l'objet d'une prestation de conseil. Si l'intérêt de ces publics pour la formation va “croissant", souligne Maryse Wolf, un double frein subsiste : le manque d'allocations et d'aides financières, d'une part, l'insuffisance de formations continues compatibles avec les obligations familiales, d'autre part. Ce à quoi s'ajoute une troisième difficulté pointée par Jasmine Böhm, responsable d'ABZ*Austria : “Lorsque une conseillère est hors les murs, il faut pouvoir justifier auprès des financeurs qu'il s'agit bien là à part entière d'une mission de notre association".

Notes   [ + ]

1. Volkshochschule Meidling (Autriche), Zukunft im Zentrum Gmbh (Allemagne), Cité des métiers de Paris (France).