Patrick Souilleaux, chaudronnier et Meilleur ouvrier de France

“Une expérience qui demande d'aller au bout de soi-même."

Si les diplômes s'accrochaient au veston, Patrick Souilleaux, 46 ans, ressemblerait à un officier de l'ère soviétique : trois CAP dont deux passés en candidat libre, un bac technique, un BTS, une “validation des essais professionnels" pour devenir formateur à l'Afpa, etc. De toute évidence, l'homme ne déteste pas se soumettre au jugement de ses pairs. Et apprécie les défis. Le dernier en date lui a demandé quelques 800 heures de travail réparties sur douze mois, le soir et les week-ends. À la clé, un titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) spécialité Chaudronnerie, obtenu en juin 2011.

Pourquoi la chaudronnerie ? “J'étais attiré par le travail manuel, mais j'ignorais tout des métiers. J'ai découvert la chaudronnerie lors de ma première année de lycée technique et cela m'a tout de suite plu. J'ai donc passé mon CAP de chaudronnier et, en candidat libre, un CAP de chaudronnier traceur." Par passion ? “C'est vrai que j'ai un côté un peu passionné, mais le déclic a en fait eu lieu en réalisant une bricole pour un copain. Je venais d'échouer à une épreuve anticipée du CAP et je me suis appliqué à lui faire un travail soigné. Quand le formateur l'a vu, il m'a fait remarquer que j'aurais réussi si j'avais bossé comme ça. Ce discours a suffi à déclencher chez moi l'envie d'avancer."

Suit un parcours qui le conduit jusqu'au brevet de technicien Chaudronnier tuyauteur. Embauché en CDI dans l'entreprise où il travaillait durant toutes ses vacances, Patrick Souilleaux y développe l'activité de chaudronnerie et s'épanouit sur un poste de chef d'atelier. Nouant au hasard d'une rencontre professionnelle des relations avec l'Afpa Picardie, il y devient jury et finit par quitter son entreprise pour y prendre un poste de formateur. Séduit par la formation pour adultes, il prend plaisir à transmettre un “métier peu connu, mais qui recrute et nécessite de bonnes qualités". Lesquelles ? “Une bonne vision spatiale, un sens logique dans le volumique, pour être capable de visualiser la pièce à fabriquer dans ses moindres détails à la seule lecture du plan." Et d'insister : “Le chaudronnier part d'une tôle plane et doit anticiper toute la mise en volume."

Ce savoir-faire, Patrick Souilleaux a donc fini par le proposer au concours du Meilleur ouvrier de France. “Cela faisait des années qu'un ancien collègue qui avait réussi le concours m'incitait à y aller, je me suis inscris en décembre 2009, via internet", commente-t-il. Reçu aux pré-sélections, il s'attelle à son sujet, un “ensemble malaxeur". Débute alors ce qu'il compare aujourd'hui à un “raid". C'est-à-dire ? “Aller au bout de soi-même, sur le plan physique mais aussi technique." Satisfaisant ? “C'est assez jubilatoire, même si c'est fatigant. Heureusement, une fois lancé, la fierté rentre en jeu. Et puis, cela m'a aussi permis de progresser, en travaillant à la fois avec des outils modernes et en intégrant d'anciennes techniques et méthodes de travail." Des moments de doute ? “Le travail était si intense que je me suis parfois demandé si j'allais tenir les délais. Voir partir la pièce, le 29 avril 2011, était d'ailleurs déjà une victoire. Après, même si je savais qu'il s'agissait d'un travail de qualité, je ne savais pas ce que le jury allait décider…"

Revenu depuis son sacre à une vie plus normale, Patrick Souilleaux se projette plus que jamais dans la formation, “le métier que j'aime", déclare-t-il tout simplement. Au fait, ses stagiaires sont-ils au courant ? “Ils sont très fiers d'avoir un formateur MOF, et puis, l'œuvre est dans l'atelier, ils la voient tous les jours !"

 1984 -
CAP Traceur en chaudronnerie en candidat libre

 1987 -
Bac technique Chaudronnier

 1990 -
BT Chaudronnier Tuyauteur

 1991-1996 -
Chaudronnier, chef d'équipe, chef d'atelier (Friedlander)

 1996 -
Formateur soudure puis chaudronnerie (2004) à l'Afpa Picardie

 2011 -
Meilleur ouvrier de France spécialité Chaudronnerie)]