Solatrag, une PME languedocienne récompensée aux “Planètes d'or de la formation professionnelle"

Par - Le 01 août 2010.

Avec 220 salariés en 2010, Solatrag, entreprise de travaux publics d'Agde (Languedoc-Roussillon) est un acteur de l'emploi particulièrement actif sur le bassin de l'Hérault. Nantie d'une politique sociale audacieuse et ce, depuis 1987.

Affichant fièrement sa devise - “L'homme au cœur de l'entreprise, l'entreprise au cœur de la région" -, Solatrag mise sur la formation pour valoriser ses compétences internes. Une politique qui a valu à la PME languedocienne de se voir récompensée au concours des “Planètes d'or de la formation professionnelle" organisée par la CGPME.

“Ces cinq dernières années, nous avons multiplié par dix notre politique de formation par rapport aux obligations légales", annonce Jean-Marie Esteve, PDG de Solatrag depuis 2004, suite à la troisième RES (reprise d'entreprise par ses salariés, voir encadré) menée au sein de l'entreprise. “L'époque où nous avons initié cette politique a été marquée par un net regain d'activité dans le domaine du BTP et, surtout, une évolution des métiers traditionnels de ce secteur avec, notamment, de nouvelles expertises comme la découpe au laser ou la pose de bétons décoratifs." La politique de formation menée à cette occasion a permis a l'entreprise de connaître un important développement. En effet, si Solatrag comptait 140 collaborateurs lors de la prise de fonctions de Jean-Marie Esteve, ils sont désormais 220. Une augmentation que la crise n'est pas venue altérer. “Dans le cadre de notre politique de formation, indique ce dernier, nous avons essentiellement travaillé avec la Fédération du compagnonnage, ainsi qu'avec les Compagnons du devoir, non seulement pour améliorer la qualité de nos métiers, mais aussi parce que ces derniers apportent, en plus de leur professionnalisme, une philosophie du travail qui correspond aux valeurs de Solatrag."

“Anticiper les besoins nous a permis de traverser la crise"

L'axe de valorisation des compétences, chez Solatrag, a également reposé sur le savoir-faire des “anciens" de l'entreprise. “Afin de former nos formateurs, nous avons ré-embauché cinq anciens collaborateurs de l'entreprise, alors en retraite, afin qu'ils puissent faire profiter les jeunes générations de leur expertises distinctives. Outre le plaisir de les voir revenir chez Solatrag – et ce plaisir fut partagé ! – ce recours aux anciens salariés répond à un besoin local : en effet, l'offre de formation sur certains métiers (génie civil complexe, pose de canalisations, etc.) manque cruellement dans le département de l'Hérault et même dans les régions Languedoc-Roussillon et Paca."

Afin de mobiliser toutes les énergies visant à ce renouvellement des compétences dans la PME, Solatrag a mis en place une GPEC afin de travailler sur son référentiel des métiers en partenariat avec l'Agefos-PME et l'Aref-BTP, ainsi qu'avec l'École des mines d'Alès. “Le partenariat avec ces institutions est extrêmement utile, confie le PDG de Solatrag, car, même s'il ne le disent pas, les conseillers de l'Agefos-PME réalisent toujours une forme particulière d'audit sur les besoins de formation lorsqu'ils entament une collaboration avec une entreprise. Anticiper nos besoins voici cinq ans nous a permis de traverser la crise : nos équipes étaient polyvalentes et il était dès lors possible de les faire glisser d'une tâche à une autre, en fonction des besoins. Nous avons même fait progresser nos résultats en 2009 !" Ainsi, la PME d'Agde a pu former ses collaborateurs à palette variée de nouvelles compétences dans les domaines de la domotique, du perfectionnement métallier, de la topographie, de l'amiante, de la gestion de déchets ou encore de l'accessibilité.

L'avenir passe par la “réappropriation urbaine"

Une problématique qui tient particulièrement à cœur à Jean-Marie Esteve et sur laquelle l'entreprise compte beaucoup pour son développement futur. “Nous ambitionnons de devenir les spécialistes des maisons de retraite low-cost, pas au sens “au rabais", mais dans le cadre d'un développement de la domotique et de la réhabilitation des bâtiments - pour que les personnes âgées puissent rester au maximum à domicile. D'ailleurs l'avenir, depuis une dizaine d'années, est à la réhabilitation des villes et des centres urbains. Les lotissements périurbains ont de moins en moins la cote et les gens se réapproprient les centres-villes. Cette réappropriation urbaine, dans un cadre de développement durable et harmonieux, est un véritable enjeu pour le BTP d'ici à 2050 !"

Actuellement, 80 collaborateurs de l'entreprise suivent des formations afin de s'adapter à ces futures problématiques. “Notre richesse ne se trouve pas dans notre bilan", a l'habitude de dire Jean-Michel Esteve, lorsqu'il parle des potentialités humaines de Solatrag. Une vision particulière de l'entreprise qui a valu à la PME de l'Hérault de recevoir un trophée lors du salon Planète PME le 15 juin dernier, à Paris.

[(

SOLATRAG, L'EXEMPLE DE PLUSIEURS RES RÉUSSIES

L'histoire de l'entreprise débute en 1924… et aurait pu s'arrêter net en 1987, le dernier PDG de Solatrag (Ernest Caruso, petit-fils du fondateur, Philippe Caruso) n'ayant pas d'héritier susceptible de reprendre la PME familiale. Si plusieurs “majors" du BTP se sont alors montrées intéressées par le rachat de l'entreprise d'Agde, au prix du licenciement de la moitié du personnel, la loi de 1984 sur le rachat des entreprises par leurs salariés (RES) a permis aux collaborateurs de Solatrag d'en devenir les propriétaires. Si cette loi de 1984 était alors une loi d'exception, elle a, depuis été pérennisée et les RES, chez Solatrag, sont devenus un véritable outil de management. “Ici, les sexagénaires partent en retraite, les quinquagénaires leur succèdent et les quadras se préparent à prendre les rênes", résume Jean-Marie Esteve, l'actuel PDG de l'entreprise, dont il a pris la présidence en 2004 (après deux précédentes RES mises en place en 1987 et 1995). Lui-même, d'ailleurs, ne possède que 49,4 % du capital de l'entreprise et passera le relais à son successeur en septembre 2011. “Personne ne dispose de la majorité absolue des parts de l'entreprise, indique t-il, cela fait partie de notre système de gestion. Les jeunes richesses doivent s'exprimer lorsque vient leur tour." Des jeunes, certes, mais issues de la valorisation des compétences plutôt que du népotisme : “Chez Solatrag, précise t-il, les enfants des membres du conseil d'administration ne sont jamais embauchés au sein de la gouvernance. C'est un principe ! Nous préférons développer le concept de l'“intra-preneur" en puisant les futurs dirigeants de l'entreprise dans le terreau de nos forces vives." À l'heure actuelle, deux futurs dirigeants sont d'ores et déjà en formation à l'Institut français de gestion pour être prêts pour le jour J…)]